L'homme aura une seconde chance en sélection. Passer à la CAN 2012 est l'objectif immédiat. Réussira-t-il à changer pour son meilleur et pour celui de la sélection? Benzarti à la tête de la sélection, ce n'est nullement un scoop. On voyait venir cela depuis sa sortie retentissante de l'EST et celle de Marchand de la sélection. Il y avait encore une fois ce consensus autour de sa personne pour conduire l'équipe de Tunisie, qui se trouve dans une crise aiguë. Que l'on veuille ou non, il n'y a aucun entraîneur, depuis le légendaire Majid Chetali, aussi plébiscité que Benzarti. Tout le monde vous dit partout qu'il est le mieux placé pour reconstruire la sélection sur des bases solides. D'aucuns disent que sa méthode plutôt musclée est recommandé pour les joueurs tunisiens jugés fragiles et indisciplinés. Soit. Avouons aussi que Benzarti a une énorme chance aujourd'hui d'avoir la sélection un an après avoir raté la CAN 2010 (dernière place au tour des groupes, aucune victoire…). On ne lui a pas fait porter le chapeau, bien qu'il ait eu le temps nécessaire pour faire ses choix et pour préparer la CAN. Nous ne lui faisons pas de procès. Sauf que nous insistons sur un point primordial : Faouzi Benzarti est un cas à part, contrairement à tous ses collègues, il bénéficie d'une confiance illimitée de la part des responsables du football tunisien. Comprenez que son retour en sélection veut dire qu'il n'y aurait pas de pression sur sa personne, et qu'il n'y aurait pas ce doute permanent comme ce fut le cas pour Marchand. Que demander de plus… C'est à Benzarti «de jouer», lui qui a obtenu ce qu'il voulait. Avec sa longue expérience à la tête des clubs, couronnée de nombreux titres gagnés, grâce surtout à sa longue connaissance des terrains ici et là en Afrique. Et grâce aussi aux moyens matériels mis en œuvre pour la réussite de sa mission. Quels objectifs ? Tout le monde parle maintenant de «stratégie», de «plans» et de «gestion» en football tunisien. Mais, malheureusement, on confond les concepts, on confond les approches et on ne sait pas ce que veulent dire exactement ces concepts. On vous dit qu'il faut bâtir un projet et une stratégie, mais on ne vous dit jamais comment. En sélection, et dans n'importe quelle organisation, gérer les choses avec rationalité, c'est gérer stratégiquement. Cela ne veut pas dire seulement trouver des solutions à moyen et long terme comme le disaient certains. Il faut tout d'abord faire sérieusement le point de la situation, détecter les défaillances, relever les points forts puis confronter cela avec les événements extérieurs, histoire de déterminer des options à moyen et long terme. Lesquels vont être explicités sous forme d'objectifs et de buts. C'est par la suite que l'on choisit une ou des stratégies, avec des actions claires à court terme, appuyées par des moyens matériels convenables pour appliquer cette stratégie. C'est une façon de «manager» une organisation. Le cas de l'équipe de Tunisie nécessite d'abord un examen de la situation. Qui ne le sait pas ? Déterminer les objectifs qui restent à préciser. Benzarti en a deux devant lui : un à court terme et le second à moyen terme. Les deux se complètent. Le premier, c'est la qualification à la CAN 2012, en tant qu'objectif immédiat. Gagner les trois prochains matches veut dire qualification. Le second objectif est de rebâtir une sélection unie assez technique et capable de défier les grands de l'Afrique, grâce à des joueurs motivés. On pense bien que le fait de rallier la CAN 2012 est la chose la plus précieuse pouvant relancer notre onze national. Avec quels joueurs et quel esprit ? C'est au nouveau staff de trouver la solution. Malgré la dégradation de la valeur du footballeur tunisien, on reste persuadé que l'équipe de Tunisie demeure capable de le faire. C'est ce qu'il faut pour retrouver les moyens et surtout la confiance nécessaire pour réussir le projet. Flexibilité et travail en équipe Faouzi Benzarti est un adepte de l'autorité et du conservatisme en football. Ça a marché à maintes reprises, mais ça a échoué également à maintes reprises aussi. En tant que sélectionneur, la vision va être différente : l'homme ne peut plus s'emporter comme avant. Il doit surtout accepter la critique des autres. Ouverture, flexibilité «technique», moins de sévérité envers les joueurs. A préciser que Benzarti a devant lui d'énormes obligations pour pouvoir travailler sérieusement avec une meilleure efficacité. Le point le plus important à retenir concerne le travail des adjoints, Sami Trabelsi et Férid Ben Belgacem, désignés à ce poste, ne devront pas être de simples exécutants. De par leur connaissance du football tunisien, ils peuvent beaucoup apporter à Benzarti et à la sélection, notamment au niveau des choix des joueurs. Cela ne peut fonctionner que s'il y a une tradition, c'est-à-dire le travail en équipe, sachant bien sûr que la décision finale incombe surtout au sélectionneur. Décisions collégiales ? Oui, c'est ce dont nous avons besoin, mais pas de compromis aux dépens de l'intérêt de la sélection. Remettre de l'ordre dans la «maison» et arrêter la déferlante de l'indiscipline, c'est nécessaire. Qui peut s'opposer à cette double urgence ? Avant de parler du style de jeu, d'animation offensive et de profils de joueurs (expatriés ou locaux), il faut tout d'abord délimiter le territoire de chacun, instaurer de nouveau le respect envers la sélection. C'est ce que les joueurs doivent comprendre. On ne doute guère de leur motivation, mais au sélectionneur et aux responsables de la sélection de fixer les règles de conduite. La sélection, et par-delà le football tunisien, sont face à un moment historique. Ça nous rappelle 1994 quand on est revenu de loin deux ans après. Cela nous rappelle 2002 lorsque nous avons remporté la CAN deux ans plus tard. Rendez-vous à quand alors?