Tunisie – Lotfi Dhiab appelle à conjuguer les efforts pour faire réussir l'expérience des entreprises citoyennes    Ayoub Ghedamsi donne des détails sur l'affaire de Houssem Hajlaoui    Complot contre la sûreté de l'Etat : 12 accusés d'Ennahdha renvoyés en justice    L'Espagne va reconnaitre l'Etat de Palestine à cette date !    Tunisie – La Manouba : Jadida : Dix élèves intoxiqués par des bonbons offerts par leur camarade    Tunisie – La Manouba : Arrestation d'un individu recherché par Interpol    LTDH : non à la torture, non à la répression des libertés !    Audi offre un facelift aux Q7 et Q8 électrifiés    Le "lobbying" revient comme un boomerang : la Cour confirme les 3 ans de prison et l'amende d'un million de dollars    Le ministère italien de l'Environnement a autorisé le projet Elmed    ENNAKL Automobiles en avant dans le virage ESG de la Bourse de Tunis    Nabeul : Démantèlement d'un réseau de trafic de drogue    Cette année, le prix du mouton de l'Aïd monte en flèche    Recensement : Plus de 3 millions de ménages concernés    Mandat de dépôt contre Sherifa Riahi    Guerre en Ukraine: Situation actuelle (Ambassade d'Ukraine en Tunisie)    300 000 dinars pour l'approvisionnement alimentaire des élevages    Royaume-Uni/Etats-Unis: "La liberté de la presse dans le monde risque d'être durablement menacée" selon Amnesty International    Symposium international 'Comment va le monde? Penser la transition' à Beit al-Hikma    CA : 5 billets par supporter pour le derby tunisien    Rencontre avec les lauréats des prix Comar d'Or 2024    Hechmi Marzouk expose 'Genèse Sculpturale' à la galerie Saladin du 18 mai au 23 juin 2024    Daily brief régional du 17 mai 2024: Des peines de huit mois de prison pour 60 migrants irréguliers subsahariens    ST: Rêver plus grand    Ligue des champions — L'EST affronte Al Ahly en finale (Demain à Radès — 20h00) Mohamed Amine Ben Hmida : "Pour l'emporter, nous devons être concentrés et sobres !"    Vient de paraître — Des sardines de Mahdia à la passion: des mathématiques La vie fascinante de Béchir Mahjoub    COINNOV : Ouverture de la deuxième session de candidature pour le Fonds dédié aux PME industrielles    Le CA affronte le CSKorba à Korba: Siffler la fin de la récréation    Exposition «punctum» de Faycel Mejri à la Galerie d'art Alexandre-Roubtzoff: L'art de capturer l'éphémère    Ce samedi, l'accès aux sites, monuments et musées sera gratuit    Raoua Tlili brille aux championnats du monde paralympiques    Pourquoi: Diversifier les activités…    Pris sur le vif: La valse des étiquettes    Le Mondial féminin 2027 attribué au Brésil    Industrie du cinéma : une affaire de tous les professionnels    Mokhtar Latiri: L'ingénieur et le photographe    Météo de ce vendredi    16 banques locales accordent à l'Etat un prêt syndiqué de 570 millions de dinars    Le ministre de l'Agriculture supervise l'achèvement des travaux de surélévation du barrage Bouhertma    La croissance n'est pas au rendez-vous    Basket – Pro A : résultats complets de la J2 play-out (vidéo)    Palestine : la Tunisie s'oppose aux frontières de 1967 et à la solution à deux Etats    Bank ABC sponsor de la paire Padel Hommes    76e anniversaire de la Nakba : La Tunisie célèbre la résistance du peuple palestinien    En bref    Nakba 1948, Nakba 2024 : Amnesty International dénonce la répétition de l'histoire    Urgent : Une secousse sismique secoue le sud-ouest de la Tunisie    Le roi Charles III dévoile son premier portrait officiel    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Ni diktat de la rue ni division du pays
Commentaires de La Presse
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 03 - 2011


Par Raouf SEDDIK
C'est un fait : pour de plus en plus de Tunisiens, le mot «Dégage», qui fut scandé avec force un certain 14 janvier 2011, n'a plus cette intonation sympathique qui suscite l'admiration et que l'on a retrouvé — non sans un petit sentiment de fierté, on s'en souvient tous — sur les banderoles qui coloraient la Place Tahrir du Caire, aux heures les plus chaudes de la révolution égyptienne. Nous avons assisté chez nous, en effet, à un usage de plus en plus abusif de cette injonction, qui évoque désormais des épisodes tout à fait déplorables de hauts fonctionnaires ou de grands responsables du secteur public qui se font débarquer de leurs bureaux par une foule en délire pour des motifs surprenants et sur de simples allégations. Ceux qui continuent de tenir en haute estime l'utilisation actuelle du slogan sur le terrain vous expliquent qu'il s'agit d'un mal nécessaire. Ce qu'on a appelé, dans un autre contexte, les «dommages collatéraux», en somme. Mal nécessaire, poursuivent-ils, parce qu'il convient de continuer le travail révolutionnaire qui consiste, après avoir abattu le dictateur, à abattre le système de la dictature. On se demande cependant jusqu'où doit aller ce travail de «nettoyage» et si même il admet une fin quelconque. On note cependant la noblesse de la mission que ces gens s'attribuent à eux-mêmes : abattre le système de la dictature ! En les poussant dans leurs retranchements, ils vous diront, mais en baissant un peu la voix, que ce qui s'est fait avant le 14 janvier, y compris les morts et les blessés, n'est qu'une étape préliminaire : tout cela n'a servi qu'à abattre une personne, la personne du dictateur. Désormais, c'est le système qu'il s'agit d'abattre.
