Aujourd'hui, la Tunisie est appelée à relever de nouveaux défis économiques et à valoriser les acquis de la révolution, en l'occurrence la bonne gouvernance et la transparence. De nouvelles opportunités s'ouvrent, notamment, en matière d'Investissements Directs Etrangers (IDE). La question qui se pose, désormais, est de savoir dans quelle mesure le pays est bien paré pour relever ces défis et relancer le rythme de l'investissement, moteur incontournable de tout développement. M.Noureddine Zekri, directeur général de la Fipa, a bien voulu nous éclairer sur la question et nous parler du nouveau Code d'incitation à l'investissement en cours de préparation. Aujourd'hui, de nouvelles opportunités s'ouvrent à la Tunisie en matière d'IDE, pensez-vous qu'elle est dotée des moyens techniques et humains nécessaires pour saisir ces opportunités ? Comme tout le monde le sait, le flux d'IDE brassé par la Tunisie a baissé durant les derniers mois, une baisse générée par les troubles sociaux et sécuritaires qui ont régné durant les premiers mois de l'année. Nombre d'entreprises ont, en outre, dû faire face à des pressions sociales particulières et gérer les demandes abusives de leurs employés. Toutefois, les efforts additionnés de tous les intervenants ont permis d'aplanir ces difficultés et d'en réduire l'impact. Ces initiatives ont, notamment, permis de rassurer les investisseurs présents. D'un autre côté, des craintes ont plané quant à la potentialité d'une augmentation abusive. Aujourd'hui, on a dépassé ce stade et les négociations sociales ont permis de préserver la compétitivité du site Tunisie. D'un autre côté, on a constaté, durant les derniers mois, une nette amélioration de la situation politique. On parle, désormais, d'un agenda de développement clair et d'un consensus quant aux acquis économiques de la Tunisie, notamment en matière d'ouverture, facteur qui permettra aux investisseurs installés en Tunisie et à ceux qui comptent s'y établir d'avoir une bonne visibilité. Tout cela a entraîné un retour des visiteurs et des investisseurs potentiels. Il est important, à ce propos, de noter que la Tunisie nouvelle fait l'objet d'une grande curiosité de la part du milieu d'affaires étranger. De part notre mission en tant qu'Agence de promotion des IDE, on a remarqué, lors de nos visites à l'étranger, que les craintes commencent à se dissiper et on décèle, désormais, chez nos interlocuteurs, beaucoup d'enthousiasme qui laisse prévoir de nouveaux investissements. Aujourd'hui, la Tunisie jouit d'une meilleure image grâce, notamment, aux principes de bonne gouvernance et de transparence qu'elle a adoptés. En outre le ministère des Finances vient de créer un Fonds baptisé « Ajial » dont la vocation sera de créer une dynamique de l'investissement à travers le financement de l'infrastructure dans le cadre de partenariats public-privé, le financement de projets à haute valeur ajoutée et le soutien des actions de promotion. Quels sont les nouveaux secteurs porteurs qui vont bénéficier d'une promotion particulière ? En termes d'IDE, la Tunisie brasse des investissements dans des secteurs traditionnels tels les composants automobile, le textile-habillement… Désormais de nouveaux secteurs, habituellement barrés aux investissements étrangers, vont être ouverts tels celui des énergies renouvelable et de certaines branches touristiques ( tourisme culturel, tourisme de santé…). Ces secteurs se rattachent à une grande valeur ajoutée. Par ailleurs, nos partenaires traditionnels sont toujours là et on déploie des efforts afin de les inciter à développer, davantage, leurs activités en Tunisie. Cependant, on remarque de nouveaux pays qui s'intéressent de plus en plus à l'investissement en Tunisie. Une délégation de US Trade, organisme américain qui gère les accords de libre-échange, a récemment visité la Tunisie, fait qui démontre un changement de perception du côté des hommes d'affaires américains de la destination Tunisie. L'Espagne, la Hollande et certains pays nordiques, qui accordent une place centrale aux questions de droit de l'homme et de bonne gouvernance commencent, également, à s'intéresser au site tunisien. Les pays du Golfe dont la présence en termes d'IDE se limitait à quelques projets exclusivement immobiliers commencent à venir avec des intentions d'investissements dans des secteurs à haute valeur ajoutée. Ainsi, on peut dire qu'aujourd'hui le potentiel de la Tunisie en termes d'IDE est fort important, il ne demande pour se concrétiser que la stabilisation de la situation après les élections et on espère qu'à partit de 2012, les IDE reprennent fortement. Il semble qu'un nouveau code d'incitation des IDE est en cours de préparation, quelles sont les principales orientations de ce code ? Pour réussir à brasser davantage l'investissement étranger, il est primordial de mettre en place des mesures d'accompagnement appropriées, de simplifier les procédures et, surtout, de moderniser le système financier en le dotant de tous les mécanismes financiers nécessaires et garants de plus d'efficacité. Le développement de la logistique est une autre nécessité, l'édification d'un port en eaux profondes est, à ce propos, nécessaire pour gagner en compétitivité. Il est, en outre, primordial de diversifier les partenariats étrangers et d'attirer de nouveaux partenaires tels les Américains, les Japonais, chose qu'on pourra réaliser à travers des accords de partenariat et en veillant à asseoir les principes de transparence et de bonne gouvernance. Par ailleurs, il est essentiel de veiller à garder les entreprises déjà installées en Tunisie et à les inciter à réaliser des extensions en les rassurant quant à la situation sécuritaire et politique du pays. Pour ce qui est du nouveau code, il ne peut passer outre les leçons tirées du 14 janvier, notamment la primauté des questions de l'emploi et de l'investissement dans les régions. Ainsi, le nouveau code accordera plus d'importance à l'apport du projet en termes de capital humain et les incitations financières seront accordées selon cet apport. Par ailleurs et en vue d'assurer la transparence totale, une liste négative des secteurs où il n'est pas possible d'investir pour les étrangers sera clairement spécifiée dans ce code.