Il y a un peu plus de deux ans Pedro Rodríguez était un illustre inconnu sur la planète football. Après avoir fait ses classes au centre de formation du FC Barcelone, il était aux portes de l'équipe première blaugrana. Restait pour lui à obtenir du temps de jeu. Aujourd'hui, il fait partie intégrante du secteur offensif barcelonais, au même titre que Lionel Messi, Xavi et David Villa. En effet, il a déjà remporté tous les trophées possibles avec le Barça, à quoi est venue s'ajouter une couronne de champion du monde avec la sélection espagnole. Malgré tous ces succès, Pedro n'a perdu ni l'humilité, ni l'envie de gagner. À quelques semaines du coup d'envoi de la Coupe du Monde des Clubs de la Fifa, Japon 2011, le natif des Canaries se livre sur son passé, son présent et son avenir footballistique. Pedro, votre premier titre important a été la Coupe du monde des clubs aux Emirats Arabes Unis. Quel souvenir gardez-vous de ce tournoi? Un très bon souvenir, non seulement parce que nous avons gagné, mais aussi parce que j'ai réussi à marquer. Ça m'a permis d'être buteur dans chacune des compétitions auxquelles nous avons participé cette année-là. Ce fut un tournoi très disputé, mais où tout est allé pour le mieux puisque j'ai marqué en demi-finale et en finale, et que nous avons remporté cette Coupe du monde des clubs. Dans cette finale, Estudiantes de La Plata vous avait sérieusement compliqué la tâche. Quels souvenirs en gardez-vous ? Nous savions que ce serait difficile du début à la fin. Parfois, les gens n'accordent aucune valeur à une équipe tout simplement parce qu'ils ne la connaissent pas. Mais comme toujours dans ces cas-là, ce n'est pas pour rien qu'Estudiantes était en finale de la Coupe du monde des clubs. Je me souviens très bien de ce match. Nous avons d'abord été menés, mais nous n'avons jamais perdu confiance. Cela dit, nous avons eu du mal à revenir au score. Nous y sommes finalement arrivés et nous avons remporté cette Coupe du monde. Nous la voulions tellement parce que le club ne l'avait jamais gagnée. Depuis, votre carrière a décollé de façon vertigineuse. Imaginiez-vous arriver aussi haut en si peu de temps ? À partir du moment où l'ambition et l'envie de jouer sont là, tout est possible. J'ai toujours eu confiance en mon potentiel. Maintenant, je reconnais que depuis deux ans, on frôle la perfection ! Ces deux dernières années ont vraiment été merveilleuses pour moi. J'ai d'excellents coéquipiers et nous gagnons quasiment tout ce qui se présente sur notre passage. Que demander de plus ? Vous vous apprêtez à disputer une nouvelle édition de la Coupe du monde des clubs de la Fifa, au Japon cette fois. Avez-vous la même motivation, maintenant que ce trophée qui manquait au club a pris place dans la vitrine du Barça ? Il est clair que la Coupe du monde des clubs reste une compétition très compliquée. Il y a de très bonnes équipes, à commencer par les Brésiliens de Santos. Mais il ne faut pas oublier non plus Monterrey qui, comme toutes les équipes mexicaines, possède beaucoup d'expérience. Ils ont des joueurs rapides en contre. Nous connaissons moins les autres équipes, mais nous les analyserons en temps voulu. Parlons de Santos justement. Neymar a fait la une des journaux à propos d'un possible transfert. Que pensez-vous de lui ? Je n'ai jamais eu la chance de jouer contre lui. Je sais que c'est un footballeur très rapide, qui aime jouer dans les couloirs. Je sais aussi qu'il a une bonne frappe des deux pieds et qu'il marque beaucoup de buts. C'est un joueur brillant. Si nous sommes amenés à affronter Santos, il est évident que nous devrons l'avoir à l'œil. Comment va le FC Barcelone cette saison? Est-ce toujours la meilleure équipe ? Il y a toujours eu beaucoup de talent à Barcelone. Cette année, avec l'arrivée de Cesc Fàbregas et d'Alexis Sanchez et l'éclosion de Thiago, nous avons une équipe plus compacte, avec plus de profondeur et des joueurs capables d'entrer en cours de jeu et de faire la différence presque immédiatement. De plus, chacun apporte sa pierre à l'édifice avec des qualités qui lui sont propres. Alexis est très fort dans les débordements. Cesc est polyvalent, équilibré et extrêmement concentré. Thiago dynamise le jeu. Avec autant de talent dans les rangs barcelonais, votre temps de jeu personnel pourrait en prendre un coup... Il y a toujours eu beaucoup de concurrence au sein de l'équipe et une grande quantité de talent dans le secteur offensif. Mais je crois que c'est une bonne chose, car la concurrence oblige tout le monde à donner le meilleur de lui-même. S'il faut tourner, ça ne me dérange pas, car je suis convaincu que chacun apporte des choses différentes. L'objectif final est de remporter les titres. Pour cela, il faut de la qualité... en quantité ! Le FC Barcelone est-il favori dans toutes les compétitions qu'il dispute ? Je crois que oui, car nous avons une équipe réellement exceptionnelle. Cela ne veut pas dire que les matches sont faciles. En réalité, tous les matches et tous les tournois sont compliqués. Chaque année, le défi augmente. Nous savons que le chemin est long et que des obstacles nous attendent sur la route, mais nous y sommes préparés. Le défi augmente car aujourd'hui, toutes les équipes connaissent Barcelone à la perfection. Est-ce le revers de la médaille quand on devient la grande référence du football mondial ? Peut-être oui. Il est vrai que quasiment toutes les équipes jouent de la même façon contre nous : tout le monde derrière, en attendant l'erreur. Les équipes nous connaissent par cœur, c'est vrai. Mais l'inverse est vrai également. De ce point de vue, l'aspect psychologique est très important. Il faut savoir être calme, ne pas s'emporter et s'appliquer à maintenir le même niveau de jeu pendant toute la partie. Quand on a tout gagné, la motivation est-elle toujours la même ? Oui, toujours. Les joueurs les plus âgés sont là pour nous le montrer. On ne perd pas l'envie de gagner. Quand vous vous entraînez à côté de Carles Puyol et que vous voyez à quel point il a faim de victoire, c'est contagieux. Dernière question : quel est le secret de votre succès ? Qu'est-ce qui a fait de Pedro un footballeur qui gagne quasiment tout aujourd'hui ? Depuis que je suis gamin, j'ai passé tellement de temps à jouer au ballon, d'abord avec mes copains, ensuite en club. Le secret est là : le travail. Ensuite, j'ai énormément appris à Barcelone, car il y a de grands entraîneurs. Le plus important est de toujours apprendre. Chaque fois qu'un nouveau joueur arrive dans l'équipe, j'essaie de l'observer pour voir comment il fait les choses. Et puis, quand vous jouez avec les meilleurs footballeurs du monde, ça finit par déteindre sur vous au bout d'un moment.