Eh oui, c'est autrement plus exaltant !
En effet, exaltant — et si agréable pour le culte de son ego — de s'en prendre aux personnes haut placées dans l'organisation de l'Etat : pour les besoins de la cause, on décrétera que ces gens ne font que perpétuer l'ancien régime, probablement pour le laisser revenir sous une nouvelle forme. Et l'on se met à hurler au hold-up sur la révolution dans une atmosphère de suspicion généralisée et de paranoïa organisée. Quelle est donc la vraie raison de cette alarme ? Il y en a plusieurs, dont une, la plus importante, qu'ils ne s'avouent pas à eux-mêmes, mais qui les fait agir en sous-main, de façon inconsciente : voler aux martyrs une part de leur gloire en s'érigeant, tels des Don Quichotte contre des moulins à vent, en défenseurs des acquis de la révolution contre des dangers dont on s'ingéniera, sans lésiner sur la mauvaise foi, à nous persuader de la réalité, ou de la gravité. Autrement dit : ils veulent être les nouveaux héros du peuple et jouir de la même gloire que ceux qui sont tombés.
Deuxième raison, ou disons deuxième «vol» : le vol du mérite qui reviendrait d'avance à un ensemble de personnes dès lors que ces dernières se sont mises au travail pour créer les conditions qui permettent au pays de passer avec le moins de heurts possible de la révolution à un système démocratique véritable, c'est-à-dire transparent et loyal, où les citoyens pourraient faire les choix qui leur incombent à l'abri de toute turbulence et de toute urgence, de quelque nature qu'elle soit : économique, sociale, sécuritaire... Ce mérite leur ferait de l'ombre. Il faut donc le supprimer à la racine : faire tomber le gouvernement qui s'est précisément assigné la mission sur laquelle repose le mérite en question !
Mais il y a une troisième raison, qui est particulièrement intéressante à noter : elle fait justement référence à cette sorte d'insistance à pousser les événements dans le sens d'un choix populaire qui serait réalisé dans un climat de trouble et d'incertitude. Comme si un climat de tranquillité représentait pour eux un problème… Comme si le libre jeu des arguments et la confrontation des programmes en toute clarté, et sans précipitation, étaient pour eux des perspectives à écarter. Comme si l'idée que d'autres qu'eux pourraient faire connaître leurs propres idées, dans des meetings ou ailleurs, étaient pour eux un danger à éviter absolument. Le fait par exemple que nous devrions passer à un régime parlementaire sans qu'aucun débat n'ait eu lieu à ce sujet, alors même qu'il existe une infinité de nuances à préciser dans ce domaine entre le présidentiel et le parlementaire — puisque certains ont fait du passage à ce régime une revendication sans la satisfaction de laquelle ils ne lèveront pas le camp de la Kasbah —, cela est assez significatif à la fois de cette réticence au libre débat et de la volonté de passer en force et de réduire la révolution à un tremplin pour se propulser au-devant de la scène et s'emparer, en fin de compte, du pouvoir.
Il ne faut pas se laisser abuser par une rhétorique qui s'arroge le privilège de défendre la révolution : ses auteurs ne sont pas dispensés d'avoir eux-mêmes à être observés avec circonspection. Et ce que nous venons de dire montre assez que les raisons ne manquent pas pour accorder à cette surveillance toute l'importance qu'elle mérite.
Cela étant dit, on peut considérer que la contestation qui s'est organisée autour de la Kasbah est d'abord victime de ses excès et qu'il n'est pas tout à fait vrai qu'elle ne porte pas en elle-même une part de légitimité. La faute du gouvernement dirigé jusqu'à il y a quelques jours par Mohamed Ghannouchi est de ne pas avoir su aller au-devant de ce qu'il y a de légitime dans ces revendications. Parce qu'il ne l'a pas fait, il a dû subir, et il a dû céder, avec les excès. Il s'agit désormais de recréer les conditions de l'écoute, et de rejeter, non pas telle ou telle partie de nos concitoyens, non pas telle ou telle partie des revendications qui s'expriment, mais seulement la volonté d'imposer au pays son propre diktat.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.