Dans un article paru sur vos colonnes le 26 courant, M. Ridha Maâmri parlait du technopôle agroalimentaire de Bizerte. Il commence par constater un manque à gagner colossal en termes de valorisation des produits, et que les coûts supplémentaires du transport quand on cherche à valoriser les produits agricoles et que l'innovation par l'agroalimentaire est accessible et source d'innovation... Ensuite, il nous parle de la proximité intellectuelle et géographique pour la mise en valeur des produits agricoles, de la mise des ingrédients et préalables pour répondre aux besoins en information, conseil et assistance des entreprises implantées, des 150 ha d'espaces industriels et d'un réseau de partenaires «Agro Tech», des banques privées, du siège administratif et de la pépinière d'entreprises, des investissements de sécurité des espaces de production... le tout préparé pour des unités agroalimentaires qui créeraient 9.000 emplois et ciblant 9 filières dont les céréales, les produits de la mer, les pommes de terre, la figue de Barbarie et le vin et vinification»... etc. Pour terminer, sous l'intitulé « Peu de réactivité des ingénieurs agronomes», il passe, ensuite, aux dires d'un promoteur d'une entreprise de pâtes fraîches qui déplore les formations inadaptées aux besoins de son cycle d'exploitation des diplômés, des soucis des investisseurs de productivité, du changement des goûts... se référant un peu partout dans l'article à M. Kamel Belkahia, P.-d.g. du pôle de compétitivité ! Etant agronome, mais ne représentant que moi-même, je pense avoir non seulement un droit de réponse à un article pareil, mais, et, surtout, un devoir, vis-à-vis de la Tunisie et de la région de Bizerte, de compréhension de ce projet et des études qui ont mené à créer ce technopôle! L'auteur de l'article pourrait répondre ou solliciter M. Belkahia et ses staffs d'y répondre. Mon premier constat c'est d'abord que l'auteur ne parle pas d'agriculture, ne présente pas les régions ni les superficies qui sont censées fournir la matière première (= les produits agricoles) en quantité et en qualité suffisantes à ces usines ! Il ne parle pas des travaux d'une éventuelle recherche et d'assistance agronomiques aux producteurs, ni des prix d'encouragement qui leur seront offerts. A ma connaissance, les productions de la région sont destinées notamment à la consommation en frais, alors que l'agroalimentaire nécessite des espèces et variétés adaptées aux exigences de la transformation et du goût du consommateur ! Même pour les céréales, elles ne doivent pas avoir les mêmes spécificités pour le pain, pour les pâtes normales, pour les pâtes aux œufs ou pour les biscuits... Pour les pommes de terre est-ce que les superficies existantes vont suffire aux programmes de transformation, elles suffisent à peine à satisfaire le marché local, et les variétés ne sont pas les mêmes. Pour la figue de Barbarie et le vin, verra-t-on de nouvelles superficies pour ces usages? Et comment vont être encadrés les agriculteurs concernés ? De qui est formé le réseau de partenaires «Agro Tech»...mentionné ? Va-t-il s'attacher à un programme de recherche pareil ou est-il destiné à travailler sur autre chose ? Quand vous parlez de 9.000 emplois, c'est bien possible, mais un grand nombre devra être formé peut-être dès maintenant ; et entamer des travaux de recherche ...! Le promoteur de l'usine de pâtes a-t-il un contrat avec les producteurs qui indique la variété, les spécifications de la production et les prix éventuels? Y a-t-il dans le technopôle un laboratoire de technologie des céréales, et des autres produits supposés subir une transformation... ? Ensuite, et s'agissant du «peu de réactivité des ingénieurs agronomes», dont parle l'article, voilà, je réagis, et j'invite l'auteur et M. Belkahia à bien vouloir m'envoyer les études agronomiques qui ont précédé la création de ce technopôle. Malek Ben Salah Ingénieur général d'agronomie Ndlr Dans votre droit de réponse portant sur l'article «Une zone intégrée de qualité», vous avez mentionné un premier constat : «L'auteur ne parle pas d'agriculture ». Eh bien, l'article porte sur l'industrie agroalimentaire et précisément sur une nouvelle zone dédiée aux projets de transformation de produits agricoles. Certes, les produits de la région constituent un facteur déterminant pour tout investisseur qui compte s'installer, mais c'est à chacun d'eux de cibler les espèces et les variétés à transformer et d'en estimer le potentiel. Pour assister ces promoteurs potentiels, le technopôle s'est investi dans un réseau de partenaires formé par des institutions nationales et internationales de recherche, d'enseignement supérieur, formation continue, centres sectoriels, des industriels, ainsi que des technopôles européens. Une liste est disponible sur le site www.pole-competitivite-bizerte.com.tn. Il est vrai que l'intertitre «Du peu de réactivité des ingénieurs agronomes » semble choquant, surtout pour les gens du métier, mais le besoin en compétences spécifiques est bel et bien manifesté par plusieurs industriels, notamment le promoteur de l'entreprise des pâtes fraîches. A ce titre, je partage entièrement votre point de vue, et que les formations commencent dès aujourd'hui ! Finalement, si on s'est référé « un peu partout » à M.Kamel Belkahia, P.d.g du pôle de compétitivité, c'est parce qu'il est le premier responsable et le mieux placé pour nous présenter le technopôle, qui fait partie dudit pôle. Vous pouvez le contacter pour demander les études qui ont précédé la création de cette institution. C'est à lui et à ses collaborateurs de juger de la pertinence de votre avis.