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Pour quand le chantier de la réforme de l'enseignement supérieur ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 08 - 2012


Par Mohsen KALBOUSSI*
Le dernier classement de Shanghai est tombé : aucune université tunisienne ne figure parmi les 500 premières universités du monde. Rien d'étonnant, surtout qu'on sait que les différents classements académiques montrent clairement que l'université tunisienne est trop mal classée, aussi bien à l'échelle internationale, que même au niveau du continent africain.
Dans le présent papier, nous essayons de mettre en exergue les maux du système universitaire tunisien, et d'apporter quelques pistes de réflexion. Dans tous les cas de figure, nous ne prétendons nullement avoir une connaissance profonde du système pour le voir dans sa globalité. Toutefois, il est urgent de procéder à sa réforme, car la situation actuelle de l'université tunisienne ne peut pas et ne doit en aucun cas perdurer.
Le tissu universitaire tunisien se caractérise, entre autres, par la dispersion des établissements qui le constituent. Seules trois régions (Tunis, Sousse-Monastir et Sfax) disposent d'un grand nombre d'établissements dans lesquels des traditions de recherche se sont instaurées ou sont sur le point de l'être. Le reste des universités, notamment celles qui se trouvent à l'intérieur du pays, souffrent du manque de moyens humains et d'un cadre général incitateur à la création. Ces régions ne sont malheureusement pas attractives et constituent des zones de passage pour ceux qui y travaillent, car demeurant liés à des structures de recherche n'en dépendant pas.
Egalement, à l'intérieur du pays, on constate un manque de structures de recherche (unités ou laboratoires de recherche) pouvant constituer des points d'ancrage pour un certain nombre de chercheurs. Celles qui existent souffrent, entre autres, de problèmes de gouvernance et de gestion saine des moyens humains et financiers. Ce dernier problème n'est malheureusement pas spécifique aux régions intérieures, mais est pratiquement généralisé. L'évaluation de ces structures ne tient pas compte de nombreux aspects de leur fonctionnement (gouvernance) et est devenue une opération routinière dont l'aboutissement est leur renouvellement quasi-automatique.
Il y a également d'autres types de problèmes dans le fonctionnement des structures de recherche, tels que la législation en vigueur en matière de gestion des fonds qui limite parfois les choix des chercheurs à des équipements moins chers que d'autres, mais beaucoup moins performants.
Un audit général de ces structures est à envisager, afin de clarifier les différents problèmes dont elles souffrent et rechercher les solutions les plus appropriées afin de les dépasser.
Certaines disciplines qui ont émergé au cours des trente dernières années ne sont représentées à l'université tunisienne que par de petites équipes dispersées, alors qu'ailleurs dans le monde, des établissements entiers leurs sont destinés, ou à défaut des départements dans des établissements d'enseignement et/ou de recherche (écologie, biologie moléculaire, astronomie...). Nos universités ont des structures figées qui n'évoluent pas dans le temps, car très peu de changements structurels affectent les établissements qui restent, pour des raisons qui nous échappent, figés dans le temps. La création de nouvelles structures est malheureusement un défaut qui caractérise nos établissements.
Autre chose qui manque aux établissements d'enseignement supérieur tunisiens, l'absence d'instituts de recherche en leur sein, comme on le voit dans de nombreuses universités au monde. Pourtant, la création de ce genre de structures peut dynamiser les activités de recherche au sein même de ces institutions.
Une des pratiques les plus dévalorisantes des travaux de recherche en Tunisie est le plagiat qui semble avoir pris de l'ampleur ces dernières années, et affecte de nombreuses disciplines, pour ne pas dire plus. Cette pratique commence dès les années de formation, et se manifeste surtout dans les mémoires de fin d'études, préparés à la fin du cycle de formation en licence. Si elle est tolérée à ce niveau, elle réapparaît plus tard, dans les mémoires de master, des thèses et, encore plus grave, dans les publications.
Nos établissements ne sont pas lotis en outils (logiciels) permettant de détecter les fraudes aux différents niveaux évoqués plus haut. Or des scandales éclatent de temps à autre et touchent des chercheurs en formation doctorale ou des chercheurs en place. Ces pratiques, impardonnables, se doivent d'être suivies par des mesures disciplinaires à l'encontre de ceux qui les pratiquent. Du moment où aucune mesure n'a été prise à l'encontre de ceux chez qui le plagiat est documenté, cette pratique continuera à sévir dans nos établissements.
Des comités d'éthique devraient être créés au moins dans les grands établissements et supervisés par un comité d'éthique national et sont plus que jamais indispensables, afin d'arrêter ces fléaux et également mettre en place des normes éthiques que les chercheurs se doivent de respecter. Si l'on constate — à notre connaissance — qu'aucune norme éthique n'existe en Tunisie, c'est que de nombreuses pratiques dommageables continueraient à sévir jusqu'à ce que le monde académique se mobilise pour mettre un terme à certaines d'entre elles, dont le plagiat.
Le problème de la maîtrise de l'anglais en tant que langue de publication. Nul doute qu'actuellement, les publications les plus en vue sont rédigées dans cette langue. Il faut penser à un mécanisme qui permet à nos jeunes chercheurs en particulier de maîtriser cette langue, afin d'avoir une audience plus large à leurs publications.
Un côté épineux reste la valorisation même morale de ceux qui publient plus en Tunisie. En effet, notre système ne fait pas de différence entre ceux qui publient et ceux qui ne le font pas. Malheureusement, on assiste au contraire dans bien des situations, à savoir que ceux qui tentent d'apporter un plus en tirant vers le haut sont malheureusement marginalisés et mis à l'écart dans leurs établissements. Ce sport favori de nombreux décideurs doit être sanctionné, afin de lever tous les verrous face au progrès scientifique et au rayonnement de nos compétences nationales.
La faiblesse du nombre de sociétés savantes, de revues académiques et de congrès scientifiques organisés dans notre pays reflète en partie la fragilité du système. Il faut également évoquer la situation des bibliothèques de recherche et leur faible renouvellement et enrichissement par les nouvelles publications (notamment les ouvrages de référence).
Enseignement et qualité de la formation
La réforme LMD a apporté non seulement un raccourcissement du cursus, mais également un éclatement du nombre de filières à l'université. Nombre de ces disciplines étaient lancées sans réflexion profonde sur le devenir des étudiants, ce qui a amené à l'apparition sur le marché de l'emploi d'un grand nombre de diplômés pour lesquels des débouchés n'existent pas ou sont difficiles à mettre en place. La qualité de la formation dans plusieurs disciplines laisse beaucoup à désirer, car de nombreux cours sont dispensés par des personnes non qualifiées pour l'enseignement (administrateurs, ingénieurs...). Il y a lieu d'établir un diagnostic des disciplines enseignées, à la lumière de l'expérience acquise dans ce domaine et veiller à améliorer la qualité des formations, par la mise à l'écart de tous ceux qui n'ont pas le droit de dispenser des cours dans des établissements d'enseignement supérieur.
Enfin, un dernier mot par rapport aux chercheurs diplômés au chômage. Le tissu universitaire se doit de créer des débouchés à cette catégorie de chômeurs, pour mettre un terme à la fragilité de leur situation, en les intégrant dans des établissements de recherche. Il n'est pas normal qu'une telle situation perdure, mais il faut également contrôler le flux du nombre de doctorants si l'on veut que le nombre de chômeurs ne continue de s'accroître au fil du temps. Si de telles situations perdurent, les autorités doivent assumer leur entière responsabilité et ne doivent en aucun cas se plaindre de la fuite des cerveaux à l'étranger...
*(Universitaire)


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