Par Mahjoub Lotfi BELHEDI* Où en sommes-nous exactement ? Le compte à rebours commence...l'heure de vérité s'approche...Pourtant aucun signe de vie de Sa Majesté — la Constituante — n'est en perspective ! Rien de papable...sauf un flot interminable de promesses de bien mener la barque...!! Rien qu'un spectacle désolant en streaming-live...Bref, un vrai show trop frustrant !! Où allons-nous ? Vers des élections sans instance électorale ou vers un provisoire qui dure ?! Il semble que notre instance mère est en plein sommeil tibétain bien payé et blanchi par le contribuable et que la mise au point d'une carte routière à projection d'échelle bien lisible n'est pas encore à l'ordre du jour. Pourtant, Sésame a révélé une partie de ses secrets par l'annonce triomphale du président de l'ANC que le 23 octobre prochain sera préconisé comme date butoir mettant un terme au processus d'élaboration de la Constitution. En sus des manœuvres de diversion visant à surseoir au processus rédactionnel de la Constitution pour les mobiles multiples... Trois aléas à haut risque guettent sérieusement l'émergence d'un projet de société à la hauteur des aspirations, à savoir : 1- Des manœuvres possibles d'une récupération abusive du maintien consensuel de l'article premier de la Constitution de 1959 par les forces intégristes — en pleine marée haute —, soit par voie explicite, en véhiculant au sein du prochain corpus constitutionnel les grandes idées précurseurs de la charia... soit implicitement par voie de rétrécissement des libertés individuelles ou collectives selon une démarche machiavélique bien connue : j'encaisse par la droite ce qui a été dépensé par la main gauche ! 2- Des manœuvres possibles d'ériger par voie de contrainte d'un régime politique sur la base des rapports de force actuels si déséquilibrés entre les différents acteurs du paysage politique du pays. Peu importe l'appellation du futur régime politique, présidentiel, parlementaire ou régime mixte, l'essentiel est d'opter pour un système autorégulateur des conflits éventuels et incarnant parfaitement le subconscient socioculturel de l'électeur tunisien... 3- Des manœuvres possibles de se servir de la Constitution comme cheval de Troie, qu'un simple tremplin pour assouvir des fantasmes électoraux, en la présentant fallacieusement sous forme d'une caravelle moyen-âgeuse embarquant à bord toutes institutions et slogans confondus !!...Cette vision n'est en fait qu'une utopie juridique incompatible avec l'essence même de la Constitution en tant que projet de société à caractère évolutif, une norme fondamentale non éternelle de tout un édifice juridique... Pour en finir, nous avons une histoire de trois millénaires, nous entamons le troisième chapitre de notre vie politique contemporaine, nous vivons sous le toit de trois temples — la Troïka — et nous affrontons ensemble trois aléas majeurs... Sacré chiffre trois ! Pourvu qu'il soit porte-bonheur et que la thérapie transitionnelle par acupuncture se passe en toute fluidité... Prompt rétablissement ! * (Directeur d'une structure de formation et d'études)