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Avec l'implantation d'universités occidentales dans notre pays, les nôtres n'en seront que plus performantes!
Publié dans Leaders le 13 - 04 - 2010

Les économistes tirent la sonnette d'alarme: sans universités d'excellence, fortes et riches, il est désormais impossible pour tout pays de progresser, puisque ce sont celles-ci qui contribuent de plus en plus à l'innovation, au progrès et à la création de richesses. A titre d'exemple, Harvard, première université des Etats-Unis et du monde dispose d'un trésor de 30 milliards de $ et totalise à ce jour 45 prix Nobel, toutes spécialités confondues. Sachant que les richesses des universités américaines et occidentales en général viennent surtout des dons de leurs anciens diplômés qui lèguent souvent leurs fortunes et leurs bibliothèques privées à leurs universités après leur mort.
Comme la science génère désormais des bénéfices importants, les universités occidentales internationalisent et exportent leur savoir partout dans le monde. C'est ainsi que plusieurs célèbres universités européennes se sont vite engagées, dans des activités internationales. Après l'université américaine à Beyrouth, la Sorbonne à Abu-Dhabi, la GUC (German University of Cairo) au Caire et Dauphine-Paris à Tunis, les exemples prolifèrent entre les Américains, les Britanniques, les Japonnais, les Allemands et les Français… Particulièrement en gestion, des MBA (Master of business administration) d'universités américaines et canadiennes sont désormais offerts dans un grand nombre de pays du Sud.
Cela offre une formation « clé en main » qui permet aux étudiants du Sud de recevoir, sans se déplacer, des diplômes du Nord pour se donner plus de chance à trouver du travail sur un marché mondial en pleine guerre des compétences. Contrairement aux pays développés, le coût de la vie, les frais de scolarité, l'hébergement et de transport des pays du Sud sont beaucoup moins élevés. Ainsi, en se délocalisant, les universités occidentales attirent toute la clientèle désireuse de suivre sa formation dont on dit qu'elle offre beaucoup plus de possibilités d'insertion au marché d'emplois que les autres universités locales.
Mieux encore, la tendance d'implantation d'universités occidentales aux pays du Sud, qui s'affirme de plus en plus avec le temps, est une possibilité de freiner la fuite des cerveaux, fléau qui gangrène le milieu universitaire et celui de la recherche scientifique du Sud. Grâce à des universités occidentales externalisées ou délocalisées, les enseignants universitaires et les chercheurs des pays du Sud, peuvent être fixés dans leurs propres pays, moyennant une rémunération adaptée au coût de la vie.
Le seul hic dans cette affaire, c'est que le coût de formation à de telles institutions est à la portée uniquement d'une infime minorité. Car il n'est pas donné à n'importe quel habitant du Sud de se payer un cycle de formation à 5 000 Dinars par an en plus des frais de l'internat obligatoire permettant à l'étudiant de se concentrer totalement et de maîtriser parfaitement les disciplines enseignées.
Tunisie, Future plateforme universitaire régionale
Devant le nombre croissant des étudiants tunisiens (500 000 en 2012), la question qui s'impose est la suivante : face à cette masse croissante d'inscrits, notre université, sera-t-elle en mesure de garantir la qualité requise par le marché de l'emploi national et international ?
En dépit du fait que la Tunisie occupe le premier rang africain en ce qui concerne la gestion et l'accès aux TIC, elle ne figure malheureusement dans la classification internationale des cent meilleures universités en Afrique que par deux universités seulement, contre 15 universités égyptiennes, 12 marocaines et 10 algériennes. Malgré cela, certaines universités bien de chez nous réussissent à gagner la confiance de milliers d'étudiants africains (environ 2800 sont inscrits en 2010). Sachant que La classification internationale accorde une priorité à la dimension de recherche dans les établissements universitaires, en prenant en considération le nombre des chercheurs, celui parmi eux qui ont obtenu des prix de considération internationaux, les articles scientifiques, les distinctions scientifiques internationales, des professeurs et des étudiants, ainsi que les financements qui leur sont consacrés et l'autonomie de la gestion et de la direction. Par ailleurs, ladite classification est basée sur la corrélation entre la recherche et l'enseignement ainsi que l'effectif des étudiants et la diversité des filières de formation. D'où la nécessité d'identifier chez nous les mécanismes appropriés pour promouvoir la qualité d'enseignement et développer le potentiel des diplômés conformément aux besoins de l'économie.
