«Où sont passés les 700 mille dollars destinés à la construction de la maison des arbitres?», s'est écrié dans tous les journaux Younès Selmi, ex-président de la Direction nationale de l'arbitrage. Remarquez, il aurait bien pu poser et se poser la question du temps où il était officiellement installé sur sa chaise... Bon, mais, pour nous journalistes, c'est toujours bon à prendre... Où sont passés les 700 mille dollars de la maison de l'arbitrage? Où est passé l'argent de notre football avec trois qualifications de suite à la phase finale de la Coupe du monde et une victoire à la CAN? Où est passé l'argent de nos clubs dont les présidents passent leur temps à se plaindre des difficultés financières et à... recruter à tour de bras? Où sont passés les 20 pour cent de l'argent de l'Etat aux clubs destinés aux jeunes entraînés par des techniciens de fortune et qu'on débarque chez les seniors (quand ça leur arrive) avec tous les défauts possibles et imaginables : techniques, tactiques et humains? Où est passé l'argent de notre élite qui sort un champion olympique ou du monde tous les 40 ans? Où est passé l'argent de nos clubs, sinon dans la poche de joueurs météores à peine bons à animer un championnat local et qui ne daignent même pas verser leur cotisation sociale et les taxes? Pour eux et pour la communauté... Où est passé l'argent du Promosport détourné par la famille mafieuse avec la complicité agissante de certaines personnes qui se servaient au passage? Où est passé l'argent de notre «élite» sinon à organiser ou à préparer de grandes messes inutiles, tels les Jeux arabes, africains ou méditerranéens où le niveau de performance ne dépasse pas une manifestation régionale en Europe ? Où est passé l'argent de nos fédérations sinon à embaucher ou à payer un cadre technique inadapté et les voyages des responsables ? Où est passé l'argent de notre sport sinon à embrigader nos jeunes et à satisfaire la vanité et la mégalomanie de nos responsables. Du plus grand au plus petit. Résonnent encore dans nos oreilles les phrases dramatiques de M. Slim Chaker, ministre des Sports, qui dressait le bilan de la jeunesse à Kasserine, Gafsa et Sidi Bouzid. Résonne encore dans nos oreilles le constat amer et implacable de Meriem Mizouni, secrétaire d'Etat aux Sports, quant à l'état des lieux de notre infrastructure sportive et de notre sport en général. Nous voyons encore les larmes de l'ex-championne à notre première rencontre quand les présents ont fait le bilan d'un sport moribond. La volonté est aujourd'hui à un changement total du décor mais on ne peut passer à la prochaine étape que si l'on fait les comptes du passé. Financiers et sportifs. Pour trois choses au moins. La première est de savoir et de faire savoir avec précision le véritable état des lieux de notre sport. La seconde est de rompre définitivement avec le passé et de lancer un signal fort à ceux qui prendront les responsabilités dans le futur : plus d'impunité. Sportive et financière. La troisième est de couper la route à ceux qui préparent d'ores et déjà leur propre succession ou qui ont l'intention de «s'infiltrer» dans d'autres listes. Encore une fois, il n'y a aucune raison pour que le sport et les responsables sportifs jouissent d'une immunité qu'on refuse et qu'on nie aux politiques et aux hommes d'affaires!