Calme olympien, force tranquille, cohésion et rigueur sont actuellement la marque de fabrique de l'Espérance Forte de son statut de locomotive sur la scène continentale et locale, l'Espérance semble toujours aussi pimpante et fringante. Mieux, le doyen des clubs tunisiens a de toute évidence pris de la bouteille, disciplinant son jeu et canalisant ses efforts pour atteindre à terme les buts tracés sans forcément être spectaculaire. Au-delà de tout impondérable, voire d'aléas d'ordre conjoncturel (trêves interminables, huis clos...), l'Espérance garde le cap et aborde ses échéances avec maîtrise et objectivité. La gestion de la fatigue, le dosage des efforts, ainsi que la rotation de l'effectif introduits graduellement par le duo Maâloul-Kasri, ont permis de baliser le chemin de l'EST. Jeunesse effrontée... Il va de soi que le brassage entre cadres et bizuts “sang et or“ semble de toute évidence réussi, ce qui confirme la justesse de l'orientation choisie depuis plus de trois ans. Il est vrai que la politique de l'Espérance s'inscrit totalement dans une stratégie de continuité via une vision à long terme qui n'a cessé de se densifier au fil du temps. Certes, la saison passée a été marquée par la perte du Graal africain, alors que tout plaidait pour un sacre tunisien. Mais qu'à cela ne tienne, les “Sang et Or“ ont beaucoup appris de cette participation, alors que forcément, le groupe s'est aguerri, ce qui devrait conduire l'EST à engager sa seconde finale consécutive avec un supplément d'âme. C'est dire que pour l'Espérance, la culture de la performance est le levier qui lui permet de s'illustrer, se transcender quand l'adversaire fait preuve de ténacité et de métier. Cette saison, l'EST a fait peau neuve sans pour autant toucher à certaines constantes, certains repères au niveau des trois lignes de jeu. L'abattage de Yannick Ndjeng sur le front de l'attaque, l'assurance de Ben Chérifia, le dernier rempart et la générosité de Sameh Derbali, l'animateur de couloir, sont le reflet de ce brassage et cette alchimie réussie entre cadres et “apprentis” sang et or. Encore un effort, sommes-nous tentés de dire, sachant que les hommes de Nabil Maâloul devront à l'avenir s'exprimer avec la même motivation tout en sachant qu'ils sont attendus au tournant...Et c'est sans doute très bien ainsi, car les supporters sont plus intéressés par les victoires de leur équipe que par le curriculum vitae des recrues... ...et jeu maîtrisé Cela dit, si les jeunes constituent une sorte de pépinière de talents qu'il faut couver, intégrer de manière diffuse dans le moule de l'équipe et, à terme, lancer dans le grand bain, l'expérience et le métier des cadres de l'équipe ont permis de parer au plus urgent, quand la machine de l'Espérance ne carbure pas à plein régime. Des récupérateurs chevronnés, en l'occurrence Traoui, Korbi, ainsi que le polyvalent Mouelhi; des relayeurs au tempérament explosif, l'incontournable M'sakni et le feu follet Afful (qui peut également évoluer sur les deux flancs), un régisseur au registre particulier, Darragi, un attaquant qui frappe aux portes de l'équipe nationale, Bouazzi, et nous voilà en présence d'une ossature compétitive dont la force tranquille rejaillit sur tout le reste de l'équipe. Ce faisant, si la meilleure défense c'est l'attaque, l'arrière-garde “sang et or” a forcément gagné en maturité, ce qui a permis d'éviter bien des sueurs froides à l'Espérance. La progression de Banana, la confirmation de Hicheri, la régularité de Chammam et les promesses de Coulibaly sont de nature à sécuriser les bases arrières d'une équipe qui brille actuellement par son hermétisme défensif. Dans le même ordre d'idées, on dit souvent que les gardiens de but constituent le dernier rempart. Or, ce poste est tellement ingrat, la frontière qui sépare la gloire de l'infamie est tellement mince que la fonction ne peut être assurée par le premier venu. Pour se placer dans les cages, il faut donc une petite dose de folie, un côté rebelle, un brin d'excentricité...C'est dire que l'aplomb de Ben Chérifia, disciple du duo Jean Jacques Tizié-Seifallah Kharroubi, cadre parfaitement avec la fonction. De prime abord, actuellement, ambitionner de saper le jeu de l'EST demande beaucoup d'endurance et de métier. Le losange axial d'une Espérance adoubée à deux repères, que sont Darragi et Korbi, n'a pas manqué d'anticiper et donc ratisser large au sens propre du terme. La monopolisation du ballon, le jeu court et léché, les triangulations, les automatismes et autres manœuvres huilées de l'EST sont autant de constantes qui permettent à terme de gagner la bataille de l'entrejeu. L'endurance de groupe n'est pas en reste. Le club de Bab Souika est détenteur du doublé sur la scène locale et jouera pour le titre sur le plan continental, ce qui dénote de la qualité du travail entrepris par Khélil Jébabli. Calme olympien, force tranquille, cohésion et rigueur sont actuellement la marque de fabrique de l'Espérance. Gageons qu'avec pareil tempérament, cette équipe saura nous faire vibrer à l'avenir et remporter ce titre continental tant convoité.