C'est une chanson de Little Stevee Wonder qui devrait nous motiver dans notre vie quotidienne tout en préparant l'avenir sur un mode mineur mais déterminant. Elle peut nous accompagner sur la route si périlleuse que le pays a ouverte et qu'il va tracer au fil des années. Keep on; chacun est interpellé à tour de rôle par le merveilleux chanteur. On ne s'en rend pas compte mais cette chanson est révolutionnaire … «Professeur ,continue de professer...prêcheur, continue de prêcher» et ainsi de suite. La chanson égrène les nombreux métiers où il s agit de «tenir», résister, continuer pas à pas. Ces métiers qui font et tiennent une société. Et Stevee dit à chacun de tenir ,de maintenir chacun dans sa voie, sa vocation , sa branche, bien sûr, avec compétence et honnêteté. Le sous-entendu est de type prophétique: que chacun fasse ce qu'il a à faire ? Ce qu'il sait faire et qu'il le fasse bien et alors la société changera d'elle-même. C'est loin des paroles bruyantes et houleuses du Grand Soir. Mais c'est aussi plus rassurant et encourageant. Non, nous ne pourrons pas tout changer avec de grandes phrases ni avec des canons. Mais, dit la chanson, si chacun faisait «de son mieux» dans la voie où le sort a voulu l'appeler «oui le changement serait proche, la révolution non seulement pacifique mais rapide». On citait deux vers de Vigny dans la mort du loup : «fais énergiquement ta noble et lourde tâche. Dans la voie où le sort a voulu t'appeler». Si chacun se tient ferme, calme et droit dans son domaine de compétence et ne commet pas d'irrégularités, d'abus d'autorité, ne détourne pas de fonds ni d'informations, nous sommes presque sûrs de sortir de l'ornière, de réparer l'affreux gâchis de ceux qui usent et abusent de leur position, de leur pouvoir. Que les cadres et les ouvriers tiennent, et le pays tient. Que les cadres cadrent, que les ouvriers œuvrent , que les enseignants enseignent et ainsi de suite comme dans l'énumération de la chanson et on pourrait voir la lumière. C'est peut-être pécher par optimisme mais personne n'y perdrait et les problèmes actuels sont si graves qu'on ne peut laisser les décisions aux seuls spécialistes qui souvent compliquent les crises au lieu de les résoudre. Crise réelle, crise fictive Comment traduire avec un exemple récent et retentissant? Examinons la fameuse crise qui a fait sortir des milliards et des milliards pour sauver les Etats, en fait les banques et elles seules. Il y avait une solution logique, nécessaire et suffisante pour veiller au grain, pour écarter les démons nombreux du retour à la spéculation et aux pratiques tordues, c'était la nationalisation en échange des cadeaux indus même sous forme de prêt. Etant donné que la règle de leur jeu est devenue l'abus de faiblesse, la duperie concernant la fiabilité des produits financiers. Il fallait rationaliser et nationaliser! Ce n'était pas du marxisme ni du socialisme en tant qu'idéologies, c'était la seule logique de sauvetage du système lui-même. Ce qui n'a pas de morale il faut le moraliser, il faut le recentrer et sauver les nombreuses victimes des pratiques douteuses et perverses, et on le sait maintenant, que les manipulateurs des sommes folles engagées sont décidés à continuer leurs manipulations trompeuses des petits et des grands clients sous couvert de la complexité mathématique des opérations. Il s'agirait de sauver les particuliers et les institutions que nous voyons chaque jour mis en danger. Non il ne s'agit pas de crise nouvelle. Il s'agit bien de la longue déliquescence du système à bout de souffle et à bout de justification Les privés, les institutions et les Etats eux-mêmes sont menacés de la spirale désastreuse et destructrice et personne, aucun dirigeant en tout cas, n'a eu le courage de tailler dans le vif de cette crise de moralité plus que de finance. Comme si de rien n'était, les financiers ont repris leurs pratiques honteuses mais si juteuses que personne ne résiste et, bien sûr, personne ne voudrait renoncer aux profits mirobolants. Personne ne reconnaît les risques. Aucune leçon n'a été tirée par les donneurs de leçons. Et pourtant il y a des solutions qui ne sont plus idéologiques. Elles sont rationnelles et vitales, indispensables à moins de vouloir la fin du capital sans aucune solution de rechange.Et la finance et l'économie sont des choses trop importantes pour les laisser aux économistes et aux financiers ! Et il faut tenir bon, tenir bon sur des chemins honnêtes et balisés par l'histoire et les vrais savants. Maintenant, pays riches et pays pauvres, tous les décideurs et les citoyens sont mis devant la responsabilité de sauver la planète de ses prédateurs qui menacent aussi bien les riches que les pauvres, le Sud comme le Nord, et nous en avons des preuves tous les jours. Rappelons la valeur de la chanson : keep on...Tenir.