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La deuxième République, une nouvelle tour de Babel ? (1ère partie)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 01 - 2012


Par Chokri ASLOUJE*
On trouve les traces du mythe de la cité légendaire de Babel, qui remonte à 3.000 ans avant notre ère, aussi bien dans la révélation coranique que dans les traditions judéo-chrétiennes, comme évoqué dans le livre de la Genèse. Babel vient du mot akkadien Bab ilu, dont la déclinaison arabe est Bab-Allah, ce qui veut dire la porte de Dieu ou la porte des cieux. Babel se situe dans l'ancienne Mésopotamie qui est l'actuel Irak. Le récit des anciens textes légués nous enseigne qu'après le grand déluge, les descendants de Noé étaient les seuls rescapés de la race humaine: ils avaient par conséquent une croyance commune et parlaient la même langue adamique. C'est Nemrod, le « roi-chasseur » régnant en souverain absolu sur cette nouvelle semence de la société humaine et s'autoproclamant Dieu Tout-Puissant, qui a eu l'idée de construire à Babel un Palatinum assez haut pour que son sommet atteigne le ciel. L'histoire de cette tour décrit en somme ce désir profond chez l'Homme de se faire un nom et de pénétrer les cieux dans le but de jouer ou encore mieux de remplacer Dieu. A défaut de pouvoir atteindre les cieux, l'Homme se contentera de vivre ses fantasmes sur terre, comme en témoignent les méfaits et les atrocités perpétrés par les petits et les grands tyrans, dont on a le témoignage tous les jours, plein les oreilles et les yeux. Ce penchant est aussi, de toute évidence, dans une parfaite continuité logique avec le récit du paradis, où Adam et Eve commettaient le péché originel en espérant devenir des dieux immortels.
Pour contrecarrer leur projet mécréant et hérétique qu'il jugeait plein d'orgueil, Dieu, selon le même récit, multiplia les langues afin que les hommes n'arrivent plus à communiquer puisqu'ils n'étaient plus en mesure de se comprendre. Chacun commençait alors à bâtir la section de la tour qui lui incombait, à sa guise et comme bon lui semble, sans concertation ni coordination avec le reste des bâtisseurs et sans conserver en arrière-pensée les contraintes de la fondation et de la structure portante de l'édifice. La tour n'a pas tardé à céder et à s'effondrer sous le poids de cette bêtise conceptuelle monumentale, ne laissant derrière elle qu'un amas de gravats. Ainsi échoua ce grand projet et la construction a dû s'arrêter. Les Hommes, qui n'avaient plus de projet commun et qui ne parlaient plus la même langue et, par conséquent, ne pensaient plus la même chose, n'eurent aucune autre alternative que de se disperser sur la terre pour former des clans, des tribus, des peuples, des royaumes, des empires et des états et pour écrire, depuis lors, l'histoire ensanglantée de l'Humanité avec des guerres et des conflits qui perdurent jusqu'à ce jour, attisés par la disparité des langues, des cultures, des religions, des dogmes, des idéologies et des intérêts et que les humains n'arrivent pas à gérer autrement que par la violence.
Cette histoire est parfois vue comme une tentative socio-anthropologique en vue d'éclairer la cause énigmatique de l'existence de plusieurs langues et, par conséquent, de plusieurs cultures. Cette même diversité linguistique peut être vue aussi comme une métaphore du malentendu humain; où contrairement aux animaux, les êtres humains ne se comprennent pas par des signes ou des sons univoques, mais plutôt par l'équivocité des mots, ce qui engendre inévitablement des malentendus, des différends, des conflits mais aussi des guerres, hélas. L'histoire de la tour de Babel est certainement aussi le véhicule de préceptes d'ordre moral : elle illustre les dangers liés à l'orgueil humain qui consiste à vouloir se placer dans une relation d'égalité avec Dieu, de le défier en voulant transgresser ses lois et vivre en accord avec des lois séculaires. Elle démontre aussi, sans équivoque, la nécessité qu'ont les humains de se parler, de s'entendre et de se comprendre pour réaliser des grands projets. Elle montre aussi le risque de voir échouer ces projets s'ils ne portent aucune référence à Dieu, servant juste à prouver que l'Homme est égal à lui-même et qu'il peut tout faire dès lors qu'il le veut. Elle indique aussi sans doute que toute activité commune n'a aucune perspective de réussite, si chacun parle son propre jargon en menant un dialogue de sourds avec le reste du monde et en défendant juste son propre intérêt sans consacrer aucune pensée à l'intérêt général avec seul Leitmotiv : «Après moi le déluge» !
