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Sacrées élections ! (4)
Les institutions d'abord, l'Etat ensuite
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 05 - 2011


Par Khaled El Manoubi (*)
Le professeur d'université, le statisticien et le banquier central ont deux choses en commun :
- L'argent qui les paie est toujours assimilable à de l'argent public même s'il n'est pas manifestement de l'argent public.
- L'instauration concrète de ces institutions nécessite une codification publique afin de se faire reconnaitre comme telles par le public.
On est ainsi ramené à l'appareil de l'Etat et donc à l'Etat comme concept : les Tunisiens se sont rapprochés de ce concept lorsque, à l'inverse notamment des événements de 1978 et ceux des années 1983-1984, l'armée a lâché le régime ou plutôt le chef de guerre qu'était Ben Ali en refusant de tirer sur le peuple. L'Etat-concept est consubstantiel de la division de la société en classes, laquelle division est historiquement datée. Malgré l'avènement du capitalisme et ses marchés de plus en plus évolués, la société globalisée actuelle demeure une société de classes, en un sens fort adouci, mais en un autre sens infiniment plus dur pour la majorité de l'humanité rejetée dans les limbes des non-sujets. Mais la division en classes est un moyen révolutionnaire inventé par les hommes pour révolutionner les forces productives : lorsque, il y a plus de cinq millénaires, les Chinois ont inventé la soie, une multitude était nécessaire pour en fabriquer des centaines de mètres carrés par an, centaines que quelques centaines d'individus seulement peuvent arborer. Le producteur direct se trouve ainsi privé des fruits de son labeur au profit d'une classe aristocratique oisive : les germes de la guerre civile sont donc immanquablement semés. La solution directe, celle d'une milice aristocratique au service des possédants est suicidaire car il est alors trop facile pour la multitude de perpétrer une guérilla sociale ruineuse pour tous. La seule solution à ce problème est indirecte : il faut interposer un être social tiers (puisque les classes se ramènent à deux et puisque ce tiers est issu de ces deux là ) qui ait l'apparence d'un arbitre neutre. Mais ce tiers ne peut être réellement neutre puisque la division injuste en classes est nécessaire au progrès de tous. L'Etat est alors né sous la forme d'un faux arbitre. Et la seule façon pour cette fausseté de préserver l'arbitrage nécessaire est d'instituer, mais idéellement et non concrètement , mais collectivement et non individuellement, d'instituer des interdits de nature à préserver la propriété en général et celle de la soie en particulier. C'est à ce niveau qu'ont été produits des mythes fondateurs : la jarre de Pandore, le pommier d'Adam ou encore la chamelle de Dieu . Dans la modernité accomplie inaugurée il y a cinq siècles, l'égalité formelle —mais non réelle— des individus a été progressivement constituée et a mené au contrôle de l'appareil de l'Etat par des élections générales selon le principe un homme (puis une femme), une voix. Le sacré, qui n'est autre que (la possibilité du) vivre-ensemble , a ainsi évolué : à l'adhésion mystérieuse des individus aux mythes fondateurs a été ajoutée l'adhésion consciente et rationnelle des individus au concept de l'Etat par suffrages interposés.
Aussi l'institution des élections dans la modernité relève-t-elle de l'enrichissement du sacré. En simplifiant, on peut dire que la seule institution sacrée de la modernité est celle des élections. En effet, si la croyance religieuse ne peut plus être qu'individuelle, le respect des élections est collectif par définition. Et ce sacré électif est d'autant plus critique qu'il commande le respect de toutes les autres institutions. Pourquoi celles-ci ont elles été bafouées en Tunisie ? Parce que depuis l'autonomie interne, aucune élection ou référendum n'a été valable. Par le plus simple des mécanismes : celui qui est porté au pouvoir peut le garder en l'absence de contrôle ou de fin de mandat; et lorsqu'il le garde trop longtemps, il se trouve amené à mobiliser frauduleusement la science et l'argent au service de son intérêt de chef de guerre ou de milicien en chef. L'appareil de l'Etat sombre dans le caractère de milice privée et les institutions comme celles du professeur, du statisticien et du banquier central s'en trouvent étouffées. Naturellement, l'institution élective comprend l'élection proprement dite — le vote — et tous ses tenants et aboutissants (loi électorale, financement, recours, endiguement des menées contre-révolutionnaires, etc.).Sacrées élections!
*(Ancien doyen et professeur émérite d'économie politique)


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