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Grogne sur fond de léthargie...
Reportage
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 04 - 2011

• Sit-in des chauffeurs de taxi devant le gouvernorat pour exiger l'arrêt d'octroi des autorisations
• Les habitants se plaignent des lenteurs au sujet des subventions sociales
• Les demandes d'emploi en augmentation touchent aussi bien les diplômés que les personnes sans formation
Par notre envoyé spécial Chokri GHARBI
La Presse — Gafsa, 18 avril 2011. Devant le siège du gouvernorat, vers 12 h 30, une personne a essayé de s'immoler pour protester contre sa situation sociale précaire. Les militaires qui surveillent en grand nombre l'accès aux bureaux administratifs ont accouru pour appeler les secours et sauver cette personne. Cette scène traduit clairement le malaise que vit Gafsa après la révolution tunisienne : nombre de chômeurs de plus en plus important réclamant de l'emploi ou des fonds pour créer un projet, des demandes d'aides sociales et… des chauffeurs de taxi en sit-in pour exiger l'arrêt de l'octroi des autorisations... Après cette tentative de suicide, certains jeunes sont entrés au siège du gouvernorat en escaladant la clôture sous le regard des militaires qui n'ont pas réagi. Plus loin, des jeunes manifestants ont obligé une voiture appartenant à un service public à s'arrêter pour agresser son conducteur.
Gafsa, 18 avril 2011. Devant le siège du gouvernorat, vers 12 h 30, une personne a essayé de s'immoler pour protester contre sa situation sociale précaire. Les militaires qui surveillent en grand nombre l'accès aux bureaux administratifs ont accouru pour appeler les secours et sauver cette personne. Cette scène traduit clairement le malaise que vit Gafsa après la révolution tunisienne : nombre de chômeurs de plus en plus important réclamant de l'emploi ou des fonds pour créer un projet, des demandes d'aides sociales et,… des chauffeurs de taxi en sit-in pour exiger l'arrêt de l'octroi des autorisations... Après cette tentative de suicide, certains jeunes sont entrés au siège du gouvernorat en escaladant la clôture sous le regard des militaires qui n'ont pas réagi. Plus loin, des jeunes manifestants ont obligé une voiture appartenant à un service public à s'arrêter pour agresser son conducteur.
Devant la porte du gouvernorat un attroupement de jeunes sans emploi, de femmes et d'hommes dont la situation sociale est défavorable. Ils veulent tous rencontrer le gouverneur ou son représentant pour exposer leur cas, mais l'accès est difficile. Certes, le gouverneur fait de son mieux pour rencontrer la population, selon les dires mêmes des citoyens, mais la réponse à leurs requêtes tarde à venir. Ridha Moussi, chauffeur de taxi, âgé de 55 ans, est l'un des participants au sit-in depuis plusieurs jours.
Fermeture de certaines artères
Il estime anormal d'octroyer près d'une centaine d'autorisations alors que les chauffeurs en exercice ne sont pas en mesure de travailler vu le nombre important de véhicules en service. «Le quota d'autorisations devrait être divisé en lots sur toute l'année en tenant compte des cas sociaux», suggère-t-il. Le nombre de taxis circulant en ville est, selon ses dires, de 287, nombre considéré comme élevé et ne permet pas aux propriétaires «qui ont des traites à régler, l'assurance tout risque et d'autres frais, d'avoir des revenus conséquents».
Ridha Salhi, un autre chauffeur, se plaint de la fermeture de certaines artères — comme l'avenue Habib-Bourguiba — pour des raisons de sécurité, de l'état déplorable de certaines routes (qui mettent à rude épreuve les amortisseurs), la valeur de la taxe de 325 dinars sur l'utilisation du gaz en tant que combustible qui est pourtant sans effets nocifs sur l'environnement... Lui aussi n'est pas d'accord pour l'octroi de nouvelles autorisations estimant que «parfois, comme c'est le cas le dimanche et les jours fériés, on reste sans travail et donc sans revenu». La station de taxi d'une capacité de treize véhicules est souvent utilisée par les véhicules particuliers alors que les taxistes paient leur abonnement. En plus, les revenus sont divisés presque à égalité entre le propriétaire et le chauffeur. «Le propriétaire n'a pas d'autre choix que de faire confiance au chauffeur», soupire notre interlocuteur.
