La JSK, méconnaissable, n'avait pas les outils pour surclasser un CSS motivé et rigoureux «Chassez le naturel, il revient au galop». Alors qu'on croyait la JSK définitivement à l'abri des mauvaises surprises et des turbulences de tous genres, on dut déchanter et remettre en question bien des prétentions formulées ici et là. Il fallait voir Mrad Mahjoub, à l'issue de la rencontre, l'air hagard et déçu, encore sous le choc de cette défaite au goût amer. Que s'est-il passé au juste? Comment expliquer cette fébrilité soudaine qui a gagné la quasi-totalité des joueurs kairouanais? Pourquoi tant de maladresses à la fois? Pourquoi ces jambes lourdes? Il va sans dire que le forfait de trois piliers défensifs, en l'occurrence Mamadou, Mounbain et Dkhilalli, ne saurait expliquer à lui seul le chaos qui s'est produit aussi bien dans le compartiment défensif qu'à l'entrejeu. Sinon à quoi servent alors les recrutements tous azimuts et à coups de dizaines de millions? En vérité, la formation alignée par Mrad Mahjoub n'avait pas fière allure et annonçait ses intentions d'opter pour la prudence et la sécurité. Avec un troisième pivot, M. Dridi, pour couvrir soi-disant le jeune libéro M.A. Yacoubi et former un axe à trois têtes, on ne pouvait qu'empêcher Yacoubi de donner libre cours à sa fougue et à son inspiration. Avec un A. Hlali sur le banc des remplaçants, lui qui avait laissé une belle empreinte, face au CAB, le milieu kairouanais ne pouvait pas carburer à l'aise, construire le jeu offensif et pourvoir le duo de pointe en balles précieuses. Avec un N. Missaoui jouant à l'économie et toujours sûr d'être titularisé, l'attaque ne pouvait plus trouver sa verve et son mordant et compter sur l'apport de M.S. Jabnoun ou de H. Hamzaoui, rarement sollicités. Le visage terne des locaux et leur manque de cohésion s'expliquent aussi par le comportement des joueurs qui confondent précipitation et vitesse d'exécution et s'entêtent à jouer les longs centrages à partir de la défense au lieu de pratiquer un jeu direct et de progresser avec le ballon jusqu'à la zone adverse. Et ce ne sont pas les changements opérés en cours de jeu et les remplacements d'un défenseur par un milieu ou de deux attaquants qui allaient changer quoi que ce soit à l'issue du match. Et pour tout résumer, Hafedh Houarbi nous a déclaré le plus simplement du monde : «Nos joueurs étaient dans un jour sans. L'absence de quelques-uns de nos piliers défensifs a ébranlé le mental, avant que le but marqué contre le cours du jeu ne fasse le reste: maladresses individuelles et collectives, absence de sang froid et de repères, précipitation…». Un groupe solidaire Dans le camp adverse, les intentions étaient plus claires et les joueurs étaient plus décidés que jamais à se réhabiliter et à renouer avec le succès. Luka a pris son mal en patience et composé son onze rentrant avec les moyens du bord tout en gonflant le moral de ses joueurs à bloc et en les incitant à s'adonner à fond. Rien qu'à voir leur regroupement défensif, leurs remontées et leurs replis pour réaliser combien ils étaient solidaires et complémentaires. Ils étaient les premiers sur le ballon et supérieurs aux duels pour se défendre toutes griffes dehors, opérer des contres rapides et menacer sérieusement le gardien S.B. Rejeb. D'ailleurs, la note aurait pu être plus lourde si Guemamdia et H. Younès avaient trouvé toute leur lucidité et leur efficacité. Sans disposer de joueurs de talent capables de faire à eux seuls la différence, le CSS peut se targuer d'avoir un bon collectif, capable de surmonter tous les obstacles et de renverser, à son avantage, bien des situations jugées compromises. Mahmoud Masmoudi, l'air heureux, nous a confié: «On avait besoin de victoire et on l'a eue. C'est l'essentiel. Nous avons pleinement profité du désordre qui régnait dans les rangs aghlabides pour préserver notre précieux avantage, gérer le match à notre guise et aller jusqu'au bout de nos intentions».