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Autres temps, autres attitudes?!
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 11 - 2012


Par Rejeb HAJI
«L'argent qu'on possède est l'instrument de la liberté, celui qu'on pourchasse est celui de la servitude (J.J.Rousseau-Les confessions)
Depuis la révolution, nous n'avons cessé d'appeler dans nos articles à la raison et au dépassement des haines et des rancunes ancestrales. Par-delà les divergences idéologiques, nous avons appelé, dès la révolution de janvier, à faire appel à des experts pour évaluer les dégâts d'un régime corrompu, d'une «équipe qui gagne» et qui se la coule douce, aujourd'hui, en rasant les murs. Le droit d'inventaire n'a pas encore été achevé et le peuple a le droit de tout savoir. Le rôle des acolytes doit être passé au peigne fin par une justice au-dessus de tout soupçon, pour ensuite évoquer le pardon.
Pas de réponses à ce jour pour des questions multiples en souffrance: comment les hommes du pouvoir déchu, «ces honnêtes gens», n'ont pas dénoncé ces extravagances que nous découvrons, jour après jour. Pourtant connues et imaginées par une pléiade de conseillers de l'intérieur et de l'extérieur, largement soudoyés par les deniers des citoyens. Ces palais luxueux, ces avions particuliers sur commande, ces voitures hors de prix, cet argent déposé à travers le monde dans des banques couvertes par le secret... Bref, ces nouveaux «super-riches», engendrés par une dictature sans faille, amateurs de luxe haut de gamme? Rien n'a échappé pour glorifier le modèle de gouvernance alors qu'il n'y a pas de quoi se vanter. Ce soutien est venu même de l'extérieur à coups de millions de dinars. En effet, les nègres de l'écriture, d'illustres inconnus, ont été appelés à la besogne pour asseoir son image. On découvre de plus en plus d'abus passés sous silence. Ce silence, voire cette connivence, bâti peut-être sur des intérêts sordides qu'une justice sereine doit mettre sous les feux de la rampe. Alors que notre pays croule sous les dettes, que le chômage sévit et que les fondamentaux se détériorent, on découvre avec étonnement que la Tunisie occupe une position de choix parmi les pays les plus fortunés (Wealth-X, Singapour 2012). Avec des concitoyens hyper-riches, au nombre de soixante-dix, notre pays vient en septième position à l'échelle de l'Afrique, devançant la Libye, le Maroc et même l'Algérie. Il suffit de les identifier et de faire appel à eux. Ils viendront au secours de leur pays guetté par le déclin, si une main ouverte leur est tendue. A l'exemple des grecs et des Italiens, ils viendront s'inscrire aux efforts nécessaires pour éviter l'approfondissement de la crise intérieure du pays, exacerbée par une gestion intérieure de l'économie peu crédible et peu efficace. Ces milliardaires peuvent créer des emplois et nous dispenser des désastres de la «harga». Il faut donc les impliquer. Notre pays en construction a besoin de repérer ses insuffisances pour y remédier par ses compétences. Les vrais chiffres de la situation économique actuelle doivent aider à y parvenir, d'où la nécessité de militer pour l'indépendance de l'Institut national de la statistique (INS), un complément naturel de la Banque centrale. De la sorte, le réel et le financier peuvent se conjuguer pour le «parler-vrai». Le constat après la révolution est alarmant. Le politique a pris le pas sur l'économique et la bataille de « ôte-toi que je m'y mette» et son répondant « je ne sortirai que par la force des baïonnettes» fait rage. Au lieu d'être attentif à la vie de nos concitoyens en faisant confiance par-dessus tout à leur esprit d'intelligence et en cherchant dans le dialogue et la confrontation des idées, on assiste à des querelles de boutique. Les moyens pratiques pour évoluer vers une société démocratique de participation et faire du citoyen le principal acteur vers un monde meilleur, brillent par leur absence. En effet que constate-t-on de ces luttes médiatiques sournoisement encouragées par un flux d'argent, par des forces occultes, voire de dissuasion, aux origines inavouées et peu connues ? Depuis la révolution, ce sont les mêmes, ces illustres inconnus, qui courent micros et plateaux de télévision pour se faire valoir, se faire une image et propager souvent leur ignorance de l'histoire et des méandres de la politique. Au lieu de pointer du doigt ceux du double langage qui commencent à faire fortune sous couvert de révolutionnaires vertueux ou de religieux, certains, sans vergogne, jouent à l'amalgame entre les vrais destouriens et les «Rcdistes» de tout acabit. Entre ceux qui ont adhéré aux idées de Bourguiba et participé à la construction d'un Etat moderne et ceux qui ont applaudi le comploteur, soutenu son action et imaginé la «Tunisie de demain», celle d'aujourd'hui, où le chômage a atteint ses limites et où la pauvreté est à son paroxysme. Ils semblent ignorer que les vrais militants destouriens rejettent en bloc les années de brimade et de corruption. Qu'on laisse à l'histoire la latitude de juger Bourguiba et son projet, mais de grâce que ceux qui avaient assumé la charge en son temps prennent leur part de responsabilité! L'homme avec ses qualités et ses défauts s'est voué, honnêtement, corps et âme au pays et s'y est identifié. Qu'on le laisse reposer en paix !
