Siégeant devant le ministère de l'Emploi depuis une quinzaine de jours, des jeunes du bassin minier de Gafsa ont organisé, hier, à Tunis, une marche contestataire au cours de laquelle ils ont été accompagnés par d'autres jeunes venus spécialement de Gafsa pour exprimer leur colère et leur désespoir. La marche, qui a parcouru toute l'avenue Habib-Bourguiba, a été une occasion pour rappeler la mémoire des martyrs de la révolution et pour dire que le bassin minier a besoin d'être reconsidéré avec plus d'égards. Les manifestants disent qu'ils en ont marre des conditions misérables qu'ils continuent à vivre et qui menacent, face à l'indifférence des responsables, de durer longtemps encore. Les causes de ce désespoir qui a poussé certains à entamer une grève de la faim et d'autres à tenter de se suicider (trois sont actuellement hospitalisés) ont été criées à plusieurs reprises et en maintes occasions, ne rencontrant de leur point de vue que l'indifférence : une indifférence que Mohamed, jeune originaire de Redayef, a tendance à prendre pour du mépris. Le chômage et les conditions de vie misérables qui s'y rattachent sont les principales causes du désespoir des jeunes de la région. Mohamed a déposé sa candidature pour intégrer la CPG (Compagnie des phosphates de Gafsa) et il n'a pas été retenu, tout autant que ses quatre frères. Il a rejoint le sit-in devant le ministère de l'Emploi depuis le 21 avril. Il revendique la publication des résultats du concours de la CPG et dénonce le manque de transparence au niveau du recrutement et du traitement des dossiers, citant au passage des cas de personnes ayant déjà un emploi et qui ont été retenues pour intégrer la compagnie, alors que d'autres qui appartiennent à des familles sans revenus ont été écartées. Il se retrouve, en effet, tout autant que nombre de manifestants, face à une situation d'injustice qui les dépasse et qui n'est, pour eux en tout cas, pas sans rappeler une ère qu'on croyait révolue : celle où les mots d'ordre était «corruption, copinage et traitement de faveur».