La consommation moteur de croissance : telle est la donne ou plutôt l'issue de secours pour une crise économique qui risque de s'alourdir dans un contexte conjoncturel mondial peu propice aux relances.Il est difficile d'évoquer la consommation des ménages sans parler des prix. En effet, le marché européen est de plus en plus soumis à des pressions déflationnistes, qui se manifestent à travers des évolutions de prix favorables aux consommateurs. Il s'agit, ainsi, d'une bonne nouvelle car cela redonne du pouvoir d'achat et permet de dépenser plus. Néanmoins, le renchérissement extraordinaire des matières premières textiles, laisse inéluctable la hausse du prix final des vêtements, ce qui risque d'alimenter l'inflation. Ces deux critères paradoxaux (déflation et inflation) concourent à une pression très forte sur les marges des donneurs d'ordres, des fournisseurs et, par conséquence, des industriels. Les entreprises s'ajustent à la fois sur les effectifs et sur les salaires. Au cours de 2010, la consommation française d'articles en habillement et textile a connu un moindre recul comparé aux deux années précédentes avec un taux de 0.6% en valeur par rapport à 2009 (soit -0.1% à prix constants). La variation des chiffres d'affaires des enseignes de distribution françaises affiche des retraits de 0.5% et de 2.3%, respectivement en habillement et en textile. Ce léger redressement revient essentiellement aux chaînes spécialisées dont la part dans le marché textile-habillement français a atteint 29.74%, suivies par les chaînes indépendantes multimarques (18.95% de part de marché) et les chaînes de grande diffusion. Par ailleurs, il est à signaler que les segments de marché qui ont été les moins touchés par ce recul de la consommation sont les rayons de prêt-à-porter féminin (stable) et les petites pièces pour hommes (-0.4%). L'institut d'études Kantar Worldpanel montre, à travers sa 15e édition de Référenseigne Expert, que les consommateurs français ont aussi acheté un peu plus d'articles textiles à prix normal en 2010 et que leur fréquence d'achats s'est stabilisée (23 actes d'achat en moyenne, pour des dépenses globales textiles de 837€ par individu. L'organisme relève également que les périodes légales de soldes d'été et d'hiver ont enregistré une baisse de chiffre d'affaires de 5% et que 56% des acheteurs habituels des soldes et des promotions ont réduit leur consommation par rapport à 2009 dans l'univers du prêt-à-porter. En 2010, l'Allemagne reprend sa croissance avec une consommation textile-habillement en hausse de 3% en valeur, contrairement à 2009 (-1% en valeur). L'économie allemande s'est redressée avec une progression de PIB en volume de 3.6%, contre une un recul sévère affiché au cours de 2009 (-4.7%). La part de la consommation des ménages dans le PIB (2010) a été de grande ampleur avec un taux de 56%, soit une légère progression de 0.5% par rapport à 2009. Au Royaume-Uni, la consommation du textile-habillement a progressé d'environ 3% en valeur en 2010. La consommation des Britanniques a enregistré une hausse globale de 0.9%. En effet, les dépenses des ménages ont assuré l'essentiel de la croissance britannique au cours de l'année 2010 accaparant une part de 65% dans son PIB national. Quant au marché italien, celui-ci continue de perdre de son attractivité avec un recul de la consommation habillement de 2% en 2010. En Italie, la conjoncture économique fut modeste en 2010 marqué par un PIB collé autour de 1% et un commerce extérieur très déficitaire malgré la reprise des exportations. L'Espagne se remet très doucement. La consommation des ménages atteint une évolution en volume de +1.0% face à un PIB en léger recul de 0.2% par rapport à 2009. Pour l'ensemble de 2010, la consommation d'articles d'habillement a enregistré une diminution de 2.3% en valeur, tandis que les prix ont diminué de 0.6%. D'autre part, malgré les efforts faits par les Espagnols en matière d'emploi, le taux de chômage a été de 20% (décembre 2010). Un niveau élevé qui risque de faire piétiner la croissance de l'économie ibérique. Le textile-habillement tunisien serait-il, alors, appelé à dénicher de nouveaux marchés plus porteurs? On peut avancer que pour pouvoir tirer pleinement profit de cette conjoncture, le secteur textile-habillement tunisien est contraint à se distinguer aussi bien à travers une production plus avantageuse en terme de valeur ajoutée et, surtout, par un accès aussi avantageux à des marchés porteurs. La continuité de l'émergence des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) se manifeste, bel et bien, par une évolution de PIB nettement plus importante que les pays de la zone Europe et même des Etats-Unis. En effet, les prévisions pour 2011 situe la variation du PIB en volume des pays de la Chine à 9.5%, l'Inde à 9.0%; la Russie à 4.3% et le Brésil à 3.4%. Ceci met en exergue des opportunités intéressantes à saisir et de s'ouvrir sur ces marchés deconsommation, notamment à l'autre bout de l'Atlantique.