Nécessité de renforcer la capacité d'adaptation des forêts Le changement du climat, qui s'est traduit ces dernières années par une succession d'événements extrêmes (canicule, sécheresse, inondations...), commence à menacer la bonne santé des écosystèmes forestiers. Un dépérissement progressif des forêts a été observé dans plusieurs pays, généré par une modification de l'écosystème due à l'apparition de parasites, ainsi qu'au déboisement et à la destruction massive des forêts par l'homme. Au cours des siècles prochains, les forêts devront faire face à des événements climatiques imprévisibles et leur survie dépendra non seulement de leur capacité à s'adapter mais également de la diversité génétique des populations forestières qui varie d'une zone à une autre. L'Institut national de Recherches en Génie rural, Eaux et Forêts a organisé récemment, en collaboration avec la Banque nationale des Gènes et d'autres organismes nationaux et internationaux, un séminaire international sur l'impact des changements globaux sur les ressources génétiques forestières et pastorales dans le pourtour du bassin méditerranéen. Une pléthore d'éminents chercheurs, d'ingénieurs en génie rural et d'experts de l'agriculture et l'environnement ont pris part à cette manifestation pour se concerter et débattre des mécanismes de réaction des écosystèmes forestiers et pastoraux aux changements climatiques et des approches et techniques à mettre en place pour gérer durablement les ressources génétiques afin d'assurer la pérennité des écosystèmes. «C'est la première fois que l'Institut national de Recherches en Génie rural, Eaux et Forêts collabore avec la Banque Nationale des Gênes, a relevé M. Mohamed Ali Ben Abdallah, directeur de l'Institut. Les ressources forestières et pastorales sont menacées. Nous avons observé une exploitation abusive des forêts et une dévastation des réserves de la biosphère. En tant que scientifiques, nous devons trouver des outils pour la gestion et la conservation des ressources et des espèces. Il s'agit, à titre d'exemple, de développer des outils de lutte phytosanitaire contre les parasites ravageurs et les maladies qui apparaissent suite aux changements climatiques. On doit également développer des modèles de gestion et d'aménagement adaptés aux changements climatiques. Notre objectif est de fournir au ministère de tutelle des outils et des supports d'aide à la décision sur lesquels ils peuvent se baser pour élaborer une stratégie de conservation des ressources forestières et pastorales». Le programme du séminaire, qui s'est déroulé sur deux jours, s'est articulé autour de quatre principaux axes, à savoir: l'état des lieux des ressources génétiques, forestières et pastorales méditerranéennes, l'impact des changements globaux sur le comportement et la dynamique des espèces et des écosystèmes forestiers et pastoraux, les approches et les techniques pour la conservation des ressources génétiques forestières et pastorales, ainsi que la gestion et l'aménagement des ressources génétiques adaptés aux changements globaux. Présentant une communication sur le thème «Exploiter et préserver les ressources génétiques pour répondre aux enjeux du changement climatique», François Lefèvre, expert et chercheur au sein de l'Institut national français de la Recherche agricole, a relevé que la survenue au cours de ces dernières années d'événements climatiques extrêmes, conjuguée à plusieurs facteurs, avait généré un déboisement massif des forêts dans le pourtour méditerranéen notamment en Vésubie et en Algérie, nécessitant la mise en place d'outils pour assurer la pérennité des écosystèmes forestiers. Selon le chercheur, il faut préserver et utiliser les ressources génétiques forestières afin de renforcer la capacité d'adaptation des forêts aux changements climatiques. En Tunisie, une étude a été menée sur la disparition de certaines espèces forestières suite aux changements climatiques. Une équipe de chercheurs a étudié les peuplements forestiers de Korbous et Jbel Abderrahmane et a effectué une étude comparative entre l'inventaire floristique effectué sur la végétation primitive dans les années soixante et celui effectué sur la végétation spontanée en 2012 . L'équipe a remarqué qu'une grande partie de la végétation présente dans les années soixante avait disparu, alors que de nouvelles espèces sont apparues suite au changement écologique induit par les facteurs humains et environnementaux. Une autre étude a également été réalisée par une équipe de chercheurs sur l'adaptation du pin d'Alep aux changements climatiques. Les résultats ont montré une diminution de la croissance de plus de 51% de l'épaisseur de l'arbre au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, occasionnée par un stress hydrique dû à la sécheresse. Ayant fait pendant longtemps l'objet d'une exploitation abusive, le couvert végétal a, par ailleurs, partiellement disparu suite à une succession de phénomènes climatiques extrêmes (sécheresse, inondations...) qui ont engendré des perturbations profondes de la flore et de la physionomie végétale. A partir de ces études et des résultats obtenus, des outils et des techniques pourront être mis en place, afin de mieux gérer la diversité génétique et de trouver les espèces s'adaptant le mieux aux changements climatiques, ce qui permettra de préserver le patrimoine pastoral et forestier du pays.