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La Tunisie post-révolutionnaire : Comment j'ai pensé à la thérapie sociale
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 09 - 2012


Par Vincent Bonnet (*)
La démocratie a longtemps été pour beaucoup de Tunisiens une illusion négative : quelque chose en quoi il fallait croire, alors même qu'on ne pouvait croire vivre un jour son avènement. Et puis, la révolution tunisienne a eu lieu.
Faire de la politique
Elle n'était pas l'actualisation d'un projet inspiré par une stratégie de la «prise du pouvoir», non, «elle nous est tombée dessus», m'a dit une amie. L'urgence, alors, aura été de chercher la manière de penser ensemble, faire fonctionner ensemble une déconstruction, celle d'un système étouffant (le système politico-mafieux du clan Ben Ali-Trabelsi), et une construction, celle de la liberté (un projet de réorganisation sociale commun). Après les élections du 23 octobre 2011, les leviers d'action se situeraient au niveau des hémicycles parlementaires. Au contraire, y règne plutôt «l'impuissance», c'est-à-dire la gestion majoritaire des rapports de force. Provocation, peur, négociation sont devenues le modus vivendi de la politique, et laissent en plan la question de savoir comment le langage politique pourrait arriver à un partage : à un autre partage de ce qui en nous nous mobilise, nous engage.
La « psychologie » est un mot un peu désuet. Existe-t-il même quelque chose comme une psychologie collective ? Pourtant, c'est dans cette direction que je vais creuser, parce qu'il le faut.
Thérapie sociale
«Les jugements que nous émettons vont aussi loin que la progression de nos pensées et de nos sentiments personnels et intimes» : il faut entendre la justesse de cette phrase, signée du philosophe Viktor von Weizsäcker, sous son allure presque banale, qui acte justement une plongée dans l'ordre complexe et ordinaire des choses. En fait, elle pourrait servir d'axiome au dispositif auquel je me forme actuellement au sein de l'Institut Charles Rojzman, qu'on appelle «la thérapie sociale», et plus précisément en tant que celle-ci est une éducation à la vie démocratique. Mais elle n'est pas que cela : c'est une thérapie du lien, et encore un dispositif d'intelligence collective. Il y a en effet d'autres sphères du vivre que le corps humain qui peuvent tomber malades : l'égoïsme généralisé, le manque de sens ou une image dévalorisée de soi, la paranoïa sont des affections qui attaquent les sphères du vivre ensemble constitutives de ma personne en tant que j'ai à la devenir. Le décalage entre ce que je pense et ce que je ressens signe alors l'entrée dans une logique délirante qui entame inexorablement, dirait Weizsäcker, la perspicacité de mes jugements.
Il y a une réalité tangible des interactions émotionnelles et affectives entre les gens, dont des emblèmes fournis par la vie moderne et sans vagues apparentes seraient la passion du semblable, la crise de l'identité ou la peur de la souffrance.
Démocratie
Je n'appelle pas autre chose démocratie que le système politique qui fasse que ce « devenir une personne » puisse se confronter à une pluralité de destins sociaux possibles. A la source de cette dynamique se puise, pour chacun, un nouveau sens de son autorité et de sa responsabilité. C'est en ce sens que l'autorité et la responsabilité de chacun sont travaillées en thérapie sociale, pour résoudre un problème collectif qui fait souffrir tout le monde et face auquel on est impuissant.
Les désirs de paix de la politique sont beaucoup des désirs de mort : étouffer la différence. Or, en démocratie, l'égal se fonde sur le différent et l'exige.
Confiance
«Je m'adresse à vous, alors que je n'ai pas confiance en vous. Déjà je n'ai pas confiance en moi.» : je n'ai jamais entendu, depuis que je connais la Tunisie post -révolutionnaire, d'amorce plus franche que celle-ci, postée par un ami sur Facebook, pour exprimer un sentiment d'impuissance qui a déjà commencé à faire des ravages. Comment fait-on pour nourrir mutuellement nos expériences ? Comment repense-t-on notre potentiel d'action, pour le mieux, sans avoir à s'affronter, pour le pire ? Comment apprend-on à vivre des conflits sans diaboliser l'autre et avec tout le monde ? Comment envisage-t-on la question de la violence pour poser un projet de civilisation ?
«Il y a beaucoup d'électricité dans l'air, dit Fethi Benslama, et aucune prise de terre politique pour absorber la tension et pacifier les gens».
Espoir
Dans une chanson de 1974, l'Espoir, Léo Ferré nous dit l'exil sur place des souvenirs collectifs d'un peuple qu'une révolution parviendrait à doter véritablement d'une nouvelle forme politique, et non à étouffer sous la barbarie de la solitude. La révolution tunisienne a eu lieu. Quelque chose poursuit l'événement, se loge en nous et attend. Ce quelque chose, c'est la fêlure silencieuse : quelque chose s'est passé en nous, une «ouverture inespérée», dit Kmar Bendana. Les événements autour du renversement de Ben Ali ont marqué une césure dans la croyance en la démocratie comme illusion négative, on l'appelle l'espérance : on ne sait pas d'avance.
Pendant qu'il est temps, il faut faire autre chose de la «démocratie» qui s'imposerait ; et l'on voit combien la tâche est délicate, qui noue ensemble la psychologie, l'optimisme, les manières de faire, la forme.
* (Universitaire)


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