A côté du siège du gouvernorat se trouve la Poste où l'affluence des citoyens est importante. Heureusement que le système électronique délivrant les tickets de priorité est en marche! Une grande partie des visiteurs est là pour débloquer le montant de leurs mandats. Les seuls bâtiments où il n'y a pas foule sont le siège de la radio régionale de Gafsa, tout juste en face du gouvernorat, le Commissariat régional au développement agricole et la Banque centrale de Tunisie. Par contre, c'est la bousculade des grands jours au service de la promotion sociale. Et les cas sociaux ne manquent pas. Ahmed Moussaoui vit dans une situation précaire. Sans travail, il est journalier et ne travaille pas régulièrement. Quand tout va bien, son revenu est de dix dinars par jour. Il nous invite à visiter sa maison rudimentaire composée de deux pièces, qui manque de tout et qui abrite les parents et trois enfants dont le plus jeune est âgé de 13 ans. Ces derniers risquent à tout moment d'interrompre leurs études. «Je viens à cette direction pour demander une aide sous forme de subvention ou un travail à n'importe quel point du pays! » Il dispose d'une carte de soins gratuite, «mais les médicaments sont souvent absents de l'hôpital et je suis obligé de me débrouiller pour les acheter par mes propres moyens», s'exclame-t-il.
Dans des conditions humiliantes
Même certaines personnes âgées n'ont pas trouvé leur compte après la Révolution du Jasmin. Jamel Zidi se plaint de l'arrêt d'octroi de la subvention pour personnes nécessiteuses sous prétexte que son fils travaille, ce qui n'est pas le cas. «Père de sept enfants, je ne suis qu'un journalier sans couverture sociale, qui travaille un jour sur trois. Tout ce que je demande c'est qu'on continue à servir la subvention à ma mère». Ses rencontres avec les commissions mises en place dans le gouvernorat n'ont donné aucun résultat concret, mais seulement des promesses. Il a demandé à rencontrer le gouverneur personnellement et on lui a donné un rendez-vous, selon ses dires, pour le mois de...juillet!
Un autre cas social qui n'est pas digne de la Tunisie et qui aspire à la modernité et à la dignité humaine : c'est celui d'une femme née en 1924 vivant dans une maison rudimentaire dans des conditions humiliantes surtout après la mort de son mari, dix ans plus tôt. Pourtant, les déléguées sociales lui ont rendu visite, mais son problème n'a pas été résolu pour autant. Elle souhaite avoir une aide financière et c'est pour cette raison qu'elle se rend accompagnée de son fils au service de promotion sociale. Beaucoup plus jeune, Mohamed Aziz, 27 ans, comme de nombreux autres Gafsiens, n'a pas plus de chance que cette vieille dame. Sans formation, il est chômeur depuis 2001 acceptant de faire tous les travaux pour subvenir à une partie de ses besoins.
Mohamed Ben Salah Jaballah, père de trois enfants, sans emploi, estime avoir rencontré trois fois le gouverneur sans parvenir à résoudre son problème de chômage. «Avec un crédit de 2.000 dinars, je peux lancer un projet», propose-t-il. Othman Boudhiaf dont la famille se compose de neuf personnes souhaite, quant à lui, régulariser sa situation au lycée Aboul Kacem Chebbi surtout que son salaire n'a pas été versé depuis janvier 2010. Les démarches engagées n'ont donné aucun résultat concret.
