• Equipements scientifiques pour installer un laboratoire d'identification et de quantification des OGM à la banque nationale des gènes. • Un projet de cadre législatif sur les organismes génétiquement modifiés en matière d'exportation, d'exposition sur le marché, d'utilisation confinés à des fins de recherche scientifique est préparé — Les travaux de l'atelier régional africain de formation pour le renforcement des capacités des points focaux nationaux du Centre d'échange sur la biosécurité organisé par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (Pnue) et le Fonds pour l'environnement mondial (Fem) ont démarré hier dans un hôtel à Gammarth pour se poursuivre jusqu'au 18 novembre. Un intérêt particulier est accordé à cet atelier pour développer davantage les capacités nationales, renforcer et promouvoir la coopération entre les pays africains et les autres pays partenaires potentiels dans le domaine de la biotechnologie. C'est ce qu'a souligné M. Salem Hamdi, Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture et de l'Environnement chargé de l'Environnement. En fait, des enjeux importants concernent la biotechnologie qui se développe à un rythme rapide partout dans le monde. Et pour cause : elle a eu un apport considérable pour satisfaire les besoins de l'agriculture. La biotechnologie a pu, en outre, améliorer les produits agricoles qualitativement en permettant aux plantations de résister à la sécheresse, à la salinité et à certaines maladies. Informer clairement les citoyens Les chiffres au niveau mondial sont fort significatifs de ce point de vue dans la mesure où les superficies des cultures génétiquement modifiées sont passées de 1,6 millions d'hectares en 1996 à 38,7 millions d'hectares en 1999 et à 140 millions d'hectares en 2009 répartis sur les Etats-Unis d'Amérique, l'Argentine, le Canada, l'Inde et la Chine. Malgré les réserves et les controverses soulevées au sujet de la modification du patrimoine génétique au niveau de l'opinion mondiale, il n'y a pas eu un recul dans les chiffres de la production. On a constaté, néanmoins, «un manque de connaissances sur les effets indésirables qui peuvent résulter de son expansion et de son impact sur la biodiversité et la santé humaine», précise M. Hamdi. La Tunisie a, en tout cas – comme plusieurs autres pays – accordé une attention particulière à la problématique liée aux organismes génétiquement modifiés en relation avec les résultats de la recherche scientifique ainsi que les aspects économiques, juridiques et politiques. D'où la nécessité de favoriser le principe de précaution et d'informer clairement les citoyens tout en assurant une bonne gestion et un contrôle rigoureux des risques potentiels sur la santé de l'homme et l'environnement. Le Secrétaire d'Etat a rappelé qu'une étude a été élaborée en 1998 par le ministère de l'époque en vue de proposer des assises institutionnelles et législatives dans le cadre d'un plan national pour la biosécurité. Cela entrait dans le cadre de la mise en œuvre des orientations de la Convention internationale pour la diversité biologique. Notre pays a été soucieux également de renforcer l'application des mécanismes institutionnels et législatifs grâce à l'installation de la banque nationale de gènes en 2007. Sa mission principale étant de maintenir et d'évaluer les souches génétiques des plantes avec la promulgation d'un cadre juridique national sur la biosécurité. Sa préparation a coïncidé avec le Protocole de Carthagène sur la biosécurité ratifiée par la Tunisie en 2002. Un projet de cadre législatif sur les organismes génétiquement modifiés en matière d'exportation, d'exposition sur le marché, d'utilisation confinés à des fins de recherche scientifique est préparé. Il a été procédé également à la préparation d'un avant-projet de textes d'application de cette loi et les divers manuels techniques y afférents. Par ailleurs, et dans le cadre de la mise en œuvre du projet de renforcement des capacités nationales – financé par le Pnue et en coordination avec tous les ministères et les parties prenantes – une stratégie et un plan d'action nationaux ont été achevés. Il a été possible également d'acheter des équipements scientifiques pour installer un laboratoire d'identification et de quantification des OGM à la banque nationale des gènes. Des sessions de formation organisées ont ciblé les représentants des ministères et structures impliquées dans des sujets liés à la biosécurité du point de vue technique, juridique, économique et scientifique. Les programmes de formation seront intensifiés au cours de la prochaine étape par l'organisation de trois sessions de formation traitant de l'évaluation et de la gestion des risques potentiels des OGM, le contrôle et la surveillance des OGM et les modèles de notification pour l'utilisation, l'importation, l'exportation et le transit des OGM. M. Mohamed Elyes Kchouk, expert régional chargé du projet de renforcement des capacités nationales pour le centre d'échange sur la biosécurité précise que «cet atelier s'adresse aux correspondants régionaux du centre. L'objectif est de former ces derniers dans le domaine de la biosécurité. C'est une occasion pour l'échange des connaissances et la mise à jour des données». L'échange et le transfert du savoir grâce au centre en question peuvent renforcer donc les capacités des différents experts africains tout en faisant profiter les département d'enseignement, y compris les écoles de formation agricole. Rappelons que le centre d'échange sur la biosécurité a été instauré par le Protocole de Carthagene. S'agissant des OGM, notre interlocuteur estime qu'un projet de loi relatif à la biotechnologie a été discuté plusieurs fois par les spécialistes concernés. Sans être alarmistes, il faut prendre en considération les risques potentiels de ces techniques. En général, les agriculteurs ne veulent pas utiliser de nouvelles semences ou plantes nouvelles dont la rentabilité n'est pas vérifiée, préférant continuer à exploiter les semences qu'ils connaissent le mieux. Même si les recherches scientifiques n'ont pas encore prouvé de façon tangible des effets négatifs de ces organismes, il vaut mieux prendre les précautions d'usage sachant que certaines personnes sont plus sensibles que d'autres envers les OGM. L'idéal serait d'obliger les producteurs d'informer – sur la base d'un texte juridique – les consommateurs en précisant sur les emballages que le produit est génétiquement modifié, laissant ainsi aux consommateurs le soin de choisir.