L'assurance agricole est encore peu dynamique. Elle n'arrive pas à décoller ou, du moins, préparer sérieusement son décollage, tellement l'inconscience des agricultures, d'une part, et l'indifférence de certaines compagnies, de l'autre, sont de mise. Les statistiques disponibles corroborent totalement ce constat. L'assurance agricole ne représente, en effet, que moins de 3% du chiffre d'affaires global du marché des assurances en Tunisie. Ce constat ,énigmatique, est d'autant plus préoccupant que les risques qu'encourt régulièrement notre agriculture sont très importants et que les exigences de l'étape à venir le sont encore plus. Il faut reconnaître que les agriculteurs se sont habitués à certaines solutions de facilité, surtout qu'elles sont efficaces. Justement, chaque fois qu'il est question de sinistre, les agriculteurs sinistrés ont droit, presque systématiquement, à une subvention de l'Etat, généralement importante, sous forme de dédommagement. Cette approche, même si elle est efficace à court terme, reste peu évidente à long terme car l'agriculture, comme tout secteur, a besoin d'un système économique qui soit en mesure d'assurer le développement, mais aussi et surtout la viabilité de l'investissement consenti, et non pas seulement une simple compensation en cas de pertes. D'où ce besoin incontournable de l'assurance qui a le mérite de permettre à l'agriculteur de diversifier les approches, d'innover et même d'oser entreprendre des risques, bien entendu calculés, pour moderniser et développer d'une manière significative son activité. De ce fait, on estime qu'il est absolument prioritaire, aujourd'hui, d' aider l'agriculteur à prendre totalement conscience de cette exigence en multipliant les programmes de sensibilisation et d'information, mais aussi et surtout en se libérant, même progressivement, de la politique de dédommagement en favorisant encore plus la subvention de la prime d'assurance. D'ailleurs, le Chef de l'Etat n'a cessé de multiplier, d'une année à l'autre , les mesures, et d'entreprendre les dispositions nécessaires pour alléger significativement le coût de couverture des divers risques agricoles. L'assurance agricole aurait certainement l'avantage de promouvoir nettement et durablement toute la politique agricole et d'assurer ainsi un bon fonctionnement et une sécurisation totale de toutes les chaînes de l'activité. Toutefois, pour mieux développer ce type d'assurance, les compagnies d'assurances sont appelées à proposer une offre bien adaptée au besoin réel des agriculteurs. Les pays développés ne cessent d'innover au niveau de cette branche. On parle aujourd'hui de nouveaux produits hautement attractifs, comme l'assurance perte de rendement ou encore l'assurance mauvaise exploitation.