En observant le carrousel des évènements qui ont défrayé la chronique depuis le début de la révolution de la dignité, je n'ai pu m'empêcher d'établir des parallèles dans tout ce qui se passe sous nos cieux avec le récit de la tour de Babel. Ceci prouve encore une fois, à mon avis, que l'histoire ne cesse de se répéter dans un cycle perpétuel, qui trouve l'une de ses manifestations dans la réincarnation des âmes selon la culture hindouiste ou dans le phénomène inexpliqué du «déjà-vu» dans la culture occidentale. J'en vois aussi la preuve irréfutable que l'Homme, aveuglé par les défauts inhérents à sa nature, ne cesse de répéter les mêmes bêtises et que sa folie des grandeurs et son avidité de pouvoir prennent presque toujours le dessus sur sa raison, l'empêchant de tirer les bons enseignements de sa propre histoire.
D'abord, j'ai vu le déluge écrasant et imprédictible avec une déferlante enflée de colère, de courage et d'espoir de la jeunesse tunisienne, qui a balayé un despote, se croyant éternellement inébranlable car il a cru que rien ne pourrait lui arriver puisqu'il a soumis l'intérieur en opprimant sauvagement son peuple et qu'il a ménagé l'extérieur en sacrifiant, sur l'autel de sa vanité, les intérêts nationaux pour satisfaire les puissances étrangères. Ensuite, j'ai vu la miséricorde de la providence divine épargner au peuple tunisien de payer un lourd tribut pendant les tourmentes de la révolution, en limitant les dégâts à un minimum, que je qualifierai de miraculeux. Ce qui m'amène à comparer le peuple tunisien, pendant les tumultes de la révolution, aux passagers de l'arche de Noé, face aux éléments déchaînés de la nature, pendant le déluge.
Puis j'ai vu les premières tentatives visant à rétablir l'Etat et pour mettre en place les fondements de l'édifice (Palatinum) de la deuxième République avec les nombreuses instances, la Constituante et les gouvernement provisoire, mais aussi entendu le vacarme assourdissant provoqué par des voix haineuses, qui n'ont reculé devant aucun sacrilège, qui n'ont épargné aucun sentiment de piété des Tunisiens et qui n'ont lésiné sur aucune diversion pour imposer une Tunisie nouvelle, qui ne fait aucune référence au divin (voir la polémique enragée sur l'article premier de la Constitution et sur les principes supra-constitutionnels pour verrouiller la Constitution devant les élus du peuple). J'ai assisté aussi à la polarisation qui commençait à malmener dangereusement la cohésion de notre société entre deux projets sociétaux présentés comme étant antagonistes et incompatibles, l'un qui se veut progressiste et moderniste et l'autre stigmatisé comme étant obscurantiste et rétrograde.
Puis j'ai assisté aux discussions soutenues et aux appels effarés pour revendiquer l'indépendance (c'est bien une indépendance à ne pas confondre avec une autonomie) des institutions suivantes: Cour des comptes, Cour constitutionnelle, Instance permanente de lutte contre la corruption, Conseil supérieur de l'audiovisuel, Banque centrale, Conseil du marché financier, Institut national de la statistique, universités, médias, justice, forces de l'ordre, culture, économie, conseils régionaux, municipalités, syndicats et la liste est encore longue, très longue.


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