Peu de mots autant que pollution ont une résonnance aussi pesante, lourde et dense. Le comble, c'est quand elle constitue une véritable épidémie qui se répand sur nos villes . Surtout quand l'irresponsabilité est poussée jusqu'aux limites de l'insoutenable. Mais les années ne passent jamais impunément. Car, comme le disait Angélus Silesius, la vie n'est lourde que de choses légères. Comme ces petits riens de déchets, détritus, restes de matériaux de construction et autres saletés qu'on ne cesse de déverser, par exemple, dans le lit de l'Oued Sidi Moussa, qui se trouve entre Nabeul et Dar Chaâbane El Fehry. Quand il est plus ou moins à sec déjà, c'est une pitié, mais quand il pleut, c'est une autre paire de manches. Des plus catastrophiques. Pour l'environnement naturel et humain, immédiat et lointain. Parce qu'après l'amoncellement des ordures ménagères, industrielles et autres, avec toutes les odeurs nauséabondes qu'elles dégagent et les moustiques de toutes sortes, dont elles sont le foyer surtout en été, par temps pluvieux, le tout suit le cours de l'eau dans l'oued, pour finir par se déverser dans la mer ou à son seuil. Au prix de la bonne santé de la plage, la mer et tout le paysage. Ceux des deux villes bien sûr. C'est un peu ce que soulignent avec pudeur, une maîtrise tranquille, un regard franc parce qu'honnête les quelque cinquante membres, de vingt à quarante ans, de cette toute nouvelle association, native de tout juste un mois: l'Association des amis de l'environnement à Dar Chaâbane El Fehry. Elle vient d'entreprendre en collaboration avec les municipalités des deux villes concernées, quelques associations actives des deux côtés, la direction régionale de l'équipement et l'Onas une grande action de sensibilisation à la protection de cet oued qui s'étend sur environ trois kilomètres et demi. Avec l'entreprise, en parallèle, d'une action de nettoyage et de propreté. Surtout du côté des points noirs qui s'étalent sur quelque 1.200 mètres, à partir de la ceinture en direction de la rue Arbi-Zarrouk (marché des piments) à Nabeul, puis du prolongement de l'avenue Ali-Belhouane en direction de la mer à Dar Chaâbane El Fehry. L'initiative est bonne. Elle mérite donc d'être saluée.