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Ben Ali à ses mercenaires : discours testamentaire
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 06 - 2011


Par Khalil ZAMITI
Citoyens, citoyennes !
Au nom d'Allah, voici, dit, tout haut, ce que, malgré moi, je pense tout bas. Le premier de mes aveux, lié à mes déboires, sera d'assumer une ruse de l'histoire. Pour avoir déboulonné, à tort, le combattant suprême, le grand brûlé, à juste titre, m'a dégagé.
Avec lui, l'arrière- pays, rugueux, fournissait l'armée de mes tombeurs au premier rang desquels figurent les Jribi, Marzouki, Hammami, Ghannouchi, Trifi, Nasraoui, Zghidi et autres flingueurs sans peur. Ce bras de fer engagé entre moi et la dignité, liguée à la misère, fut de bonne guerre. Aucun pouvoir politique ne survit à la puissance populaire dès l'instant où la coercition accapare à la fois sa part et celle de l'adhésion. Mais la brusque mutation de mes proches courtisans est au principe de ma fureur et de ma désillusion.
Pour désamorcer les foudres de la révolution, ces faux repentis, soudain atteints d'amnésie, feignent, maintenant, d'ignorer leur active participation à la mise du pays en coupe réglée.
A les croire, ces tout récents préparateurs, zélés, de mon élection projetée furent, même, les victimes du régime.
Nouveaux théoriciens, ils érigent une barrière imaginaire entre eux, les simples techniciens et les autres, pures politiciens à rechercher parmi les êtres des lointains.
Instantanée, la volte-face de ces rapaces exhale un relent d'opportunisme éhonté. Couardise et lâcheté achèvent l'esquisse de leur portrait. Valorisée à l'ère de la terreur, leur galerie hantera, désormais, le musée des horreurs. Dans l'administration et les entreprises publiques, le nettoyage a commencé. Mais par l'effet symbolique de la révolution démocratique, partout les employeurs corrompus subissent le regard, torve, de leurs employés. Un directeur de revue, très proche du palais, me le confiait. Hier, ces lèche-bottes redoublaient d'obséquiosité envers leur dictateur, aujourd'hui, les voici devenus les serpillères du processus révolutionnaire. Caméléons, derviches – tourneurs avec le vent, arrivistes aux mines tristes, profiteurs, délateurs, exploiteurs, hâbleurs, ces messieurs qu'on nomme grands n'ont jamais eu le sens ni de l'honneur, ni de la pudeur. Pour dresser un bouclier contre l'application des lois, les voici attendris par les contestataires autrefois interdits de leurs médias. Roués, ils cultivaient l'art d'insinuer pour encore et toujours amasser l'argent sans vergogne soutiré. Un exemple, patent, suggère l'air du temps. Le patron de presse téléphone au chef d'entreprise :
" Bonne matinée, H ; comment va la famille ? C'est ainsi qu'on oublie les amis ? Voici un bon bout de temps que nous n'avions ouvert une bouteille. Il y a aussi un moment que tu n'as pas demandé une publicité "
" Comment longtemps ? A peine quinze jours ! "
" Oui, mais il faut bien faire marcher la revue ; et tu n'ignores pas pour qui nous travaillons !"
Sous le couvert de l'amical reproche, la menace, à peine voilée, force le coffre du magnat car, ici, pour tous, le " qui ", c'est-moi.
Par de multiples voies, ces futés, sans foi ni loi, mirent, tous, à profit l'infaillible et même alibi.
Aujourd'hui, ces faux jetons me tombent dessus à bras raccourcis. Enrichis aux dépens des franges élargies de la population, ils arborent des minois innocents et mon visage blême, à lui tout seul, serait l'ensemble du système.