A la force de l'âge, les politiques d'aujourd'hui doivent méditer les succès et aussi les échecs des expériences passées. Qu'ils prouvent leur capacité à sortir le pays de l'ornière, en oubliant leurs formidables appétits du pouvoir. Qu'ils appellent toutes les bonnes volontés à concourir pour redorer le blason du pays et relancer la roue du progrès vers des horizons de stabilité et de confiance. Qu'ils instaurent une lutte saine pour le pouvoir sur des projets crédibles, préalablement évalués et financés. Qu'on arrête ce flux incessant de conseillers et de ministres sans portefeuille et qu'on donne l'exemple de la rigueur dans les dépenses publiques. Que les gouvernants, en transition, prennent conscience du danger de l'argent parallèle. Faisant partie de l'économie souterraine et source de corruption, cet argent risque d'ajouter à la confusion qui s'instaure. Il s'introduit à grands pas dans la politique par le biais du sport. Son intrusion est d'ailleurs relevée dans le rapport des comptes sur les dernières élections où, faut-il le rappeler, 61% des candidats n'ont pas présenté leur compte de campagne. Des listes ont reçu des avantages et le politique n'a pas encore réagi. Une loi sur le financement des partis politiques est urgente. Ce financement inconnu peut être illicite et peut avoir des liens avec la corruption. Des règles claires et transparentes sont des éléments pour préserver la confiance des citoyens dans la chose publique. Il suffit de s'inspirer des expériences réussies dans le monde. Si nul ne conteste l'importance de l'argent en politique, car les partis en ont besoin aussi bien pour leur fonctionnement quotidien que pour leur campagne électorale, alors comment sanctionner l'argent illicite ? Comment prévenir le trafic d'influence ? Dans tout cela, l'Etat a un rôle primordial à jouer. En effet, il peut plafonner les dons et imposer ses limites. Comme l'Etat est le garant de l'indépendance, il doit assurer aux partis en lice l'égalité dans l'arène politique. Il doit les aider à avoir des ressources financières stables pour développer leur viabilité et gagner un soutien à leurs idées. Si l'activité politique suppose des dépenses qui sont le coût nécessaire et inévitable de la démocratie : l'emploi du personnel, la possession de locaux, le besoin de mener des campagnes...une réglementation par des mesures législatives s'avère nécessaire. Une évidence : le recours aux cotisations des membres n'est plus viable, d'où la nécessité d'un financement public et privé. Les partis peuvent imposer à leurs élus des versements d'une partie de leur indemnité. Fixer la nature des dotations, réglementer les dons qui proviennent des entreprises et des personnes physiques, établir une liste de donateurs, un donateur pour un parti, plafonner les dépenses électorales aussi bien pour les partis que pour les candidats, obliger les partis à rendre publics leurs comptes et tenir un registre des dons reçus... Telle est la voie passante. De plus, un plan comptable normalisé tiendra lieu de cadre de référence. Tout cela sous le contrôle d'un organisme des comptes des partis : une commission de la transparence financière de la vie publique. Cette nouvelle structure composée de personnalités indépendantes sera dotée de moyens suffisants pour mener à bien sa mission de surveillance. Elle peut ainsi ouvrir la boîte de Pandore du financement et mettre de l'ordre dans les finances de cette mosaïque de partis, sans réelle représentativité. Elle mettra au ban de la vie politique les ripoux car la relation entre argent et politique est sujette à controverses. En cas de non-respect des lois et des procédures fixées, la sanction juridique doit être exemplaire. Le moment électoral, faut-il le rappeler, n'est qu'une parenthèse de la vie politique et l'organisation des élections ne peut être considérée comme un indicateur de démocratie. Autres temps, autres attitudes, la voie de notre pays est devenue inaudible et son avantage économique comparatif s'effrite. Les conspirations secrètes et les marchandages politiques ne font que les accentuer. Ils doivent cesser, et on ne fera pas du neuf avec du vieux. L'heure est grave et les défis sont multiples. Va-t-on encore commettre des impairs en cédant à la démagogie et à la surenchère? Autour d'une même table, tous les acteurs se doivent de trouver le chemin du vrai dialogue national. Une prise de conscience salutaire du politique peut constituer un gage pour les quatre millions d'électeurs qui ne se sont pas rendus aux urnes. Une onde porteuse d'un signal qu'un nouveau modèle de réussite politique et économique est en gestation. Les phares sont précieux en ces temps de tempêtes, tout le monde en a besoin. Il est encore temps de s'y engager !


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