Par Fethi FRINI LES Tunisiens et les Tunisiennes, jeunes et moins jeunes ,iront aux urnes, ce dimanche, pour élire ses représentants à la future Assemblée constituante. Chose permise enfin , chose due. C'est notre droit, certes, mais c'est surtout notre devoir. C'est une chance historique à ne pas rater, un grand rendez-vous avec l'Histoire, une option ferme sur l'avenir. C'est un acte capital sinon décisif pour notre destin national. Malgré les incertitudes ressenties et les doutes exprimés, fort compréhensibles, quant à la consistance et la portée de ces élections, il n'est cependant pas question de tergiverser, pas question de se défiler, et, surtout, ne pas s'abstenir. Car, autrement, comme l'ont recommandé certains ,parmi ceux derrière l'ajournement des élections à l'Assemblée constituante, au tout début de l'été, et pour bien d'autres encore ne sachant pas encore pour quelle liste électorale se prononcer, c'est dire non à la souveraineté du peuple, c'est revenir vers l'ancienne donne, à savoir celle de la tutelle, du dirigisme et du monopole des idées et des comportements. La toute nouvelle Tunisie A l'heure où des citadelles, et leurs maîtres à penser, au sein de notre échiquier politique , implosent ,se remettent en cause ou alors modifient, par pragmatisme, leur système de jeu politique, dans le sens d'une plus large ouverture aux idées et aux gens, en conformité avec de nouvelles réalités, nous devons nous interroger sur leurs attitudes, déjà largement affichées, sur la marge des libertés et l'éventail des opportunités déjà promises ,mais certainement sur les restrictions et les monopoles qu'ils auront, une fois le mandat en main, à imposer. La Tunisie nouvelle ,la toute nouvelle Tunisie, reflet des changements majeurs produits après le 14/01/2011,qu'une toute nouvelle Constitution aura à consacrer dans les textes et dans les faits, n'a, en effet, de leçons à recevoir de personne et, en particulier, des attardés et des arriérés de la 25 e heure, ni de ceux d'outre –mer encore un peu trop préoccupés de leurs anciennes possessions ,ou alors de certains courants religieux, moyennant fortes finances et solides promesses ,ne sachant parfois comment redéployer leurs visées ou ajuster leurs stratégies. Infléchir le cours de l'Histoire L'avenir ,pour nous autres, c'est vouloir prendre option sur les valeurs les plus sûres de l'humanité, de ce qu'elle a de meilleur, de ce que nous avons perdu de vue et de ce que nous devons partager. Le Tunisien, ce sacré Tunisien ,en vérité, a besoin de mieux vivre, dans le respect et la dignité. Il aspire enfin à l'égalité des chances et qu'on mette fin , une fois pour toutes ,aux disparités et aux discriminations. Aujourd'hui, comme hier, il a longtemps éprouvé le besoin d'avoir une vie politique pluraliste, transparente, crédible, de pouvoir participer de manière responsable aux changements majeurs et aux grandes mutations .Il n'est pas de ceux qui prennent le train en marche. Il n'est pas de ceux justement qui ratent ses grands rendez-vous avec l'Histoire. Mieux, il entend infléchir par lui-même le cours de l'Histoire. Parce que le peuple veut, parce que le peuple a toujours voulu. Et finit par obtenir ce qu'il a toujours voulu. Entre le paradis socialiste et celui, libéral, qu'on lui a promis à un moment ou un autre, ce serait, un tout autre paradis, truffé de monts et de merveilles , qu'on lui fait désormais miroiter. En fait, c'est souvent les mêmes vendeurs de produits largement périmés ,à l'instar d'un poissonnier qui continuerait d'arroser d'eau sa marchandise à la fraîcheur douteuse, histoire d' appâter les hésitants sinon pour ameuter les récalcitrants. Il y a lieu de ne pas céder au chant des sirènes, non plus se pavaner devant le miroir aux alouettes et savoir avec précision ce qui nous attend, identifier les besoins, saisir les responsabilités à assumer ensemble si l'on veut éviter de longs calvaires et d'amères mésaventures. Car le temps des tuteurs et des opportunistes ,qui veulent se blanchir tout comme leur argent ou se faire une nouvelle virginité à la faveur des échéances majeures que nous vivons est apparemment révolu. L'enrichissement dans la différence C'est une société civile avec ses règles, ses lois, ses institutions mais certainement ses antagonismes et ses différences qui font notre génie national. Ce serait justement l'enrichissement dans la différence . Celle-ci serait certainement source d'enrichissement. Vouloir s'enrichir, c'est vouloir progresser. Cependant, n'allons pas croire que toute différence peut aboutir à un enrichissement personnel. Pas facile de faire avec ceux qui ne nous ressemblent pas. Sinon, n'a-t-on pas dit justement que si tu diffères de moi ,loin de me léser, tu m'enrichis ? Oui, l'enrichissement, tous azimuts, nous y croyons, pour tout un chacun, oui, mais dans les règles de l'art ,dans le respect des lois et toujours pour une noble cause. Faisons en sorte alors que cela deviendrait réalité, une réalité vraie, une douce réalité; mais ne faisons pas en sorte ,justement, que ce dimanche, chers concitoyens, nous irons aux urnes ,nous le ferons mais résolument.