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Une colonisation directe, totale et ô combien destructrice
Aujourd'hui 130e anniversaire de l'occupation de la Tunisie par la France
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 05 - 2011

A peine s'est-elle timidement dégagée de son statut de province ottomane, que voilà la Tunisie devenir le 12 mai 1881 un protectorat français. Appellation désignant un régime de colonisation directe et totale déguisé qui permettait à la France d'exploiter notre pays à moindres frais.
Il y a donc 130 ans que Mohamed Es-Sadok Pacha Bey, monarque inculte et faible de caractère, signait au Palais du Bardo le traité ayant permis à la France d'avoir une mainmise «légale» sur notre pays afin de le soumettre à sa volonté et de le piller en toute impunité.
En commémorant cet événement lourd de conséquences sur notre pays dans sa totalité, il est utile, surtout au cours du processus révolutionnaire que notre peuple est en train de conduire, de réfléchir un peu sur les causes ayant abouti à la conclusion de ce traité (du Bardo) et sur ses innombrables conséquences aussi bien immédiates que lointaines.
Moins de 70 ans avant la signature sous la contrainte du fameux traité, la Tunisie venait d'atteindre son apogée de puissance régionale et l'Etat centralisé, fort et prospère grâce au long et fructueux règne de Hamouda Pacha Bey (1782-1814), un avantage qu'elle perdit en l'espace de quelques années.
Suite à une série de contre-performances (peste, troubles internes, dévaluation de la monnaie) et aussi à l'influence grandissante de puissances étrangères et l'occupation de l'Algérie par la France à partir de 1830.
La victime, son propre bourreau
Malgré les réformes entreprises sous Ahmed Pacha Bey (1837-1855), la situation de la Tunisie évoluait plutôt négativement. Régime politique autocratique et dépensier, peuple de plus en plus pauvre soumis à des impôts de plus en plus lourds, société traditionaliste et analphabète, enseignement très limité et stérile, artisanat qui perdait de sa puissance commerciale, armée avec effectifs limités, mal formés et sous-équipés, épidémies diverses (dont le fameux choléra de 49-50), régime de capitulations à partir de 1847 en faveur des ressortissants étrangers occidentaux qui s'adjugeaient petit à petit le droit d'exercer l'import-export, endettement toujours grandissant de l'Etat, etc.
Ce cercle vicieux n'a malheureusement pas été rompu, et ce, en dépit d'un nombre non négligeable de réformes ayant visé essentiellement le pouvoir politique (Constitution de 1861, suspendue en 1864), l'appareil administratif, l'enseignement, la santé et les relations extérieures grâce notamment aux efforts de Kheïreddine Ettounsi, Premier ministre de 1873 à 1877, et ses collaborateurs.
Il y a eu la catastrophe financière qui a signé la dépendance du pays dans ce volet vital de survie. A cause du surendettement, l'Etat tunisien est mis en 1869 sous tutelle d'une commission financière internationale.
Evénement qui eut lieu suite à la corruption généralisée des grands commis de l'Etat et à leur tête Mustapha Khaznadar, Premier ministre de 1837 à 1873, avec les deux fameux coups de détournement du Trésor public effectués tour à tour par Nessim Sammama (1864) et Slilomo Sammama, son neveu (1873), juifs livournais qui étaient chacun à son tour en charge de la comptabilité publique.
Directement liée aux déboires financiers de l'Etat, la révolte de 1864 éclata, faut-il le rappeler, suite à la décision de doubler l'impôt «illégal» de capitation appelé «mejba», mouvement qui fut réprimé dans le sang et qui a été suivi aussi en 1867 par une grande crise (Aam boubarrek), mélange de famine et d'épidémies diverses.
Que de sacrifices !
Ainsi, le fruit était mûr et la France n'avait fait que le cueillir. Non sans résistance de la part du peuple livré à lui-même qui a essayé tant bien que mal de repousser l'occupant. Entreprise devenue vaine après quelques mois (jusqu'au 26 octobre 1881, date de l'occupation de Kairouan, dernier symbole de souveraineté).