La solution alternative pour remédier à tout cela passe par l'incitation des universités occidentales à s'implanter chez nous, surtout que le niveau de vie de certaines familles tunisiennes est désormais suffisant pour prendre en charge les frais d'enseignement supérieur de leurs enfants. La preuve est qu'en 2010, 13 000 étudiants tunisiens sont inscrits dans nos universités privées et 10 000 autres poursuivent leurs études en Occident; ce qui est encore insuffisant pour que nos campus publics soient réellement décongestionnés et pour que nos universités publiques se concentrent enfin sur l'amélioration de leur propre qualité par les procédures de certification et d'accréditation internationales. Sachant que chaque étudiant tunisien coûte à l'Etat entre 7000 et 10 000 dinars par an.
D'ores et déjà, la Tunisie est devenue un site de choix pour l'externalisation de Centres d'appels, structures disposant d'une qualification à haute valeur ajoutée. Le nombre de ces Centres d'appels qui ne cesse d'augmenter s'élève aujourd'hui en Tunisie à 210 unités employant plus de 10 000 personnes; ce qui est un acquis économique considérable. Ces unités ne nécessitent pas seulement du personnel maîtrisant des langues étrangères mais aussi du marketing, finance, informatique…
De même, beaucoup d'entreprises étrangères ont choisi la Tunisie comme plateforme pour y implanter leurs centres de recherche et développement R&D et d'ingénierie comme c'est le cas de Microsoft, HP, ST- Micro- electronics, Archimed Group, Alcatel, Siemens…, qui ont fait confiance à la Tunisie et à ses potentialités afin de développer leurs recherches scientifiques et investir dans l'avenir.
A l'instar de l'ouverture de notre pays sur ces Centres d'appels et de recherche scientifique, plusieurs universités occidentales comme celle de Paris VI, Amiens, HEC- Canada ou de la TU- Munich envisagent à long terme d'emboîter le pas à Dauphine pour s'implanter sur le territoire tunisien. Ce qui revient à dire que ces universités veulent devenir mobiles, fluides et au diapason du temps en s'exportant. Ce faisant, la fonction des universités consisterait alors à former les étudiants aux métiers mobiles et évolutifs et à leur fournir un enseignement dont le référentiel évolue constamment
Bien que le phénomène de délocalisation universitaire ou d'outsourcing académique est assez récent, la Tunisie jouit dans ce domaine d'avantages comparatifs certains. Grâce à une modernisation continue de son économie, une mise à niveau régulière des cursus de formation et une plus grande ouverture sur le monde extérieur, la Tunisie peut devenir dans les années à venir une plate-forme de premier plan pour différents secteurs tertiaires, ayant un fort potentiel de croissance. Chez nous, la disponibilité en grand nombre d'ingénieurs informaticiens à coûts compétitifs, l'apport considérable des TIC et la présence d'une infrastructure télécom moderne sont en effet des facteurs favorables au développement d'externalisation des universités occidentales.
D'ailleurs, les derniers rapports d'instances spécialisées telles que le CNUCED et l'OCDE mettent en valeur le rôle croissant de la Tunisie dans l'accueil et la délocalisation des activités de services occidentales à haute valeur ajoutée.
Vers un contre-exode de nos cerveaux
Parmi les pays en développement, seuls ceux qui sont dotées d'une infrastructure high-tech et de centres d'excellence (technopoles, universités de pointe) parviennent à faire rapatrier leurs cols blancs exilés. Autrement dit, sans universités d'excellence, il n'y aura pas de retour d'une grande partie de l'élite tunisienne installée en Occident évaluée à environ 10 000 compétences dont 6000 résident en Europe.
C'est pourquoi, drainer des universités occidentales sur le territoire national serait une sérieuse alternative à même de stimuler le flux rentrant de nos élites émigrées ; ce qui donnerait à notre pays un souffle nouveau bénéfique à tous les domaines…Avec la création par ces structures de postes de travail valorisants, nos compétences rentreraient sans hésitation au bercail pour contribuer à éradiquer à jamais notre fracture scientifique et technologique vis-à-vis de l'Occident. Ce retour engendrerait, en plus, la création de beaucoup d'autres emplois indirects. Le recrutement de chaque «green- card » en Allemagne n'a-t-il pas entraîné la création d'une moyenne de 50 autres nouveaux emplois ?
