Les résultats d'un travail collectif de réflexion autour de l'actualisation de la politique agricole tunisienne ont été présentés, hier, à Tunis. L'exposé présenté est, selon M. Amor Chouchane, directeur général des études et du développement agricole, la consécration d'une réflexion collective qui a mobilisé une cinquantaine de spécialistes tunisiens du secteur de l'agriculture et du développement et six experts de l'AFD (Agence française de développement). Il précise, par ailleurs, qu'il s'agit maintenant, de se consacrer à la conversion de ces recommandations en actions pratiques Ce travail de réflexion a été, notamment, motivé par certaines spécificités d'un contexte économique affaibli par la crise mondiale. Il vise à identifier les nouvelles orientations possibles pour le développement agricole tunisien dans le nouveau contexte international. Un contexte où il est appelé à faire face à nombre de défis dont l'adaptation aux changements climatiques, la libéralisation du secteur, la gestion de la sécurité alimentaire et ressources naturelles limitées, dans un contexte où les prix des produits agricoles sont fluctuants. Ce travail est également appelé à contribuer à atteindre les objectifs du programme présidentiel pour la période 2009-2014 qui évoque dans son 20e point le développement d'«un secteur agricole qui s'adapte aux changements climatiques et qui relève les défis de l'étape». Ainsi trois ateliers de travail ont été formés et se sont respectivement penché sur les thèmes «Une meilleure prise en compte de la sécurité alimentaire», «Une meilleure promotion des exportations» et «Une meilleure gestion des ressources naturelles». Les experts et les spécialistes impliqués dans le ce travail de réflexion ont contribué, par la confrontation de leurs expériences, de leurs idées, de leurs objectifs et de leurs ambitions à produire des orientations stratégiques pour permettre au secteur agricole tunisien de faire face aux défis futurs. Il s'agit, en effet, d'une co-construction entre acteurs du secteur et experts d'une vision commune sur le développement de l'agriculture en Tunisie et sur les nouvelles orientations face aux défis de la période à venir. La note finale, présentée, hier, relève que le modèle de développement agricole tunisien a permis des avancées importantes, notamment l'accroissement significatif de la production et l'amélioration des disponibilités alimentaires et agricoles. «Le processus de développent a toutefois, montré des signes de fragilité et la crise internationale de 2007-2008 qui a secoué les marchés des produits agricoles et alimentaires a servi de révélateur des limites structurelles du modèle», peut-on encore lire dans cette note. Le rapport final précise, par ailleurs, que la politique agricole tunisienne s'est inscrite, au cours des 30 dernières années, dans une relative continuité caractérisée par l'importance accordée aux mécanismes de marché et les efforts réalisés en matière d'infrastructures rurales. Les limites du modèle de développement agricole et rural telles que spécifiées dans le rapport final se rattachent, entre autres, aux limites du modèle agronomique, à la pression de plus en plus forte sur les ressources naturelles, à la dégradation des conditions de la sécurité alimentaire et au déficit de compétitivité des produits agricoles tunisiens.... Ceci sans oublier un ensemble de nouveaux défis qui se posent, tels les effets attendus des changements climatiques, les implications de la hausse de la demande nationale et internationale pour des produits agricoles de qualité accrue ou encore l'augmentation très palpable des coûts de l'énergie qui pèsent sur les coûts de production et de commercialisation. Les faiblesses identifiées et les défis tracés dictent une actualisation de la politique agricole, cette actualisation ambitionne le renouvellement des méthodes de mise en œuvre de la politique agricole afin de parvenir à une plus grande réactivité du cadre institutionnel face aux mutations du contexte national et international. Des orientations stratégiques ont donc été identifiées à la lumière de la réflexion collective menée au sein des trois groupes de travail, précédemment cités. Trois grandes catégories d'orientations stratégiques ont, ainsi, été identifiées, à savoir l'amélioration du cadre institutionnel et la coordination des acteurs, l'amélioration de la fourniture des services publics et l'optimisation de l'insertion de la Tunisie dans l'économie internationale.