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Troïka : attention à la marche !
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 01 - 2012


Par Mohedine BEJAOUI
De tergiversations à rétro pédalages, les actions menées par les autorités depuis l'instauration du nouveau pouvoir poussent à redouter de faire fausse route dès lors que les aspirations légitimes du peuple tardent à recevoir une traduction dans les faits.
La Troïka aux commandes du gouvernement provisoire semble hésiter dès l'apparition des premières difficultés, attitude au demeurant prévisible au vu de l'inexpérience — à sa décharge — et au déséquilibre des forces en présence. L'observation des profils des nominations laisse apparaître un compromis — nécessairement précaire — s'apparentant davantage à une combinazione à la sauce italienne qu'à la représentativité opérationnelle et fonctionnelle. En effet, d'aucuns se demandaient comment agirait ce gouvernement novice, dominé par Ennahdha, majoritaire, face aux revendications populaires urgentes ?
Les plus sceptiques — j'en fais partie — ne voyaient pas Ennahdha affronter la situation économique extrêmement difficile sans véritable projet et pressentaient son retranchement derrière les slogans qui ont fait son fonds de commerce : le projet de société islamique et/ou islamiste, selon sa position — flexible — sur l'échiquier hétéroclite de ce mouvement. Le piège qu'Ennahdha — et le gouvernement par ricochet – se devait d'éviter est de céder à d'encombrants sympathisants «jusqu'auboutistes» : les salafistes. Comment éviter l'ambivalence ? Comment tenir des discours rassurants sur le statut de la femme lorsque des salafistes font la loi — «chariaèsque» — dans les localités reculées, menaçant hommes et femmes considérés comme impies parce que non voilées ou fumant une cigarette ?
En réponse aux réprobations véhémentes de la société civile, des responsables d'Ennahdha ont crié à la diabolisation et aux exagérations, qui faisaient de quelques actes isolés une généralité.
La raison dictait de ne pas faire un procès d'intention aux nahdhaouis et au gouvernement actuel : laissons-les travailler et jugeons les faits, rien que les faits, contentons-nous d'évaluer les résultats. Soit !
Le premier signe avant-coureur plus que décevant est apparu à l'issue des tractations entre les trois vainqueurs du scrutin : le président a été désigné par la majorité, candidat unique; il remporta les suffrages des membres de la coalition. La légalité fut respectée dans sa lettre, toutefois son esprit a été malmené. L'histoire se répète : encore un candidat qui se présentait contre lui-même pour la présidentielle. La symbolique est forte, elle renvoie à une pratique détestable. Nous avions eu Bourguiba pendant 31 ans, subi Ben Ali pendant 23 ans : espérons que Marzouki n'ira pas au-delà de son mandat d'une année, sauf s'il est réélu normalement par le peuple ou ses représentants selon la nature constitutionnelle du régime qui sera adopté dans 10 mois.
Sans abuser d'assimilations injustifiées, les candidats uniques continuent de contrarier l'esprit de la démocratie en Tunisie, même si, faut-il le rappeler, la règle démocratique a été respectée lors de ce dernier épisode. Ce sont les limites de l'exercice démocratique. Nous ferons avec.
Vint à la suite de cela la composition pléthorique du gouvernement, démarche opérée afin de satisfaire les appétits des uns et des autres tout en essayant de sauvegarder un semblant d'équilibre au sein de la Troïka (Ennahdha, Ettkattol, CPR). Plus de 50 ministres lors du premier essai. Alors que la situation critique plaide pour un gouvernement restreint, cohérent et très technique, nous avons assisté à des enchères indignes du moment ainsi que des sacrifices des morts et des vivants de ce pays. Quelques nominations familiales ne manquèrent pas d'indigner le peuple qui pensait avoir tourné la page du népotisme et du clientélisme. Gendres, frères et cousins d'éminents cadres d'Ennahdha ont été promus à des postes stratégiques, sous les huées d'une société civile qui a tant haï les pratiques du dictateur, généreux mécènes des siens : épouse, gendres, beaux-frères, famille directe et famille par alliance.
Deuxième test raté qui préfigure d'autres atermoiements : les évènements de la faculté de la Manouba sont emblématiques des limites de ce gouvernement et symbolisent à plus d'un titre le piège qu'Ennahdha ne put éviter. Le président provisoire, fraîchement désigné, ne put qu'emboîter le pas à ce qu'il considérait comme fédérateur : plaire à tous au prix d'un reniement de plusieurs années de militantisme au service des droits de l'homme — et de la femme ! Lors de son discours d'investiture, il traita des millions de Tunisiennes non voilées de safirate, terme qui en a offusqué plus d'une, clin d'œil bien appuyé à la frange la plus intolérante de notre société. Le président oublie que, quoi qu'il dise dans ce sens, il courra en vain derrière des salafistes autrement plus convaincants sur le sujet aux yeux des leurs sympathisants, qui in fine « choisiront l'original plutôt que la copie», disait Le Pen à l'endroit de ceux qui lui empruntaient ses sorties xénophobes le temps d'une campagne électorale, avant de retourner à une honteuse respectabilité républicaine une fois le scrutin clos. Ne vaut-il pas mieux «perdre des élections que perdre son âme», disait un éphémère présidentiable français, Michel Noir, dépité par la dérive droitière de son camp.