A quelques mètres du service de promotion sociale, se trouve le siège du centre régional du travail à distance qui semble vide. Un employé estime, cependant, que le centre est fréquenté par des travailleurs en exercice dans certaines entreprises qui veulent bénéficier d'une formation en vue d'améliorer leurs compétences, mais aussi par de nombreux demandeurs d'emploi.
Mohamed Hédi Bouazzi, lui aussi au chômage, propose de renforcer le rôle de l'association de développement régional qui peut donner des microcrédits d'une valeur de 600 à 3.000 dinars selon la nature du projet sans exiger des garanties. Quand le travail de cette association sera dynamisé, il deviendra possible d'octroyer des crédits à plusieurs demandeurs d'emploi comme Abelhamid Mnassri, père de quatre enfants et qui a de l'expérience dans la mesure où il a travaillé en tant que chauffeur à la direction régionale à l'éducation et pour le compte d'un privé.
Pourtant, plusieurs grands projets dans le domaine du textile, du ciment et des câbles et dans le bassin minier, entre autres, ont été annoncés et qui devraient générer un grand nombre de postes d'emploi.
Actes de vandalisme et braquages
Les demandeurs d'emploi attendent avec impatience leur concrétisation pour réduire un tant soit peu le chômage dont le taux est de plus en plus élevé.
La ville de Gafsa garde encore les traces des évènements de la révolution. Le cadran de l'horloge qui orne le rond-point a été brisé de tous les côtés. Les habitants estiment qu'ils n'ont pas de problèmes particuliers avec la police, mais des actes de vandalisme et des braquages sont encore enregistrés.
Wahid Mabrouk, de la Garde nationale (Mhdilla), estime, tout de même, que la sécurité est rétablie à Gafsa. Pour preuve, il nous brandit des attestations de remerciements pour le travail de la police, de la Garde nationale et de l'armée, provenant de l'hôpital local de Mdhilla, de l'école préparatoire de Mdhilla 1 et 2, du corps de l'éducation à la même délégation en plus de la Compagnie de phosphate de Gafsa, des jeunes de l'Internet... Notre interlocuteur estime par ailleurs que des habitants ont utilisé des armes de chasses pour terroriser les citoyens, ce qui a causé un mort et près de 100 blessés. L'armée, la police et la Garde nationale sont intervenus pour rétablir l'ordre sans une goutte de sang. Et d'ajouter que «la situation sécuritaire est totalement maîtrisée actuellement, excepté quelques cas isolés». Des rondes sont régulièrement effectuées à tout moment de la journée et particulièrement la nuit par les trois corps (police, Garde nationale et armée) pour préserver la sécurité dans le cadre du respect mutuel. «Des citoyens ont offert des fleurs à l'occasion du 55e anniversaire de la création des forces de sécurité intérieure, se félicite M. Mabrouk. C'est un signe qui ne trompe pas. Cela traduit la confiance des citoyens envers les forces de l'ordre et de sécurité».
Par ailleurs, et en tant que membre du syndicat régional des forces intérieures à Gafsa (trésorier), notre interlocuteur rappelle que «l'objectif est de permettre au citoyens comme aux agents de l'ordre de bénéficier d'une vie sereine et sécurisée». Des demandes sont formulées au ministère de tutelle et qui consistent notamment en la promulgation du statut des syndicats des forces de sécurité intérieure, d'octroyer les avantages prévus sous forme de diverses primes promises. M. Mabrouk affirme que «les forces de la sécurité intérieure ont contribué à la réussite de la révolution tunisienne dans la mesure où ils n'ont pas tiré malgré les agressions qu'ils ont subies de la part de certains manifestants car ils étaient convaincus du bien-fondé de ce soulèvement». Les forces de la sécurité intérieure regrettent, cependant, certaines déclarations diffusées par des chaînes de télévision qui mettent en doute le patriotisme de ce corps qui a tant donné à la Tunisie et qui ne fait pas partie des snipers, contrairement à ce qu'ont tendance à penser certaines personnes.


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