Cette épreuve prend pour fin la personne humaine, son plein épanouissement et sa volonté d'échanger et de partager A l'issue de la cérémonie de la remise des prix du Concours international Cicero de latin qui s'est déroulée mardi dernier au pavillon de l'Union européenne dans le cadre de la Foire internationale du livre de Tunis, au Parc des expositions du Kram, et en présence de nombreuses personnalités diplomatiques, culturelles et universitaires dont l'ambassadeur et chef de la délégation de l'UE, Moez Majed de IGA Tunisie et Claude Pinganaud, directeur des éditions Arléa Paris, nous avons recueilli les impressions du professeur Patrick Voisin et des deux lauréates du concours : Cheyma Dallagi et Samar Tlili. Pr Patrick Voisin : «Avant toute chose, je dois remercier vivement toutes les bonnes volontés qui se sont mobilisées pour assurer le bon fonctionnement et le succès de cette manifestation qui a la chance de se dérouler dans cette Tunisie si accueillante et tellement résolue à ne pas tourner le dos à son passé. Mes remerciements s'adressent tout particulièrement aux autorités tunisiennes dont nous apprécions le souci de faire du secteur de la culture leur priorité. Par l'intermédiaire du journal La Presse, je souhaiterais témoigner toute ma gratitude à ceux et celles, ici en Tunisie ou en France, qui ont cru en nous en nous soutenant moralement et financièrement, avec une attention toute particulière à Moez Majed. Qu'il en soit remercié. Il est communément admis qu'une culture bien assimilée constitue un rempart contre toutes sortes de dérives et en même temps une réponse au dérèglement du monde. Par voie de conséquence, les grandes aventures humaines sont marquées par le sceau de la volonté d'échanger et de partager et par celui de l'amitié». Le Pr P.Voisin s'est félicité du retentissement du concours qui a suscité parfois une polémique et même des reproches de certains étudiants des grandes villes de l'intérieur qui, faute d'avoir été prévenus à temps, n'ont pas eu l'opportunité d'être admis à concourir. Promesse leur a été faite qu'à l'avenir on tiendra compte de leurs doléances. Cheyma Dallagi, première lauréate, nous en dit : «Pourquoi ai-je choisi le latin? Je dirai que c'est bien l'inverse qui s'est produit. Sans élitisme aucun et loin de toute vantardise, j'entends par là qu'être latiniste est tout naturel, puisque, sans que l'on sache pourquoi, lorsque nous parlons français, espagnol, italien ou même roumain, c'est un peu du latin que nous utilisons. Personnellement, ma passion pour le latin est née depuis mes premières expériences avec la littérature. En lisant des textes français, je butais parfois sur des expressions latines, des mots «déguisés», exotiques, en tunique et spartiates, vagues et lointaines réminiscences d'une Antiquité bien moins révolue qu'on ne le pense. C'était un plaisir de creuser derrière les mots, de soulever les pierres une à une et retrouver le secret de leur étymologie. Le latin a été pour moi, au-delà des déclinaisons, une aventure ‘‘humaniste'', mot cher à notre professeur, Nadia Ghrandi, qui nous a si courageusement soutenues tout au long de cette ‘‘Felix via''». Samar Tlili, 2e lauréate, nous explique son engouement pour le latin : «Cette manifestation a combiné le plaisir et la culture. C'est précisément dans cette ambiance de détente et d'ouverture sur le monde qu'on apprend à aller vers l'autre et à l'accepter dans toute sa différence. C'est si exaltant de voir des jeunes des quatre coins du monde, réunis dans une même épreuve et sur un même sujet, briser la glace des barrières culturelles. Grâce au latin, langue morte, des jeunes ont communié par les sentiments et l'esprit le principe solennel qu'en fin de compte nous appartenons tous à la même civilisation».