Les deux dictatures qu'a connues la Tunisie en 50 années d'indépendance, ont perduré essentiellement grâce à la répression policière. Cette répression, parfois sanglante, était devenue le socle de régimes ayant pour seul objet le contrôle de toute la population et le maintien au pouvoir. Le mythe d'une police aussi nombreuse que les citoyens et capable de connaître la totalité de nos faits et gestes était née. La chute du régime, un certain 14 janvier 2011, a entraîné la chute du mythe sécuritaire, le policier, hier maître des lieux, s'est retrouvé démystifié. Depuis, la police nationale tente de reprendre du poil de la bête et tente de changer le regard du citoyen de la Tunisie post-révolution, envers ce corps qui reste indispensable. Accusée de laxisme et de défaillance (concernant par exemple les groupuscules salafistes), et en même temps de répression et de corruption (le rapport du Conseil National des Libertés en Tunisie est à ce titre accablant), la police nationale est encore et toujours cataloguée en tant que police plus ou moins inféodée au régime en place. C'est dans cette conjoncture difficile que survient la proposition de Jamil Sayah, juriste et enseignant de droit public à l'université Pierre-Mendès-France à Grenoble, de créer l'Observatoire tunisien de la sécurité globale. La sécurité globale, telle que définie par des organismes spécialisés, est «la capacité d'assurer à une collectivité donnée et à ses membres un niveau suffisant de prévention et de protection contre les risques et les menaces de toutes nature et de tous impacts, d'où qu'ils viennent, dans des conditions qui favorisent le développement sans rupture dommageable de la vie et des activités collectives et individuelles». «La violence est une pulsion sans limite, il faut y mettre fin, à défaut, elle s'incruste dans le corps de la société pour devenir une seconde nature», explique à ce propos M. Jamil Sayah. Plus concrètement, son initiative s'inscrit donc dans un double objectif, celui de préserver le pays des dangers qui la guettent, et faire de la police un corps au service exclusif des citoyens, en somme, une police républicaine. Cependant, plusieurs questions subsistent quant à cet observatoire dans ce contexte de transition démocratique. En effet, quel rôle aura-t-il ? Quelles seront exactement ses missions ? comment se fera le passage d'une sécurité intérieure à une sécurité globale ? Et comment cet observatoire compte-t-il appréhender la question délicate de la sécurité ? Ce sont toutes ces questions auxquelles ne manquera pas d'y répondre la conférence organisée par l'OTSG le 29 septembre à Tunis.