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Sur les méditations de Casanova
Portrait
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 01 - 2012

Giacomo Girolamo Casanova (1724-1798) n'était pas uniquement un séducteur hors pair, mais aussi un grand écrivain. Ses Mémoires rédigées au crépuscule de sa vie le prouvent. Ses méditations extraites de ses mémoires publiés en poche par les «Editions Rocher» révèlent qu'il était aussi un fin penseur dont les idées et les réflexions étaient le miroir de sa vie tumultueuse marquée par des intrigues amoureuses et par des expériences précieuses dans tous les domaines. Personnellement, je ne me lasse pas de relire ses méditations. C'est pour cette raison qu'elles n'accompagnent souvent. J'adore les relire au cours de mes longs voyages dans les avions et dans les trains. Au cours de mon dernier séjour à «Böll-Haus» au nord de l'Allemagne, tout près de la frontière belge, ils m'étaient d'une grande utilité en écrivant mon nouveau roman L'orphelin du temps qui paraîtra à Beyrouth au cours de l'année 2012.
Né à Venise le 2 avril 1724, Casanova avait vécu une enfance heureuse sous la protection de sa grand-mère maternelle qui l'avait introduit au monde secret et intime des femmes. Très tôt, il a été impressionné par le rituel de la sorcellerie. C'est ce qui explique son goût pour l'ocultisme.
A l'université de Padoue, il était obligé d'accepter le choix de sa famille et d'étudier le droit pour devenir avocat. Plus tard, il écrira dans ses Mémoires : «Ma vocation était celle d'étudier la médecine pour en exercer le métier pour lequel je me sentais un grand penchant, mais on ne m'écouta pas. On voulut que je m'appliquasse à l'étude des lois pour lesquelles je me sentais une aversion invincible. On prétendait que je ne pouvais faire ma fortune que devenant avocat, et ce qui est pire, avocat ecclésiastique, parce qu'on trouvait que j'avais le don de la parole. Si on avait bien pensé, on m'aurait contenté en me laissant devenir médecin, où le charlatanisme fait encore plus d'effets que dans le métier d'avocat».
Après avoir obtenu son doctorat en 1742, Casanova allait entreprendre de longs voyages à travers l'Europe. Toutes les villes l'attiraient et le fascinaient. Dans chacune d'elles, il aimait vivre des expériences amoureuses, étudier les mœurs des sociétés, rencontrer des personnalités influentes, s'introduire dans les fastueux palais des princes et des dignitaires aristocrates.
A Constantinople, il avait découvert l'exotisme de la culture orientale dans les palais des sultans othomans. Après un séjour à Londres, il dut s'enfuir à cause des dettes et à la suite d'un duel où il fut blessé. Sur les Anglais, il écrira plus tard dans ses mémoires: «L'esprit démocratique est dans le peuple anglais, même beaucoup plus qu'actuellement dans le français. Mais la force de la Constitution le tient soumis. L'esprit de rebellion enfin existe dans toute grande ville, et le grand ouvrage du sage gouvernement est celui de la tenir endormi, car s'il se réveille, c'est un torrent que nul digne ne peut retenir».
Casanova avait effectué plusieurs séjours à Paris. Au cours de l'un d'eux, et ce, en 1755, il fut arrêté, puis emprisonné aux «Plombs», une prison de triste renom située sous les combles du palais des Doges, et qui devait son nom aux plaques de plomb qui reconvraient son toit. Revenant sur cette expérience amère de la prison, il avait écrit dans ses mémoires: «Les Plombs en quinze mois me donnèrent le temps de connaître toutes les maladies de mon esprit. Mais il m'aurait été nécessaire d'y demeurer davantage pour me fixer à des maximes faites pour les guérir». Sur les Français, il avait écrit : «Dans ce temps-là les Français s'imaginaient d'aimer leur Roi, et ils en faisaient toutes les grimaces. Aujourd'hui on est parvenu à les connaître un peu mieux. Mais dans le fond les Français sont toujours les mêmes. Cette nation est faite pour être toujours dans un état de violence. Rien n'est vrai chez elle, tout n'est qu'apparent. C'est un vaisseau qui ne demande que d'aller, et qui veut du vent, et le vent qui souffle est toujours bon. Aussi un navire est-il les armes de Paris». Et Paris était pour lui «la ville où l'imposture fera fortune».