En vertu de la convention de La Marsa (8 juin 1883), la France devenait seul maître à bord. Par le biais d'un bey qui ne jouissait d'aucun pouvoir. Le colonisateur avait les mains libres pour prendre les décisions qui lui convenaient et jouir ainsi de toutes les ressources du pays (terres fertiles, minerais, hommes chair à canon, marché pour écouler ses marchandises…).
Le colonisateur poussait le cynisme jusqu'à conduire l'Etat tunisien à contracter des prêts pour établir un budget qui sera ensuite dépensé au profit des colons et fonctionnaires français jouissant du quasi monopole de la Fonction publique.
Bref, la colonisation appauvrissait le peuple et le pays et le laissait exsangue. Certains Tunisiens continuent hélas de croire que la colonisation a eu un impact positif sur le pays et vont jusqu'à en faire l'éloge, à l'image de cette loi de la honte votée en 2004 en France puis abrogée un peu plus tard et qui faisait l'éloge de la colonisation.
Humilié, opprimé, spolié, le peuple tunisien, grâce à ses élites instruites, ses militants cavaliers (foursen moujahidine) ne se soumit point, la résistance ne s'éteint jamais.
Actes de rébellion des tribus du Sud avec comme base arrière la Tripolitaine, rébellion des Frechiches en 1906, événements sanglants du Jellaz (1911), événements du tramway (1912), mouvement de Mohamed Daghbagi (1920), grandes manifestations d'avril 1922 (Tunis et La Marsa), événements d'avril 1938 et démarrage de la résistance avec la création du premier noyau de l'armée de libération et jusqu'aux événements de janvier 1952.
L'indépendance politique chèrement acquise le 20 mars 1956, le peuple tunisien continuait à lutter pour son indépendance effective (bataille de Remada en 1958, bataille de Bizerte en 1961) pour obtenir enfin l'évacuation totale du colonisateur en 1963 puis la nationalisation des terres «des colons» le 12 mai 1964. Loi promulguée par le président Bourguiba qui signa le jour même le texte sur la même table ayant servi au traité du Bardo.
La longue quête de la démocratie
Riche en enseignements, la date du 12 mai 1881 était donc l'aboutissement de plusieurs causes que les leaders du mouvement national naissant avaient analysées à partir de 1907 à travers le journal Le Tunisien. Ces causes étaient résumées ainsi :
• Un pouvoir absolu et despotique
• Absence d'institutions politiques (sauf celles surannées et stériles)
• Pouvoir judiciaire archaïque
• Corruption généralisée
• Système d'instruction défaillant
• Femme opprimée et analphabète
• Main-d'œuvre non qualifiée
• Travailleurs exploités et non représentés
• Etrangers bénéficiant de larges privilèges.
Toute leur stratégie, avant de réclamer l'indépendance du pays, se concentrait donc sur la résorption de ces causes pour que le peuple puisse quitter définitivement son statut de peuple colonisé (dans les faits et dans les têtes).
Avec l'indépendance, la majorité des revendications socio-économiques du mouvement national ont été satisfaites. La Tunisie échoua cependant dans le volet politique et ne parvint pas à instituer une vraie démocratie pluraliste respectant la volonté du peuple et favorisant l'alternance. Sur le plan économique et aussi culturel, la Tunisie n'a pas pu s'imposer. Trop de temps perdu dans des tâtonnements à cause de la corruption et la dépendance économique et culturelle vis-à-vis de la France persistait.
Mais le peuple tunisien ne s'avoua pas vaincu, il n'arrêtait pas de lutter pour une vraie indépendance.
Aujourd'hui et grâce au processus révolutionnaire déclenché le 14 janvier dernier, il pourra enfin fonder une démocratie pluraliste favorisant l'alternance, l'indépendance économique et l'indépendance culturelle.


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