Grand remue-ménage dans le secteur arbitral où les instances dirigeantes se mettent en place. L'arbitrage est placé depuis les trois coups de la nouvelle saison dans l'œil du cyclone. Les bourdes commises par les hommes en noir font florès, suscitant un concert de protestations et graves violences et dérapages parfois «transférés» hors des enceintes sportives (à Monastir, notamment, après la rencontre USM-CSS de la 4e journée). Des sanctions à l'encontre des referees les moins performants ont été prononcées, suscitant l'ire et la désapprobation de la corporation, non pas tellement pour les mesures disciplinaires elles-mêmes, lesquelles procèdent d'une pratique courante, sinon d'une longue tradition, mais plutôt pour la contre-publicité et le discrédit les accompagnant puisqu'elles se trouvent, désormais, régulièrement rendues publiques. Mardi dernier, durant quatre heures et demie, le président de la FTF, Anouar Haddad, a eu une réunion avec les grands nababs de l'arbitrage national : Habib Nani, président de la Direction nationale d'arbitrage (DNA), sur la sellette il y a une semaine et dont le départ aurait été décidé avant d'assister à une volte-face de la toute dernière minute avec une confirmation à son poste, mais dans une nouvelle configuration, Hichem Guirat, président de la commission de la désignation et nouvel homme fort du secteur, Mourad Daâmi, président de la Commission des commissaires de match, Atef Yaâcoubi, président de la commission du suivi et de l'évaluation, et Naceur Kraïem, chargé de la commission du recyclage. Le conseiller du président de la FTF en matière d'arbitrage, Allala Malki, et le secrétaire général administratif de la fédération, Ridha Kraïem, ont également participé à cette réunion qui aura permis de fixer la composition (six membres) de chacune des commissions nationales et régionales. La redistribution des cartes et les axes de la stratégie mise en place doivent recevoir l'aval du bureau fédéral dans sa prochaine réunion. Le nouveau staff directeur de l'arbitrage entend conforter les arbitres internationaux en leur assurant un nombre conséquent de rencontres à diriger. Il veut abandonner les communiqués péremptoires et confinant au voyeurisme pour annoncer les sanctions infligées aux arbitres pour les erreurs commises et influant sur le cours d'une rencontre. Véto contre le recours aux arbitres étrangers La mesure la plus importante annoncée par l'équipe Nani-Guirat a trait au rejet systématique du recours aux arbitres étrangers quels que soient l'importance de la rencontre, ses enjeux, son caractère de match à hauts risques et la pression que pourraient mettre les clubs dans leur requête pour désigner des referees venant d'autres horizons. Cette mesure s'inscrit en vérité dans la continuité puisque aussi bien Younès Selmi que Habib Nani (dans l'ancienne version de la DNA) avaient jalousement défendu cette option, au cœur même du climat de tension ayant suivi la révolution de la liberté, dans la deuxième moitié de la saison dernière. D'ailleurs, le président fédéral en fera un motif de grande satisfaction, une sorte de pari réussi par son bureau qui aura permis —se plaît-il toujours de rappeler— d'économiser l'équivalent de 300 mille dinars, la moyenne des frais généralement engagés dans le financement du recours apporté par des sifflets étrangers. Bien entendu, le cas de l'arbitre international libyen Adel Erraï échappe au label «referee étranger». Ayant sollicité la FTF pour pouvoir exercer en Tunisie, le football libyen se trouvant aux arrêts depuis le mois de février dernier et le déclenchement de la révolution, il a obtenu mardi le feu vert pour officier en Ligue 3 amateur, tout en se soumettant aux conditions d'un arbitre tunisien pour ce qui est des indemnités, notamment. Dans l'immédiat, donc, quand bien même il a réussi récemment à passer avec succès le test Warner, Erraï ne sera désigné ni en L1 ni en L2. Contrairement à une première tendance qui l'avait vite affecté pour siffler, d'emblée, et dans la situation de manque de compétition qui est aujourd'hui la sienne, une affiche très sensible du championnat de l'élite CABizertin-Espérance de Tunis (3e journée). On sait que l'intervention du club nordiste, qui a récusé cet arbitre, a conduit à l'annulation de cette désignation fort mal à propos. Mais au-delà des grandes lignes que compte adopter le nouveau directoire de l'arbitrage national, l'urgence des actions à entreprendre ne peut aucunement reléguer au second plan le besoin tout autant impérieux de dresser un check-up objectif du secteur: de gros retards de versement des indemnités, lesquelles n'ont toujours pas connu d'augmentation malgré les promesses fédérales; le volet assurance des arbitres à régler; celui des entraînements qui se déroulent dans des conditions indignes, notamment dans les régions, aussi. Sans occulter la nécessaire protection des hommes en noir contre les agressions, brimades et violences qui, depuis un certain temps, ont tendance à être banalisées. C'est, au final, un immense chantier qui attend une DNA new-look.