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Du scandale de Sousse 1959 à Sidi-Bouzid 2010
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 06 - 2012


Par Khaled EL MANOUBI
En 1955, le youssefisme battait son plein dans le pays et le gouvernement dominé par le bureau politique de Bourguiba et dirigé par Tahar Ben Ammar louvoyait non pas entre les deux protagonistes – Bourguiba et Ben Youssef – mais entre Bourguiba et le peuple.
Ainsi, Ezzedine Abassi, ingénieur de son état et ministre, lors d'une visite à Gabès en 1955, s'est retranché non pas derrière des considérations politiques mais derrière un argument prétendument technique pour rejeter le vœu de la population consistant à voir le creusage d'un port de commerce : la mer serait trop «vivante» — du fait de l'amplitude de la marée — pour que l'on puisse éviter l'ensablement. Le port de Gabès, construit 15 ans plus tard, n'est toujours pas ensablé... Et dans le congrès de Sfax – capitale du Sud – (1955), Bourguiba ne put que promettre au Centre et au Sud une mise en valeur agricole substantielle.
Mais une fois personnellement victorieux, 4 ans plus tard, il revient sur cette promesse au congrès de Sousse par la voix de Bahi Ladgham en ces termes : «L'orientation que nous avons prise au précédant congrès doit être, à mon avis, partiellement modifiée puisqu'elle nous éloigne de la réalité en matière agricole». La justification de cette volte-face – en réalité totale et non partielle comme nous le verrons – est franchement spécieuse. Le rapport énoncé par le secrétaire général indique que «les études que nous avons menées montrent que les capitaux à investir dans le Sud et le Centre pour la mise en valeur sont trop élevés et se chiffrent à plusieurs millions de dinars pour quelques hectares». «Trop élevés», mais par rapport à quoi ?
Surtout, ce que Ladgham avoue c'est que ces études ont été faites après le «précédant congrès» alors que «l'orientation prise» par ce dernier devrait être motivée par des études préalables. Ce même «précédant congrès», organisé en pleine contestation youssefiste, a perdu de vue «qu'affirmer la nécessité de porter l'attention et les efforts aux terres du Sud et du Centre signifie l'abandon des terres du Nord connues par leur production élevée, leur fertilité et leur richesse en eau, ce qui n'est guère constructif». La réputation des terres du Nord est présentée de manière presque tautologique : comment peut-on obtenir une «production élevée» sur des terres à faible «fertilité» et non «riches en eau» ? Mais citer trois qualités qui se répètent passablement sert mieux le dessein du rapport que lorsque ce dernier s'en tient à la seule qualité de la production consistant à être élevée.
Mais le Destour est vraiment incorrigible puisqu'il affirme ici clairement que le congrès de Sfax (1955) a décidé l'abandon des terres du Nord et que le congrès de Sousse (1959) a débouché sur un véritable abandon des terres du Centre et du Sud !
Le rapport estime ensuite que le sens retenu par le Congrès de Sfax n'est «guère constructif», sauf qu'il voue l'agriculture du Centre et du Sud à une cessation des efforts et à un détournement de l'attention. Cessation et détournement qui sont bel et bien destructifs en eux-mêmes et non point constructifs. Tombe alors un verdict terrible tiré de ces considérations tout à fait spécieuses : «Nous souhaitons, en conséquence, alléger la pression démographique dans les territoires du Centre et du Sud» ! Au caractère naturel plus ou moins désertique mais négociable par l'homme de ces territoires, le rapport se propose ainsi de lui adjoindre un désert non seulement économique et social mais également démographique même ! Mais un parti et un gouvernement devraient-il avoir le pouvoir de faire comme si des régions qui couvrent plus de la moitié du territoire national n'existaient pas ?
Et devraient-ils avoir le pouvoir de déverser les déracinés dans une autre région sous le prétexte qu'elle est plus riche ou moins pauvre ?
C'est pourtant bel et bien l'orientation prise par le Congrès de Sousse du moment que dans le cas du peuplement (le rapport parle bien de «taoutin», KEM) il suffit d'arrêter le choix en matière d'exploitation et de maintenir le niveau de production sur des terres déjà revalorisées. Une politique qui frise le parallèle avec le parcage du Zoulouland ! De fait, le Centre et le Sud ont été délaissés, leurs agriculteurs n'ont pas été transférés et le Nord a été presqu'également délaissé en relatif.
S'agissant du pôle industriel de Gabès, et avec l'intensification en 1967 de la coopérativisation forcée, le champion du mouvement coopératif et titulaire de plusieurs ministères, Ben Salah, s'est transformé en partisan de l'édification du pôle industriel de Gabès. Partisan d'autant plus mis ainsi en évidence qu'une opposition sourde à ce pôle habite le gouvernement. Mais Ben Salah se laisse difficilement faire –il serait même capable de berner Bourguiba ! – et fit en sorte que plus de deux années durant un petit manège d'arabas transportant chacun un gros caillou signifiait à la population que l'enrochement nécessaire à la construction du port faisait son petit bonhomme de chemin.
Avec l'avènement de Nouira à la dignité de dauphin (dauphin de Bourguiba et de la France, voir nos articles parus dans La Presse du 14 et du 21 mars 2012), la politique de Sousse-1959 n'a pas véritablement changé. Reprenons, pour le montrer, les passages suivants de notre article de 1977. «Pour toutes nos réalisations essentiellement économiques(...) devons-nous(...) assurer à nos entreprises une rentabilité propre à couvrir les charges» (discours du 21 avril 1977 à la conférence des gouverneurs rapporté par La Presse).
En 1959 Béji Caïd Essebsi (BCE) était directeur de l'administration régionale au ministère de l'Intérieur et participait à ce titre à l'élaboration et à l'exécution de la «politique» du «développement» régional. Et lorsque les circonstances ont voulu qu'il soit chargé du Premier ministère suite à la révolution, il ne sortit de Tunis que pour visiter Monastir en compagnie du président qui l'a désigné, la visite de Bizerte n'étant qu'un rituel régulièrement observé.
Naturellement le développement ne se présente plus, depuis le début des années soixante, comme étant principalement agricole. Le tourisme et les industries d'assemblage ont pris le pas sur l'agriculture. Mais le premier était principalement balnéaire et n'a concerné, pour l'essentiel que les environs de Monastir, de Sousse et d'Hammamet ainsi que l'île de Djerba, l'oasis maritime de Gabès avec ses belles plages ayant été disqualifiée par la pollution. Et les seconds ont été concentrées dans la région de Tunis et dans le Sahel, il est vrai, situés à proximité des ports, mais celui de Sfax n'a été que marginalement et tardivement intéressé par les industries exportatrices de montage. Certes, la Tunisie a réalisé une croissance moyenne supérieure à 4,5% durant un demi-siècle de sorte que la pauvreté absolue a tout de même régressé. Mais la pauvreté relative est plus significative et celle-ci s'est accrue dans les régions défavorisées depuis 1959 à telle enseigne que la BCE elle-même a parlé en 2011 d'un immense hiatus entre les régions. Le directeur de l'administration régionale puis ministre de l'Intérieur de Bourguiba et le président du Parlement de Ben Ali apprécieront.


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