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La diversion salafiste
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 11 - 2012


Par Salah ZEGHIDI*
Que les multiples actions ,menaces, agressions provenant des divers courants salafistes suscitent l'inquiétude grandissante des Tunisiennes et des Tunisiens, nul ne pourrait le contester. Que l'impunité dans laquelle ils agissent le plus souvent, que la complicité plus ou moins avouée du parti Ennahdha et des autorités, créent dans l'opinion publique un sentiment de crainte et parfois même de désarroi, cela constitue une évidence qui s'impose à tout observateur objectif. Les associations , les partis politiques, les syndicats, avec de très larges fractions de l'opinion publique et notamment les femmes , ont exprimé très fort tout au long de ces dernières semaines ,leur hostilité à l'égard de la montée des périls provenant des agissements des mouvements salafistes. Il y a cependant un risque dont il est indispensable de se protéger. C'est celui de «tomber dans le piège», celui qui consiste à considérer que le danger principal aujourd'hui, c'est le salafisme et, de ce fait, «blanchir» Ennahdha et son projet de société. Ce serait de la myopie politique que de ne pas voir que les dirigeants d'Ennahdha jouent la carte salafiste ou plutôt la symphonie salafiste, et ce, sur plusieurs partitions. Tout en sachant parfaitement qu'une très grande partie des salafistes lui est électoralement acquise, Ennahdha, tout en disant, comme à son accoutumée, la chose et son contraire, veut se présenter à l'opinion publique — et à ses nouveaux amis d'Amérique — comme un mouvement qui rejette la violence, contrairement aux salafistes. Qu'elle a des convictions républicaines et démocratiques, contrairement aux salafistes. Qu'elle œuvre en permanence pour la cohabitation pacifique entre les différentes sensibilités et pour le dialogue entre elles, contrairement aux salafistes. Qu'elle a opté pour la collaboration et le dialogue avec l'«Occident», contrairement aux salafistes ...Et le tour est joué : le mouvement salafiste est utilisé comme repoussoir. Le message d'Ennahdha est clair : «Voyez ce qui vous attend si jamais vous m'éliminez du pouvoir ! Je suis en fait la seule force capable de vous protéger de la violence et de l'extrémisme salafistes !»
Savoir raison garder
Et quand on voit sur certains plateaux de télévision des dirigeants d'Ennahdha «faisant front» contre le salafisme, avec des responsables politiques de l'opposition démocratique, qui donnent l'impression d'être tout heureux de cette «convergence», on se dit qu'il faut faire attention et qu'il est indispensable, dans cette tourmente que traverse la pays, de «savoir raison garder. «N'oublions pas que les mouvements salafistes en Tunisie sont une partie intégrante de ce qui a été appelé génériquement «l'Islam politique», que l'objectif ultime de ce dernier, quelles que soient ses composantes et les divergences qui les séparent, c'est d'islamiser la société et l'Etat, sous la férule de la charia islamique, que Ghannouchi a toujours parlé de ces mouvements comme étant «les jeunes de la renaissance islamique», que c'est le gouvernement nahdhaoui qui a légalisé deux partis salafistes, dont Hezb Ettahrir, qui affirme le plus officiellement du monde qu'il ne croit ni au régime républicain, ni à la démocratie ni aux élections !
Oui, les salafistes sont dangereux. Oui, ils peuvent faire du mal, ils peuvent user de violence, ils peuvent même tuer. Ils constituent incontestablement un facteur de perturbation, de déstabilisation et de désordre pour le pays, pour le gouvernement nahdhaoui aujourd'hui et pour un gouvernement démocratique demain. Mais leur projet n'est pas un projet de gouvernement. Leur mouvement, qui peut constituer un réservoir de voix pour Ennahdha, qui peut avoir une capacité de nuisance, qui peut, de ce fait, occuper quelquefois les devants de l'actualité politique, est condamné à rester politiquement marginal. Cela veut dire clairement que toute velléité de ménager Ennahdha ou de s'allier et gouverner, aujourd'hui ou demain, avec elle, sous prétexte de barrer la route ensemble à la menace salafiste, serait une simple supercherie politique.
L'arbre ne doit pas cacher la forêt
La seule force politique islamiste en Tunisie porteuse du projet d'islamisation de la société et de l'Etat et candidate au pouvoir pour le réaliser, c'est celle qui tient aujourd'hui les rênes du pouvoir, c'est Ennahdha. Les décisions de ses derniers congrès depuis 20 ans, les déclarations de ses dirigeants depuis le soulèvement du 14 janvier 2011, les agissements et les positions de ce parti et de ses représentants à l'Assemblée nationale constituante depuis 12 mois qu'il est au gouvernement, le montrent clairement. La volonté d'imposer la charia, les attaques contre les libertés, notamment la liberté des médias et celle des créateurs, les menaces proférées contre les droits des femmes, le refus d'accepter comme référence le système universel des droits humains, la prise en main de l'administration à tous les niveaux et l'instrumentalisation des mosquées, l'institution d'un système d'enseignement à références et contenus religieux totalement indépendant et en rupture avec le système d'enseignement civil ,républicain et moderne, tout cela montre à l'évidence quelle Tunisie Ennahdha projette de construire dès qu'on lui donnera la légitimité et le temps de le faire. C'est donc Ennahdha, en tant que parti au pouvoir et en tant que porteur d'un projet de société rétrograde, qui remet en question non seulement les acquis progressistes réalisés par notre peuple et en particulier les femmes, mais l'ensemble du mode de vie qui caractérise notre pays et distingue notre société. L'arbre (le mouvement salafiste et ses sinistres élucubrations) ne doit donc en aucun cas nous cacher la forêt (Ennahdha et son projet rétrograde).
Incompatibilité totale de projets
A cet égard, il faut éviter l'ambiguïté comme la peste : pour les démocrates, pour tous ceux et toutes celles qui estiment que ce serait une véritable catastrophe nationale si Ennahdha réussissait à remporter les prochaines élections pour 5 ans et mettre à exécution son projet de société régressif, pour tous ceux-là aucune compromission, à plus forte raison aucune alliance avec Ennahdha n'est concevable et n'est admissible !N'en déplaise à certains qui aiment cultiver l'ambiguïté, les démocrates sont dans l'opposition au gouvernement dirigé et outrageusement dominé par Ennahdha ! Il ne peut y avoir d'équivoque là-dessus. Refuser de gouverner avec Ennahdha pour «incompatibilité totale de projets», c'est se situer concrètement dans l'opposition au gouvernement d'Ennahdha et à son projet. La gestion des mois qui nous séparent des prochaines élections présidentielle et législatives est importante, parce qu'il s'agit notamment de la finalisation de la Constitution, en même temps de la mise sur pied des trois instances dont la mise sur pied ne peut plus attendre : instance des élections, instance de l'information, et instance de la justice. Dans cette phase de quelques mois, la recherche de consensus général comme facteur de légitimation peut s'avérer inévitable et nécessaire. Mais l'échéance majeure et décisive sera les prochaines élections. Et là, les choses doivent être claires, nettes et précises : l'unité la plus large, dans le cadre d'un large front démocratique uni, doit regrouper toutes les forces vives du pays qui sont attachées aux acquis réalisés et au modèle de vie construit durant des décennies, et qui refusent de livrer la Tunisie à Ennahdha et son projet de régression et de despotisme fondé sur l'instrumentalisation de la religion....
* (Militant politique et associatif)


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