Le célèbre récit de voyage d'Henry Dunant, père-fondateur de la Croix-Rouge internationale, publié à Genève en 1858, enfin disponible, annoté et en arabe aux éditions Sahar Ça y est ! Nous pouvons, enfin, lire, dans la langue d'Ibn Rachiq, et après un peu plus d'un siècle et demi, le célèbre récit de voyage d'Henry Dunant : «Notice sur la Régence de Tunis». Ouvrage publié pour la première fois à Genève, en 1858, dans la langue de Molière par son illustre auteur. Père-fondateur du mouvement mondial de la Croix-Rouge, né à Genève le 8 mai 1828 et premier Prix Nobel de la paix, décédé le 30 octobre 1910, Henry Dunant avait visité la Tunisie fin 1857-début 1858, après avoir vécu quelque temps en Algérie. C'est notre ami et ex-confrère Mohamed Larbi Snoussi, professeur d'histoire à l'université de Tunis, qui a eu l'heureuse initiative de traduire la fameuse notice d'après un exemplaire de l'édition originale conservé à la Bibliothèque nationale. Entre 2003 et 2005, notre traducteur avait publié, sur les colonnes de notre confrère «Es-Sahafa», la primeur de ce travail. Aujourd'hui et grâce aux éditions Sahar, les épisodes ont été réunis, revus et annotés par le traducteur lui-même qui, par la même occasion, a établi une riche bibliographie se rapportant au sujet, rehaussant ainsi sa valeur historique de témoignage vivant et faisant de lui une vraie référence pour l'étude de l'histoire culturelle et anthropologique de la Tunisie au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. L'ouvrage traduit vient aussi combler un vide immense dans la bibliothèque arabe, car Dunant était, en plus du fait qu'il était le père d'une immortelle œuvre humanitaire, l'un des meilleurs défenseurs de la civilisation arabo-musulmane et un anticolonialiste avéré. Toutes ces qualités ont été d'ailleurs mises en exergue par le traducteur dans son introduction à l'édition. Un texte assez documenté qui n'a pas manqué d'attirer l'attention du lecteur sur la qualité du vivre-ensemble et l'ambiance conviviale qui régnait en Tunisie et qui avait sans doute contribué à la formation des convictions de Dunant et de son esprit imprégné d'humanisme et de tolérance. Rappelons que l'auteur avait consacré 12 chapitres bien distincts sur la Régence de Tunis commençant par un «Résumé historique» traitant succinctement des différentes ères par lesquelles est passé le pays et finissant par un chapitre sur la «Société et la population européennes en Tunisie». Entre ces deux chapitres, l'auteur avait parlé de la ville de Tunis, de la Cour, du gouvernement et de la justice, de l'armée, de la marine et des impôts, du climat, des productions de l'industrie et du commerce. Il avait également décrit des villes et des localités de la Régence, parlé de la religion, de la littérature et de l'année musulmane, de l'esclavage aboli en 1816 pour les chrétiens et définitivement en 1842, des Maures, des Arabes et des Djébélias ou Kabyles et enfin des coutumes et superstitions des Juifs de Tunis. En 183 pages, l'ouvrage d'Henry Dunant, traduit et annoté par Mohamed Larbi Snoussi, est devenu donc un document d'une valeur inestimable pour les lecteurs arabophones. Notons, enfin, que «Notice sur la Régence de Tunis» a été réédité à Tunis, en 1975, par la STD, avec une préface de Pierre Boissier, directeur de l'Institut Henry-Dunant, et une postface signée Anouar Louca.