De notre envoyé spécial à Gênes Kamel FERCHICHI Suite à une longue traversée inaugurale partant de Tunis, longeant la Méditerranée sur une distance de plus de 400 miles (900 km environ), avec une vitesse de croisière allant jusqu'à 27,5 nœuds marins (50 km/h), le nouveau car-ferry « Tanit » a jeté l'ancre, dimanche dernier, au port de Gênes. Une ville côtière qui accueille un millier de nos concitoyens. Plus tard dans la soirée, des Tunisiens vivant à Gênes et ses environs, ainsi que d'autres venant au- delà des frontières italiennes, se sont massés en file d'attente, au volant de leurs voitures immatriculées surchargées. Ces véhicules de différentes marques vont ainsi se garer dans la zone portuaire pour être prêtes le lendemain à prendre place dans les garages de «Tanit» transportant 1060 véhicules. Le temps passe au rythme du match qualificatif opposant la sélection italienne à celle anglaise dans le cadre de la coupe d'Europe 2012. Et la victoire des Italiens n'a pas manqué d'animer toute la zone, sous l'éclairage des feux d'artifice lancés haut dans le ciel. Un show qui avait fait oublier, un tant soit peu, le calvaire de l'attente. Lundi matin, la ville reprenait son dynamisme. «Tanit» se met, ainsi, à accueillir ses premiers passagers, individuels et en compagnie. Après avoir chargé les flux de véhicules en file indienne pare-chocs contre pare-chocs, le navire commence à prendre le large à destination de Tunis. A bord, quelque 1700 Tunisiens sont en train de parachever les formalités policières et douanières. Des procédures de voyage strictement exigées afin de savoir gérer la foule et agencer sa répartition entre cabines et fauteuils. Tout est prescrit sur le billet dont le tarif unifié est fixé à près de 220 euros, sans compter, bien entendu, les frais du transport des voitures et les autres taxes comptabilisées. Une seule personne munie de son véhicule pourrait décaisser quelque 855 euros, auxquels s'ajoute la taxe de 90 euros payée sur la marchandise dont la hauteur dépasse les 2, 30 mètres. Comme ce fut le cas de Ahmed, commerçant depuis dix ans à Gênes. Client fidèle de la CTN, il préfère toujours «Carthage» à beaucoup d'autres navires. Comme tous les Tunisiens à l'étranger, il voudrait, cette fois-ci, découvrir les charmes du «Tanit». Une famille composée de cinq membres bénéficie, elle aussi, des avantages pour un voyage à tarif réduit. Fayçal, Tunisien résident à Strasbourg, a parcouru 900 kilomètres pour rejoindre le port de Gênes, d'où il a pris, pour la première fois depuis 44 ans, un navire tunisien. «Car, toutes les traversées de «Carthage» ne correspondaient pas aux dates de mes congés, c'est pourquoi j'ai opté à chaque fois pour un navire italien ou français», s'explique-t-il. A bord, tout un monde qui grouille. Le personnel navigant est en pleine activité. Certains s'empressent de servir cafés ou repas, d'autres veillent à la sécurité des passagers. A la passerelle, les commandants assurent le pilotage du navire. Ils sont aux aguets. Aux moyens de la radio, des cartes et d'autres techniques de navigation moderne, l'équipage s'est investi dans la bonne direction. La mer était si calme. Et les prévisions météorologiques n'ont rien à signaler. Ainsi, le bateau vibrait au rythme des petites vagues aussi douces. Il a le vent en poupe. Au dernier pont, celui n°11, des enfants se baignent dans la piscine. Leurs familles hument l'air frais, admiratifs. «C'est un bon voyage...», déclare Fayçal allongé sur une chaise longue, en sirotant son café. D'autres se sont réunis autour de leurs repas déjà emportés de l'extérieur. Mais, comme le bateau est tout neuf, certains passagers ont saisi l'occasion au vol. Ils déambulent dans tous les sens. A la réception «Yasmine» au 7e pont, deux grands pavillons à droite et à gauche regorgent de familles ayant occupé quelque 800 fauteuils qualifiés de confortables nommés «Ifriqia». Les autres ont payé des cabines à deux ou à quatre lits. En plus des suites, les cabines sont réparties sur les trois ponts supérieurs (8, 9 et 10). Le navire offre, de surcroît, plusieurs espaces communs et de loisirs dont trois restaurants, cinq cafés, des bars et salons de divertissement nocturne «Essahria». «Le paradis des enfants» siège au 10 éme pont, où il y a des jeux récréatifs. La salle de prière est sur le 11e pont, où la prière se fait à l'aide de boussoles qui précisent les repères de la «Kibla». En mer, l'on doit toujours s'orienter à 135 degrés, a-t-on appris. La nuit tombe comme un rideau noir au large de la mer. Le «Tanit» avance dans les ténèbres de la Méditerranée, en toute vitesse, laissant derrière lui les lueurs des îles de la Corse et de Sardaigne. Deux points brillants à perte de vue. A bord du bateau, l'ambiance était chaleureuse marquée par des chants et des danses jusqu'à une heure tardive. Nos concitoyens s'en donnent à cœur joie. Un avant-goût d'un été bien chargé leur est concocté spécialement. Outre les vacances sur les plages, les festivals et les séjours dans nos stations balnéaires. Le voyage touche à sa fin. Que de plaisir, que de grogne! Le car-ferry «Tanit» a fait l'objet d'éloges et de critiques. Certains disent que sa conception est loin d'être idéale. L'aménagement de l'espace n'est pas bien conçu et les clés numériques des cabines sont défaillantes. Le PDG de la CTN, M. Jamel Ben Gamra, qui était lui aussi à bord, n'a pas manqué de nous révéler le fond des choses. A l'en croire, après les traversées Tunis-Marseille, Gênes-Tunis, de légères défaillances ont été enregistrées notamment au niveau des codes des clés digitales des cabines qui présentent certaines difficultés à l'ouverture. «Ce sont des problèmes faciles à résoudre», affirme-t-il. Et d'ajouter, «j'ai eu déjà une séance de travail avec le personnel hôtelier qui m'a, d'ailleurs, soulevé quelques points à étudier ultérieurement». D'ici, la prochaine traversée, promet-il, tout sera prêt... pour plus de sécurité et de confort.