A mon avis, ces très gentils sont des petits Ben Ali. Car, n'en déplaise à leur fiel, donné à voir pour du miel, je ne descends pas du ciel, tant le style de l'autorité à partie liée avec la société à un moment donné. Pour ma part d'horizon assombri, je sais bien que le peuple tunisien n'a jamais ressenti, pour moi, la moindre sympathie. Mais à la place de ces reconvertis, j'aurais, tout de même, laissé le temps au temps d'estomper l'évidence de la félonie. Tunisiens, Tunisiennes ; avec ou sans formation à l'école du " gardes à vous ! " gardez-vous de prendre au sérieux, la vie et surtout la présidence à vie.
Pour tous les aigris des pays frères et amis, telle est ma leçon de philosophie. Je l'ai apprise le jour, de mauvais présage où, sans préavis, l'inauthentique " vive Ben Ali " évacua les parages envahis par le véridique " pain et eau et Ben Ali no ! ".
Après l'énonciation de ces péripéties tragi – comiques, trois rubriques demeurent à évoquer pour compléter ce testament politique.
Lorsque Chirac, en tête à tête, me pria de libérer les prisonniers de la Nahdha, je lui ai répondu " vous ne les connaissez pas ! " Dès l'installation de la délégation dans l'avion du retour, j'ai fait part de cette formulation à mon plus proche mouchard.
De là où il est immobilisé, je l'autorise à témoigner. Tunisiennes, Tunisiens, méfiez-vous de ces machins. Coalisés, ou non, avec les rêveurs à Erdogan, ce paradoxal musulman laïque, ils commenceront par sanctionner les ivres et ils finiront par interdire de vivre, au nom du Livre. Supputer je ne sais quel au-delà obstrue la voie du compter sur soi. En guise de vision du monde, à tous les prophètes, je préfère Nietzsche et Heidegger ; car un jour, je finirai par les visiter, tant la prison, où Gramsci a écrit, favorise la cogitation. Interviewé à propos des barbus par le sociologue parfois engagé, l'historien Dominique Chevalier déclarait : " Je suis contre les provocations inutiles " Mais si les enturbannés parvenaient à l'emporter, leur succès risque d'obstruer le chemin frayé par les réformateurs bourguibiens.
Venons-en à ma seconde position. Aux mangeurs à tous les râteliers, mais désormais jugés pour vols organisés, je dédierai ces vers de Baudelaire, si je les connaissais : " Avez-vous pu donc croire, hypocrites surpris / qu'on se moque du maître et qu'avec lui on triche./ Et qu'il soit naturel de recevoir deux prix, d'aller au ciel et d'être riche ! ".
Enfin reste l'aveu de l'inconsolable malheur et de l'insondable crève-cœur. Quel fut, donc, le crime des enfants victimes ?
Entraînés, à leur insu, dans la tourmente, monnaie d'échange frappée à l'effigie de l'avoir mal acquis par le pouvoir, immolés sur l'autel du mariage forcé, livrés aux pratiques, diaboliques, du chantage politique, ils payent, à la révolution, la dette creusée par leurs parents, même s'ils en ont profité. Ces manières d'infanticides symboliques pourront, peut être, contourner les barreaux, mais comment échapper à soi-même, châtiment extrême, si " l'œil était dans la tombe et regardait Caïn. Au plus fort de la fête, leurs mines défaites narrent la joie surfaite. Toutefois, sur mes larmes de crocodile ne comptez pas, moi qui aurais bombardé l'insurgé n'était la désobéissance du général, somme toute, génial.
Dès lors, qu'importe la caverne laissée là-bas si je puis encore payer les avocats, ma dive bouteille et mes filles de joie. Une circonstance atténuante sera versée au dossier de mon procès, à l'évidence équitable, et où, coupable, je plaiderai non coupable.
Au vu de mon profil mafieux et de ma longue initiation au milieu, ce peuple valeureux, descendu dans la rue, n'aurait jamais dû me laisser accéder au sommet de l'autorité, la nuit du sinistre coup d'Etat. Citoyens, citoyennes, vous qui m'aviez vomi, bons baisers d'Arabie !


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