Ainsi, des centaines de professeurs et de doctorants Tunisiens à l'étranger n'hésiteront certainement plus à revenir dans les bonnes conditions qui leur seront proposées. Cela constituerait des économies d'échelle se chiffrant à des milliards, si on avait recours à des experts exclusivement européens.
Avec des universités occidentales sur place, l'on peut en plus consolider la formation des formateurs, encourager la signature de contrats- programmes, promouvoir le taux d'encadrement dans les établissements d'enseignement supérieur et créer des structures nationales chargées de l'évaluation de la qualité.
Universités occidentales et Benchmarking
L'effet « carrefour » sur la grande et petite distribution en Tunisie a été incontestablement bénéfique, car il a inséré la compétition commerciale entre tous les intervenants pour fidéliser le client ; ce qui a entraîné un regain d'intérêt pour la qualité, le prix, l'hygiène, l'emballage et le marketing en général… C'est cela l'effet « benchmarking » qui consiste en fait à trouver, au niveau mondial, la référence idoine que les autres entreprises devraient essayer d'atteindre.
De la même façon, les universités occidentales qui s'installeront chez nous auront un effet certainement positif sur nos universités publiques et privées à même de leur faire gagner la confiance de nos entreprises, qui seront –à leur tour-- les plus grands bénéficiaires de l'ouverture académique de notre pays.
Ce qui est sûr, c'est que l'université tunisienne gagnera beaucoup de l'introduction d'institutions occidentales d'enseignement supérieur en Tunisie, ne serait-ce qu'en leur achetant des heures- laboratoires et en créant avec elles des «partenariats académiques» et des parrainages sectoriels «gagnant- gagnant»… C'est ainsi qu'avec les universités occidentales, notre enseignement supérieur en sortirait plus solide et pourrait mieux se défendre dans un monde désormais concurrentiel et de plus en plus mondialisé. Autrement dit, une compétition saine entre le national et l'occidental permet forcément une mise à niveau continue et bénéfique de notre enseignement supérieur tout entier.
Autrement dit, pour réussir et pérenniser, l'université tunisienne est constamment condamnée à mieux faire et son attachement à la qualité doit rester sa première et dernière règle de conduite pour séduire ses clients. Pour ce faire, les universités occidentales délocalisées seraient une bonne alternative.
Nos universités doivent également procéder --à l'instar de leurs homologues occidentales-- à une spécialisation dans peu de domaines, selon la spécificité de leur région et des opportunités offertes par le marché d'emploi, et ce pour garantir une bonne qualité à même d'assurer réussite et pérennité. Révolu, le temps où certaines universités publiques et privées tunisiennes pouvaient faire croire qu'elles dispensaient toutes les filières de formation, tout le temps et à tous les niveaux. Cela ne pourra en aucun cas être possible. D'ailleurs les avancées fulgurantes des sciences et des technologies exigent de plus en plus de qualification et de savoir-faire réel, surtout pour baliser la voie vers l'emploi, de spécialisation et d'ouverture sur l'environnement industriel en gestation rapide.
Pour nous, les universités occidentales constitueront, in fine, une belle opportunité d'ouverture sur le marché noir-africain et maghrébin, au moment où les barrières occidentales s'érigent et se dressent de plus en plus haut devant les pays en voie de développement dont le nôtre. Pour en profiter largement, l'Etat tunisien devrait renforcer davantage ce secteur « off-shore » en orientant tous les étudiants étrangers en Tunisie, notamment noir- africains et maghrébins, vers les établissements supérieurs occidentaux et privés.
Ceci dit, un effort reste à faire de la part des universités tunisiennes en misant exclusivement sur la qualité, vu l'ouverture croissante de notre pays sur l'Occident. D'ailleurs, certaines universités occidentales vont jusqu'à garantir d'avance et par écrit à leurs nouveaux diplômés l'emploi immédiat, sous peine de remboursement…
En guise de conclusion, le rôle à jouer par l'Etat dans la réussite des éventuelles implantations d'universités occidentales chez nous reste primordial et consiste à veiller à ce que les promesses et les engagements de chaque université soient réellement tenus et qu'elles fassent preuve d'éthique et respect des fondamentaux de base de notre société arabo-musulmane.

Professeur Hassen Chaari
Consultant auprés AGEF-APD (Allmeagne),
Maitre de confirence à l'INSAT,
TIME-UNIVERSITE ET ESPRIT, MEMBRE DE l'UNITE DE RECHERCHE "entreprenariat et ingénierie des innovations technologiques"


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