Seize personnes, parmi lesquelles Beppe Signori, le 7e meilleur buteur de l'histoire de la Série A, ont été inculpées mercredi pour leur implication dans des affaires de corruption et de paris illégaux. Un nouveau scandale qui devrait secouer fortement un football italien déjà en crise. Après le Totonerro dans les années 80, qui ébranla notamment la légende Paolo Rossi, et le Calciopoli qui provoqua la relégation de la Juve en Série B, l'Italie pensait en avoir fini avec les scandales à répétition qui polluent son football. Il n'en est rien. Mercredi matin, les carabiniers ont procédé à l'arrestation de seize personnes lors d'une opération de grande ampleur pour leur implication dans des affaires de corruption et de paris illégaux. Beppe Signori, le triple capocanoniere (1993, 94, 96) sous le maillot de la Lazio, est la principale personnalité mouillée dans cette affaire. L'enquête est dirigée par la police de Crémone (nord) en collaboration avec des unités de Rome, Naples et Turin, notamment. Les magistrats ont émis sept mandats d'arrêt, tandis que les neuf autres suspects ont été assignés à résidence. C'est le cas de Signori. Les charges retenues par le procureur de Crémone sont très lourdes: "'association de malfaiteurs" et "'extorsion de fonds". Soupçons sur Inter-Lecce Tout a commencé après la rencontre de Ligue Pro 1ère division (l'équivalent du National) Cremonese-Paganese (1-0) du 14 novembre 2010. Après le match, plusieurs joueurs de la Cremonese ont été hospitalisés pour des douleurs aiguës au ventre. Rapidement, les dirigeants suspectent une personne étrangère au club d'avoir versé dans l'eau mis à disposition des joueurs du lithium (un sédatif très puissant). Un joueur de la Cremonese a même eu un accident de la route après la rencontre après s'être assoupi au volant. Le club porte alors plainte et déclenche l'enquête qui a mené aux arrestations de mercredi dernier. Les investigations, qui concernent 28 personnes, se sont poursuivies il y a deux mois grâce à des écoutes téléphoniques. La plupart des personnes inculpées seraient des joueurs ou d'anciens joueurs professionnels. Outre Signori, Cristiano Doni (ex-capitaine de la Sampdoria), lui aussi ancien international, est également concerné. Les matches suspectés initialement étaient des rencontres de Série B ou de Lega Pro (troisième ou quatrième division italienne). Mais au fur et à mesure que leur enquête avance, les policiers de la ville de Crémone se sont mis à suspecter également certaines rencontres de Série A. La rencontre Inter-Lecce (1-0) du 30 mars dernier est tout particulièrement dans le viseur. Marco Paoloni, l'actuel gardien de Benevento (Ligue Pro 1ère division), aurait tenté, sans succès, de contacter plusieurs joueurs de Lecce afin que ces derniers laissent l'Inter s'imposer sur un score fleuve. Le but étant de parier ensuite sur une victoire du club milanais avec plus d'un but d'écart. Beppe Signori, sur les conseils de Paoloni, aurait ainsi parié et perdu 150.000 euros en misant sur un carton des champions d'Europe 2010 ce jour-là. L'ancien buteur n'est pas le seul à s'être fait duper. Le gardien de but aurait garanti l'issue de la rencontre à plusieurs autres personnalités (publicitaires, organisateurs d'événements sportifs...), justifiant sa certitude par la complicité, au sein de l'équipe de Lecce, de plusieurs de ses anciens partenaires. Pour Guido Salvini, le procureur de Crémone, les "manipulations et leurs fréquences sont énormes. Certains jours, plus de cinq rencontres à la fois étaient truquées". Mario Macalli, le président de la Ligue italienne de football, a annoncé hier matin que cette dernière se constituait partie civile "afin que les responsables de ce scandale paient pour la mauvaise image qu'ils donnent de notre football". Ironie du sort, c'est précisément mercredi que le procureur chargé du "Calciopoli" a requis cinq ans de prison à l'encontre de l'ex-directeur général de la Juve, Luciano Moggi, pour son rôle dans cette affaire. La presse italienne voit déjà dans ce nouveau scandale un tremblement de terre de la même dimension. Le football italien s'en remettra-t-il?