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Langues fourchues
Point de Mire
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 05 - 2011


Par Abdelhamid GMATI
Pendant longtemps (23 ans ou 50 ans, au choix), on a eu la langue liée, on n'osait pas ou on ne pouvait pas parler de certaines personnes, de certaines choses. On peut même dire qu'on avait avalé sa langue, se condamnant au silence. D'autres, au contraire, ne faisaient que parler, épier, diffamer, être des informateurs, en silence. Aujourd'hui, avec la révolution, les langues ont trouvé, ou retrouvé, leur liberté. Et elles s'en donnent à cœur joie. Mais, en bons Tunisiens que nous sommes, on a la langue qui s'excite facilement et rapidement. Et on se rend vite compte qu'on pratique toutes sortes de langues. La plus usitée est la langue fourchue. Le terme fait référence à la langue bifide des varans, des serpents, des reptiles. Les indiens d'Amérique qui ont été maintes fois trompés et trahis par les " visages pâles ", non respectueux de leurs engagements et de leurs traités, ont utilisé ce terme pour désigner une personne, perfide, menteuse, trompeuse, pratiquant le double langage, un symbole du diable et du mensonge. Que l'on pratique la langue fourchue, la langue de bois (ne pas dire la vérité mais sans mentir, en éludant les réalités, utilisant des stéréotypes, et des formules figées), la langue de vipère (médisance), la langue de caméléon ( dire n'importe quoi et son contraire pour capter des sympathies et des voix) ou le volapuk (parler à tous sans être compris), que l'on ait la langue bien pendue, qu'on soit mauvaise langue, qu'on retrouve sa langue, ou qu'on donne du plat de langue (faire de belles promesses), on risque de provoquer des dégâts, de briser une carrière, de diffamer, de déclencher de graves réactions.
Ainsi en a-t-il été ces derniers jours avec Farhat Rajhi, ex-ministre de l'Intérieur, qui, prétendant parler vrai, a fait des déclarations mettant en cause le Premier ministre, l'Armée et son chef d'état-major, les Sahéliens et une " éminence grise tirant toutes les ficelles au sein du pouvoir ". Une manifestation s'en est suivie ainsi qu'une véritable tempête médiatique. Il s'en est excusé, arguant avoir été piégé " victime d'un guet-apens, d'une manipulation et d'un abus de confiance médiatiques ". En somme, sa langue a fourché et il a dû se mordre la langue. Vraiment ? A qui veut il faire croire ça ? Un ancien ministre (même éphémère car incompétent), magistrat, procureur, sachant que chaque mot a son importance, se laissant aller à des " élucubrations, des propos en l'air " avec des journalistes inconnus, dans son bureau, traitant un général, chef d'état-major des Armées, de " traître ".
Un Premier ministre de " menteur ", tous les habitants d'une région de " comploteurs ", est-ce crédible? Il aurait mieux fait de tourner sept fois la langue avant de parler. Il savait ce qu'il faisait, et connu pour être proche d'Ennahdha, il se positionnait. En tout cas , ses déclarations tombent sous le coup de la loi.
M. Caïd Essebsi, Premier ministre, est égal à lui-même, dans ses déclarations et interviews ; il reste fidèle à ses positions aussi bien concernant la situation économique et sécuritaire difficile du pays que celle politique avec l'obligation de réaliser les objectifs de la révolution et de réussir la transition démocratique. Il a promis de laisser la Tunisie, le 24 juillet, en meilleur état qu'au mois de mars. Peut-être y aurait-il plus de sécurité et moins de chômeurs ? Il promettait de rendre à l'Etat son prestige. Les Tunisiens ont vu en lui l'homme qui pouvait mener une politique en adéquation avec les idéaux de la révolution. A son actif, il s'évertue avec son gouvernement à réduire le chômage. Peut-être y arrivera-t-il? Mais qu'en est-il de la sécurité ? Il a exprimé son inquiétude envers les sit-in, manifestations et grèves qui se poursuivent dans le pays, disant clairement que cela allait diminuer les investissements. Il y aurait eu 110 faits de blocages d'autoroutes et lignes de chemins de fer par des manifestants ces derniers mois, sans parler des braquages, des agressions, des fuites de prisonniers. Certes le gouvernement est provisoire, ce qui veut dire que son existence est limitée dans le temps, mais cela n'élimine en rien son pouvoir. M. le Premier ministre, gouvernez s'il vous plaît et ne nous faites pas le coup de la " prudence ", et du langage ancien de ne pas vouloir " ameuter le peuple ". Parlez vrai et surtout agissez vrai et efficacement.
Commencez par cette Instance de … lui rappelant que, légalement, selon le décret qui l'a créée, elle n'est que consultative ; n'en déplaise à tous les extrémistes qui s'y sont imposés et qui font tout pour retarder la date des élections et qui veulent commettre un " coup d'Etat " en exigeant " un gouvernement d'union nationale " qui permettra à des partis et à des personnes non représentatives d'accéder au pouvoir. Ils pratiquent la langue fourchue en faisant croire, entre autres, qu'ils parlent au nom du peuple et que le peuple s'intéresse à la politique. Les sondages, plus crédibles que ces individus qui vocifèrent, usant du plat de la langue, de la langue de caméléon, voulant nous étourdir par des grandes phrases, indiquent que le peuple, dans sa majorité, ne croit pas en eux , ne s'intéresse pas à la politique.
Ces gens-là sont de mauvaises langues, médisant de tous et pratiquant l'exclusion : ils veulent exclure tous les adversaires potentiels, depuis les Rcdistes, nos compatriotes à l'étranger et maintenant, même Ennahdha. Laquelle, ayant retrouvé sa langue, est championne de la langue fourchue, de la langue de bois, de la langue verte (insultes), de la langue fourchue du colibri (l'art d'attraper des proies, en l'occurrence les anciens RCD), le tout en jouant les saintes nitouches.
Nous pourrons aussi parler de la langue fourchue utilisée par les avocats, les magistrats (pauvre justice), qui n'arrêtent pas de se chamailler pour le pouvoir.
Mais arrêtons là. On doit seulement se rappeler qu'un coup de langue est pire " qu'un coup de lance ", ou qu'un sniper, qui ne vise qu'une seule personne. Alors que la langue, surtout fourchue...
A.G.


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