Le personnel de Tunisie Télécom a organisé, hier, au siège de cette entreprise nationale, opérateur historique de téléphonie, un sit-in spécialement réussi. Et pour cause ! Les salaires faramineux des hauts cadres de l'entreprise qu'un fac-similé circulant de main en main pointait du doigt. Mais au-delà, c'est du devenir de Tunisie Télécom dont ses salariés se soucient. Certes, les protestataires mettent en cause «une centaine de privilégiés de l'entreprise» ne répondant à aucun critère de recrutement, placés à des postes clés de décision et jouissant d'un statut Vip. «Plus grave», expliquent les employés et cadres mécontents, ces privilégiés se seraient proposés de soutirer encore de l'argent à l'entreprise en cette période de distribution de primes de bilan, alors que TT connaît disent-ils, «une baisse alarmante de chiffre d'affaires» qui serait due à «une politique de gestion défaillante et corrompue». Les parts de marché de Tunisie Télécom seraient passées, en quatre ans, de 70 à 40%. Certains cadres bien informés expliquent‑: le contrat de privatisation de Tunisie Télécom, établi en 2006 entre l'Etat tunisien et Télécom-Div, octroie aux Emiratis le droit à trois postes de responsabilité, à savoir celui de DGA., de directeur central d'affaires et marketing et de directeur central financier. Des ramifications de la famille Trabelsi et des pions du pouvoir déchu ont pris place au sein de l'entreprise, créant des postes de décision fictifs, jouissant de rémunérations exorbitantes. «Les Emiratis et la famille proche du pouvoir déchu ont créé de toutes pièces des fonctions au sein de l'entreprise qui ont déstabilisé l'aspect organisationnel, l'organigramme de l'entreprise et son statut, outre le recours à des consultants payés à 1.000 euros par jour sous prétexte qu'un savoir-faire et des compétences s'imposaient pour mettre Tunisie Télécom au diapason du modernisme, ce qui a alourdi considérablement les charges financières de l'entreprise pour satisfaire les intérêts de ces privilégiés, engagés en transgression des textes réglementaires et dont les salaires sont confectionnés selon une grille qui ne tient à aucune assise réglementaire», explique un responsable de Tunisie Télécom. Les protestataires ont, par ailleurs, dénoncé d'autres dépassements en termes de gaspillage et qui ont servi à renflouer les comptes bancaires des familles proches du pouvoir.