Il y a encore des choses et des choses à inventer sur tout ce qui peut faire progresser les gardiens de but. Et comme on les a déjà obligés à jouer du pied et que les ballons sont allégés et glissants, l'on se demande si un jour on ne les obligerait pas à ne plus se servir des mains !... Gardien, ce n'est pas seulement plonger. Il a, il doit avoir une plus grande raison d'être sur le terrain. Notamment à utiliser les pieds aussi bien que les mains. Ça ne doit pas être cependant aussi simple qu'on pourrait le penser. Surtout qu'il fut un temps où il ne se servait jamais de ses pieds, sinon pour faire de longs dégagements et les renvois aux 5,5O m. Maintenant, si un défenseur fait une passe en retrait, le gardien n'a plus le droit de mettre les mains. Il aurait ainsi besoin d'apprendre à dégager sous la pression d'un adversaire, et même à feinter un tir pour mettre dans le vent un attaquant en position de contre. Plus encore, le gardien de but aurait également tendance à participer aux exercices de passe à dix alors qu'auparavant il en était exclu. Il y a même certains qui, si on les met dans le champ de jeu, on ne voit pas vraiment que ce sont des gardiens. Le football évolue, et avec lui, tout ce qui a rapport au jeu et au comportement de toute l'équipe. Sur le terrain, les rôles, les responsabilités sont de plus en plus partagés. Il fut un temps où le métier d'entraîneur de gardien n'existait pas. Les portiers étaient soumis aux mêmes exercices que leurs coéquipiers. Après avoir participé aux mêmes footings et autres courses fractionnées que les autres joueurs, ils se rassemblent dans la cage pour essuyer les frappes de leurs partenaires. Les exercices étaient alors assurés par l'entraîneur principal ou son adjoint. Ce n'est finalement qu'avec l'explosion des staffs que sont apparus les premiers entraîneurs de gardiens et avec eux des séances d'entraînement spécifiques. Aujourd'hui, tous les clubs disposent d'un technicien spécial pour s'occuper de leurs gardiens. Certains sont connus, d'autres un peu moins. Mais tous ont la particularité d'avoir été goals eux-mêmes. Comme quoi, seul un ancien gardien peut vraiment ressentir et comprendre les besoins des autres gardiens. Des reconversions réussies, il y en a eu, mais il faut aussi admettre que certains ont aussi réussi à devenir des entraîneurs de gardiens alors que leur carrière de footballeur était toute autre, ou qu'ils débarquent dans le football sans qu'ils aient vraiment connu l'ambiance des terrains ou l'odeur des vestiaires. La reconversion est de toute évidence plus facile quand on l'a été. Cela ne s'applique pas seulement aux entraîneurs des gardiens, mais également aux différentes responsabilités que l'on peut avoir dans un club. Le football aux footballeurs, on y revient encore et toujours et les exigences que l'on pourrait émettre à ce niveau sont tellement nécessaires que l'on voit mal «un corps étranger» réussir sa reconversion dans le domaine. Il faut dire qu'un gardien de but ne ressent pas les mêmes choses qu'un autre joueur. Si un attaquant rate un but immanquable mais réussit un beau geste, on va retenir ce qu'il a fait en dernier. En revanche, si un gardien réussit un match extraordinaire, mais commet une faute à la dernière seconde, on ne retiendra que son erreur. Dans ce cas là, il serait préférable qu'il soit soutenu par un gardien comme lui qui sait vraiment ce qu'il aurait à lui dire et comment lui redonner la sérénité dont il a souvent plus besoin que les autres joueurs. Autant dire que le métier d'entraîneur des gardiens n'est plus aussi simple que ce qu'il était dans le passé, ou encore que ce qu'on a tendance à croire. Outre le côté technique, les ficelles à communiquer, les mots à utiliser, les réflexions à partager, c'est la gestion de la concurrence entre les gardiens qui pourrait être aussi compliquée. Tout choix, bien assumé ou non, engendre une élimination. Et c'est cette élimination qui n'est pas toujours acceptée par les footballeurs, quels que soient les arguments préconisés ou les priorités entrevues en fonction des besoins de l'équipe. Chez les gardiens, la concurrence est encore plus difficile à gérer du fait qu'il y a un seul poste pour seulement trois gardiens. Les alternatives sont tellement limitées que le choix de l'un se fait souvent au détriment des deux autres. Et puis, l'on ne doit pas oublier qu'une équipe, une bonne équipe, aurait toujours besoin de stabilité dans ce poste. Il est rare, mais aussi déconseillé qu'un entraîneur en chef face tourner les gardiens dont il dispose dans son équipe au fil des matches. Résultats : beaucoup de gardiens ont passé plus de temps sur le banc que sur le terrain. Certains n'ont été dans toute leur carrière que l'ombre du gardien titulaire. Il y en a aussi dont la carrière a commencé et a fini sans avoir vraiment eu l'occasion de jouer. Aujourd'hui, les choses semblent avoir changé, notamment par rapport aux procédures de transfert qui sont devenues avec le temps plus souples. Que de gardiens avait réussi à se frayer une place au soleil après avoir changé de club, ou encore à se faire un nom après avoir été longtemps ignorés. Le dossier que nous vous proposons met la lumière sur un métier, certes reconnu, mais quelque part aussi ignoré, du fait que celui qui en assume la responsabilité n'est pas toujours complètement impliqué dans ce qu'on voit aujourd'hui dans le travail du staff technique. L'esprit de ce dossier interpelle certaines questions et certaines interrogations auxquelles nous avons tenté de trouver des réponses chez les connaisseurs, mais surtout chez les personnes concernées. Du moins celles qui y trouvent vraiment une bonne matière de réflexion. Nous avons cherché à savoir en quoi le métier d'entraîneur des gardiens a-t-il le plus évolué et comment le valoriser encore davantage. Et comme une question en appelle une autre, nous sommes allés jusqu'à demander qui choisit le gardien titulaire, l'entraîneur principal ou l'entraîneur des gardiens ? Ou encore, l'entraîneur intervient-il dans le programme des séances spécifiques ? Un entraîneur peut-il vraiment devenir un bon entraîneur principal ? Il y a encore des choses et des choses à inventer sur tout ce qui peut faire progresser les gardiens de but. Et comme on les a déjà obligés à jouer du pied et que les ballons sont allégés et glissants, l'on se demande si un jour on ne les obligerait pas à ne plus se servir des mains !...