A Rome, Casanova tomba amoureux de Marinccia, une jeune fille de dix-sept ou dix-huit ans, que le hasard lui présenta dans une rue de nul passage «où elle vivait dans l'obscurité de la pauvreté». C'est en poète et peintre qu'il avait décrit sa beauté : «La blancheur de Marinccia était si animée qu'elle offrait aux yeux un incarnat qu'aucun peintre n'aurait jamais su attraper. Ses yeux noirs, très fendus et à fleur de tête, et toujours remuants, avaient sur leur superficie une rosée qui paraissait un vernis du plus fin émail. Cette rosée imperceptible que l'air dissipait très facilement reparaissait toujours plus fraîche au rapide clignement de ses cils. Ses cheveux, tout recueillis en quatre grosses tresses, s'unissaient à la nuque pour y former un beau globe. Ils jetaient dehors, sur tous les bords de la belle chevelure, pour orner les confins de son front spacieux, par-ci, par-là, des petites boucles crépues où on ne voyait ni art, ni ordre, ni étude. Les roses vivantes animaient ses joues, et le doux rire habitait sur sa belle bouche et sur ses lèvres de feu, qui ni bien jointes, ni bien séparées ne laissaient voir dans une ligne très droite que l'extrémité de ses blancs râteliers».
Casanova était aussi à Vienne, à Prague, en Espagne, à Berlin où il avait rencontré Frederich le Grand. A Moscou, il fut reçu par la Grande Catherine.
C'était seulement en 1792, alors qu'il avait l'âge de 68 ans, que Casanova avait trouvé sa vocation comme écrivain. Face à la vieillesse et au spectre de la mort, l'écriture de ses mémoires était pour lui «le seul remède pour ne pas devenir fou ou nourri de chagrin à cause des désagréments des coquins». En se donnant à l'écriture dix à douze heures par jour, il avait pu «empêcher le noir chagrin de le tuer ou de le faire perdre la raison».
Au début de ses mémoires, Casanova avait écrit : «Je n'ai pas écrit ces mémoires pour la jeunesse qui pour se garantir des chutes a besoin de la passer dans l'ignorance. Mais pour ceux qui à force d'avoir vécu sont devenus insusceptibles de séduction, et qui à force d'avoir demeuré dans le feu sont devenus salamandres».
Faisant l'éloge des plaisirs de la vie, Casanova s'était moqué des philosophes pessimistes en ces termes : «Pour fermer la bouche à un philosophe qui ose vous dire que dans la vie de l'homme la masse des peines est supérieure à celle des plaisirs, demandez-lui s'il voudrait d'une vie où il n'y aurait ni peine ni plaisir. Car s'il dit non, il la chérit, et s'il la chérit il l'avoue agréable, ce qu'elle ne pourrait pas être si elle était pénible. Et s'il vous dit que oui, il se confesse pour sot, car il est obligé de concevoir le plaisir dans l'indifférence».
Pour Casanova, toute souffrance exclut le bonheur. Donc il faut tout faire pour l'empêcher de nuire et de planter ses griffes dans notre chair et dans notre âme. Comme Omar Khayyam, le grand poète persan, il déclare : «Jouis du temps présent, compte sur l'avenir le moins que tu peux».
Ayant pratiqué l'art de la séduction tout au long de sa vie, Casanova décrit le séducteur en ces termes : «Le séducteur de profession, qui en fait le projet, est un homme abominable, ennemi foncièrement de l'objet sur lequel il a jeté le dévolu. C'est un vrai criminel qui, s'il a les qualités requises à séduire, s'en rend indigne en abusant pour faire une malheureuse».
Pour Casanova, le fond de l'amour «est une curiosité», et la femme «un livre qui, bon ou mauvais, doit commencer à plaire par le frontispice». Si ce livre n'est pas intéressant, il ne donne pas l'envie de le lire et cette envie «est égale en force à l'intérêt qu'il inspire».
Sur ses expériences de séduction, Casanova avait écrit : «Dans ma longue carrière libertine, pendant laquelle mon penchant invincible pour le beau sexe m'a fait mettre en usage tous les moyens de séduction, j'ai fait tourner la tête à quelques centaines de femmes dont les charmes s'étaient emparés de ma raison. Mais ce qui m'a constamment le mieux servi, c'est que j'ai eu soin de n'attaquer que les novices, celles dont les principes moraux ou les préjugés étaient un obstacle à la réussite, qu'en société d'une autre femme».
Et Casanova ajoute à propos des femmes : «J'ai aimé les femmes à la folie, mais je leur ai toujours préféré ma liberté. Lorsque je me suis trouvé dans le danger de la sacrifier, je ne me suis sauvé que par hasard».


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