De tels propos cautionnent l'intolérance d'une secte sexiste, extrémiste, qui gravite autour d'Ennahdha, parti censé représenter l'islamisme modéré. C'est ignorer que tolérer les discours menaçants, l'appel au meurtre et l'action violente d'une milice organisée qui projette d'ériger des émirats (Sejnen, Teskraya, ....) décrédibilise le catalogue de bonnes intentions que Monsieur le Premier ministre nous a servies au premier soir de sa nomination.
Ce gouvernement a dilapidé, en quelques semaines, son maigre capital de confiance, celui qui aurait normalement dû lui valoir un Etat de grâce : il s'enlise tous les jours dans les approximations et gesticule sur des chemins tortueux. Lorsqu'un gouvernement est dépourvu de vision, le peuple n'a pas de visibilité et l'horizon se bouche. Que dire de la visite présidentielle en Libye, de la «fusion» entre la Tunisie bredouillant son processus démocratique et la Libye en guerre civile, dont les autorités proclament la charia comme prochaine Constitution ? Union avec un pays voisin à moyen terme pour l'un, califat à long terme pour l'autre : un esprit mal tourné ferait le lien. Cela laisse perplexe.
Des évènements graves ont émaillé plusieurs semaines d'occupation — illégale — d'une université, faut-il le rappeler à M. le Premier ministre qui s'émouvait d'autres sit-in ici et là sauf à la faculté de Manouba. Les exactions et autres infractions à la loi sont loin d'être des actes isolés, outrageusement grossis par la loupe des médias, comme feignent de le déplorer les dirigeants d'Ennahdha, très gênés aux entournures par des alliés plus ou moins contrôlables. Trois étudiantes en niqab, entourées d'une milice étrangère, munie d'armes blanches et de gourdins, bloquent près de 7.000 étudiants et les empêchent d'étudier, insultent les professeurs et menacent les «ahirate» — terme plus cru et plus insultant que safirate, — suivez mon regard — sans que ni la police, ni le ministre de l'Enseignement supérieur ne daignent utiliser la force publique pour les déloger. Il a fallu attendre près d'un mois pour qu'enfin le droit ait pu laborieusement reprendre pied dans sa cité. Des autorités qui n'ont pas hésité à réprimer étudiants et enseignants qui sont allés manifester leur ras-le-bol de la manière la plus pacifique devant les locaux du ministère où s'affichait ostentatoirement à une de ses fenêtres un slogan qui soutient les «enniqabées» et les défenseurs d'el hawia — l'identité. Double insulte à la neutralité du service public et au respect de l'intégrité physique et morale de l'enseignant, qui n'est plus prophète en cette Tunisie post-révolution !
Voilà qu'enfin le parti d'Ennahdha ose enfin s'exprimer dans un communiqué rendu public, pour déplorer : «l'anarchie et la tension dans différents endroits et notamment à la faculté des Lettres de La Manouba suite à la requête de certaines étudiantes portant le niqab de passer les examens et leur refus de se conformer aux procédures administratives.
Ennahdha rappelle son refus de la provocation de l'opinion publique et déclare que chacun doit assurer ses responsabilités vu les circonstances de transition démocratique qui nécessite le contrôle de soi et de donner la priorité à l'intérêt du pays aux dépens de tout calcul politique ». Le communiqué qui renvoie dos à dos agresseur et agressé est un modèle du genre en matière de langue de bois. Qui provoque qui ? Qui doit assumer ses responsabilités ?
Les bloqueurs de la faculté de La Manouba provoquent, menacent dans l'impunité totale. Le ministre de l'Intérieur et le ministre de l'Enseignement supérieur doivent assumer leurs responsabilités, assurer le droit d'étudier et d'enseigner et expulser hors de l'enceinte universitaire toute personne étrangère occupant illégalement un établissement public.
L'intérêt du pays réside dans le rétablissement de la sécurité, partout sur le territoire. Il convient de réinvestir toutes les localités érigées en émirats autonomes, où des salafistes expérimentent leur projet sociétal totalitaire.
A un moment où des «harraga» tentent désespérément d'éteindre leur soif de vivre en se jetant à la mer, au péril de leur vie, pour rejoindre l'Eldorado chimérique d'une Europe en récession, que d'autres s'immolent par le feu en désespoir de cause et de dignité bafouée, il est temps de s'emparer de l'essentiel avec vigueur, sans parti pris, ni procès en sorcellerie.
Nous ne saurons faire l'économie d'une reprise en main de l'économie et de son corollaire : le social. Les incendiaires ne sont pas ceux que l'on croit :ceux qui s'aspergent d'essence ne brûlent que leur vie, pas celle des autres.


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