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Dans les coulisses de l'histoire
Vient de paraître : «Moncef Mestiri, aux sources du Destour» de Saïd Mestiri
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 06 - 2011

Contrairement à bien d'autres récits autobiographiques, celui-ci se trouve être l'émanation ou, même, l'expression de la volonté de son auteur d'introduire le lecteur dans l'intimité et le vécu de son oncle, Moncef Mestiri (1901-1971) et d'une famille de notables tunisois vivant dans une grande opulence et baignant dans un milieu très soudé autour d'un idéal commun. Un idéal nourri aux sources d'un militantisme ardent autour du même engagement politique et un autre autour d'une authentique culture arabo-musulmane, point obscurantiste, tournée vers la modernité et le progrès et imbue et imprégnée des hautes valeurs universelles issues du Siècle des Lumières.
Le contenu de cette biographie, qui peut être appréhendée comme un acte de piété filiale (l'auteur est le neveu de Moncef Mestiri), plante le décor de l'histoire de la Tunisie contemporaine au lendemain de la Première Guerre mondiale, celle de 1914-1918 jusqu'en 1956, soit l'Indépendance. D'abord avec les débuts du Destour, le vieux bien sûr, créé le 29 mai 1921, dans la résidence des Mestiri, à La Marsa, Moncef joue un rôle actif au sein de ce parti dont il devient le chef. L'auteur excelle dans l'art du conteur. Au fil du récit, nous allons de découverte en découverte, nous décelons mieux le contenu précis et réel de l'histoire du Vieux Destour qui devient la cible des proconsuls français en charge de la Tunisie. Le lecteur parvient à saisir, malgré l'ambiguïté de la situation, les raisons de la scission au sein des clans dans le parti qui a débouché sur son éclatement au congrès de Ksar-Hellal, en 1934. Le Vieux Destour dirigé par Moncef avait une autre stratégie politique que celle de ce jeune et brillant avocat, Habib Bourguiba, fraîchement débarqué de la Métropole, dont la tactique finit par s'imposer dans l'opinion tunisienne qui en avait assez de la léthargie et la torpeur dans lesquelles a fini par sombrer le Vieux Destour.
Saïd Mestiri confirme aussi certains traits des Résidents généraux français en poste à Tunis. Lucien Saint qui fait plier Naceur Bey en dépêchant devant le palais de La Marsa ses troupes. Il n'est pas plus tendre pour L. Périllier, M. Peyrouton et bien sûr pour de Hautecloque lié à la Main Rouge, l'organisation terroriste des Prépondérants, responsable de l'assassinat du leader syndicaliste Farhat Hached en décembre 1952. De la même façon, il nous donne un portrait plus convaincant de Moncef Pacha Bey qui remet à l'amiral E. Esteva un cahier de revendications pour être envoyé à Pétain, le président français. Il rappelle aussi le penchant pour l'Axe, affiché par la majorité des dirigeants du Néo-Destour, à l'inverse de Bourguiba et de quelques fidèles qui récusent cette orientation et, de leurs prisons, proclament leur attachement aux Alliés.
Tout le livre fourmille de détails qui restituent d'une façon plus que vivante le déroulement des faits : la mobilisation des Tunisiens pour soutenir Naceur Bey contre Louis Saint,ensuite celle qui a précédé le 9 avril 1938 et qui débouche sur des émeutes sanglantes et, enfin, les moments forts, quoique brefs dans le temps, du règne de Moncef Pacha Bey à propos de qui Roger Le Tourneau écrivait : «Avec lui, c'est sur le trône qu'allait s'affirmer le nationalisme tunisien. En quelques semaines, le Bey était devenu le chef du nationalisme tunisien ; nul doute que, si Bourguiba avait été là, il se serait effacé devant lui, comme tout le monde».
Et toujours à propos de Bourguiba et dans un chapitre entièrement consacré à l'opposition politique tunisienne après l'Indépendance, Saïd Mestiri combat la doctrine tracée par Bourguiba qui veut que la lutte contre le sous-développement ne peut se concevoir qu'au sein de «l'unité nationale», réalisée autour du parti unique, porteur de la pensée unique. L'auteur va plus loin dans l'approfondissement de la doctrine y incluant des réflexions personnelles à mettre sur le compte des mutations psychologiques induites par un pouvoir sans bornes. N'a-t-il pas déclaré dans une interview, désormais légendaire, tout simplement ceci «Le peuple tunisien n'était qu'une poussière d'individus, voleurs, sales et méchants dont moi, Bourguiba, j'ai fait un vrai peuple».
Revenant sur ce qui a été déjà abondamment développé précédemment, l'auteur a voulu rappeler les idées de Moncef Mestiri et de ses amis du Vieux Destour, que ce soit dans le cadre général du combat pour l'émancipation ou dans le cadre de la lutte contre le pouvoir personnel, après l'Indépendance, elles tournaient essentiellement autour d'un axe majeur : celui de veiller à la sauvegarde des libertés publiques et des valeurs démocratiques menacées par les débordements découlant des impératifs religieux.
La coexistence entre deux nations, l'identité islamique et les valeurs démocratiques sont-elle toujours possibles ? Plus précisément, sont-elles toujours conciliables ? Pour lui, les dérives péjoratives, observées dans maintes sociétés islamiques contemporaines, sont en contradiction avec les valeurs de l'Islam authentique et en totale violation des données intangibles du dogme islamique.
L'émergence d'Etats aux régimes rétrogrades fortement structurés prônant l'application intégrale de la «Chariaâ», les guerres et agressions multipliées du monde occidental à l'encontre du monde musulman avec les frustrations qu'elles engendrent et les mouvements de résistance qui leur sont opposés dont certains sont qualifiés de terroristes et, en corollaire, l'expansion dans le monde musulman de régimes corrompus d'où sont exclues toutes notions d'Etat de droit et l'«intrusion»de la femme dans la société moderne, combattue par les intégristes étaient plus que ne pouvait supporter Moncef Mestiri.
A propos d'un Islam modéré, tolérant et moderne, le Pr Mestiri écrit en conclusion. «Les menaces qui pèsent sur le monde islamique risquent d'être les plus graves de son histoire. Une atmosphère lourde et menaçante chargée de relents de croisades se propage exponentiellement sur l'ensemble du monde occidental… Tout cela s'est naturellement répercuté au niveau de l'autre bord par une radicalisation encore plus intense et une exacerbation des opinions publiques et donc des mouvements de résistance armée qui vont très vite revêtir toutes les gammes des actions de guerre, de la guérilla urbaine et des actions qualifiées de terroristes. Cette évolution s'est accompagnée par une lecture plus radicale, plus intégriste du dogme et des sites islamiques. Les rangs des adeptes de l'Islam de l'altérité et de la tolérance se sont singulièrement éclaircis.
«Plusieurs parmi les membres de l'opposition dite démocratique dans les pays islamiques et les partisans des «Lumières» esseulés, laminés à l'extrême par les régimes en place qui avaient cru, un moment, en une alliance objective avec le pouvoir, en ont eu pour leurs frais et certains d'entre eux envisagent de «refaire un bout de chemin avec les intégristes». Il y a là des développements dont il est impossible de prévoir l'issue. Ils furent épargnés à Moncef Mestiri mais il n'est pas sûr qu'il ne les ait pas entrevus lors de ses derniers instants» conclut Saïd Mestiri.
• Moncef Mestiri. Aux sources du Destour du professeur Saïd Mestiri Sud Editions. Mai 2011


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