Notre sport numéro un s'enfonce dans l'illégalité et les trafics de toutes sortes avec des personnages incontournables qui continuent à bénéficier d'une intolérable impunité. Sous l'œil passif et parfois complice de la FTF et de la Ligue. Mouihbi (suite mais pas fin) On pourra tout dire de nos joueurs sauf qu'ils n'ont pas de la suite dans les idées. Nous avions écrit il y a quelques jours sur le cas Mouihbi, ses difficultés sportives et ses exigences contractuelles et financières. Nous avions, également, parlé de l'intention du Club Africain de se débarrasser du joueur pour cause d'insuffisance de rendement et de chantage. Or, il a suffi que le joueur soit incorporé face à Zarzis (pour cause d'effectif du CA réduit comme une peau de chagrin), qu'il sauve un ballon en défense et que, paraît-il, Casoni a demandé qu'on lui renouvelle, pour que Mouihbi retrouve ses anciens réflexes. C'est ainsi qu'au lieu d'être discret et de faire profil bas, le voilà qu'il retrouve de vieux mauvais réflexes. Dans une interview, il exige — au moins — de renouveler avec le Club Africain aux mêmes conditions de son ancien contrat et parle d'offres en Tunisie et à l'étranger. Visiblement, Youssef Mouihbi n'a pas retenu les leçons du passé et risque de se retrouver sérieusement sur le carreau cette fois-ci. Le président du Club Africain est furieux et ne s'en cache pas. Cela ne l'a pas empêché de lancer un cri de détresse et d'appeler les présidents de clubs à se réunir pour combattre le phénomène des vrais et faux agents et de tous ces personnages qui polluent le paysage footballistique et qui font grimper les prix des joueurs au firmament. Le ras-le-bol de Slim Riahi Des joueurs étrangers qui ne coûtent pas grand- chose et dont les prix sont multipliés par dix une fois débarqués dans les clubs tunisiens. Tels des chacals, des personnages devenus incontournables se jettent sur leurs victimes et se partagent le festin, ne laissant que des miettes aux autres et, surtout, en gonflant les prix à l'infini. Pratiques illicites et pratiques mafieuses sous les yeux impassibles d'une institution, la FTF (la Ligue, n'en parlons même pas, puisqu'elle a toujours été inexistante!), complice depuis toujours de ce trafic tant par son silence que par sa distribution sauvage de licences d'agents Fifa à ses copains, aux recommandés et à des ignorants footballistiques, pour ne pas dire à des ignorants tout court. La question qui se pose, c'est donc de savoir à qui profite ce trafic et pourquoi ce silence assourdissant? La réponse à la première interrogation trouve son origine dans la seconde : le silence devant ce trafic revient au fait que tout le monde profite de cette manne, à des degrés différents. Enumérons intervenants et profiteurs avec une précision de taille : s'ils ne sont pas tous coupables, ils sont sûrement complices par cette omertà (la loi du silence) qu'ils observent tous. Présidents de clubs. Quand on les voit se battre pour accéder à la chaise et se battre pour y rester, nous nous disons il y a de quoi. Et il y a de quoi! Mais en dépit des scandales «visibles à l'œil nu», les opérations douteuses (rapport qualité/prix des joueurs recrutés, surtout les étrangers, puisque cela se traite en devises), les trous abyssaux dans les budgets et la crise financière aiguë qui secoue notre football depuis l'avènement du professionnalisme, on continue à se battre pour les postes de président. Pas pour rien, bien sûr, et on connaît plein de présidents qui se sont mis plein les poches grâce aux transferts et aux recrutements. Alors qu'ils n'étaient guère dans le besoin. Entraîneurs. Il ne faut pas être docteur en football ou un génie pour deviner le manège de certains entraîneurs. Là aussi, ils sont archiconnus dans le milieu, mais personne n'ose les pointer du doigt, surtout pas leurs collègues qui observent à leur tour la loi du silence : l'omertà. Rien ne se fait sans eux, aucun joueur ne part ou ne reste que s'il passe à la caisse. Les fameux «entraîneurs samsara». Et Dieu sait s'il y en a dans notre football. Dirigeants. Eux aussi font partie intégrante du trafic. A des niveaux différents. Quand l'occasion se présente, ils ne la ratent pas, alors qu'ils se présentent aux médias et aux supporters comme les gardiens du temple. Agents. Il y a les faux, les vrais, les prête-noms, les ripoux, etc., une faune de personnages de l'ombre qui pourrissent et salissent notre football et contribuent à cette incroyable inflation qui frappe notre football. Tantôt manipulateurs, tantôt manipulés, la plupart d'entre eux sont des personnages sans scrupules, sans foi et sans loi, ils se livrent une véritable guerre avec pour seule victime le football tunisien. Les parents des joueurs Ils ont envahi la scène footballistique depuis quelques années déjà. Un premier temps pour suivre et surveiller la carrière de leurs enfants (avec tous les dépassements qu'on connaît) puis un second en s'imposant comme gestionnaires de la carrière de leurs gosses. Sans aucune connaissance du domaine, ils tombent à leur tour dans le grand jeu des manipulateurs et des intervenants de toutes sortes. Au point de commencer à demander leur part du gâteau. Drôles de mœurs. Trafics, intervenants, argent, dessous-de-table, inflation, absence de taxation... Que font la FTF et la Ligue dans tout ça : observateurs neutres et... complices. Il faut qu'on le sache et qu'on le dise une fois pour toutes : notre football et notre professionnalisme sont hors la loi. A l'heure où le Tunisien souffre, est au chômage et qu'il croule sous les taxes et les impôts, des milliards circulent en toute liberté dans notre football avec des acteurs qui ne rendent compte à personne. Jusqu'où? Ça, on le sait. Jusqu'à quand? Dieu seul le sait. Mais, tant que le trafic et le flou bénéficient à tout le monde, ce n'est pas demain la veille que cela changera !