Seize pages pour rappeler à quel point la Fifa est un organe gangrené par la filouterie depuis des décennies. Seize pages pour compiler les meilleurs exemples de corruption caractérisée et de népotisme aigu qui ont agité et agitent encore les hautes sphères du ballon. Seize pages pour laisser entendre, très fort, que le Qatar a acheté la Coupe du monde 2022 et, concernant le volet hexagonal de l'affaire, pour dire que Nicolas Sarkozy et Michel Platini avaient déjeuné avec le Prince de Doha au moment opportun... Seize pages pour voler une fois encore les rêves d'enfant. A l'évidence : oui, le foot est pourri par le fric. Ledit rapport ou enquête a fait l'effet d'une bombe. On y apprend que la Fifa est une organisation criminelle. Les liaisons dangereuses existent depuis longtemps dans le football mondial. Tout a resurgi suite à la rencontre secrète Sarkozy-Platini et le Prince du Qatar, juste avant la désignation de la Coupe du monde 2022. Ce n'est pas rien! On peut penser qu'il y a eu un lobbying d'Etat, mais c'est quelque chose qui a toujours existé pour ce type de désignations. Les gens avaient beaucoup parlé après la défaite de Paris face à Londres pour les Jeux 2012, et l'on rappelle d'ailleurs comment Coca-Cola avait contribué à donner les JO 96 à Atlanta. Platoche, Sarko et le Prince Platini, on ne dit pas que c'est un pourri, un vendu. Mais on n'est pas chez les bisounours non plus. Le lobbying a toujours existé. En France, ça fait le buzz parce que beaucoup de gens découvrent la vérité maintenant. Mais les presses allemande ou anglaise sont déjà allées beaucoup plus loin! Les Français sont restés mesurés. Platini, on ne lui renie pas le fait d'avoir voté en son âme et conscience. Il a pris un certain nombre de paramètres en compte, c'est tout. Dans le magazine espagnol Don Ballon, Platini avait expliqué que Sarkozy ne lui avait pas demandé de donner sa voix au Qatar, mais qu'il lui avait juste dit que ce serait bien s'il le faisait. Ce faisant, ce n'est pas tant Platini qui est sur la sellette dans cette affaire. La désignation d'un pays organisateur, ça dépasse toujours l'analyse rationnelle. Cela dit, il faut poser un certain nombre de questions. Qui est le plus à blâmer: les corrupteurs ou les corrompus? On aborde là le problème de la gouvernance mondiale du sport, les valeurs d'éthique et de morale. La Fifa est rattrapée par des décennies de copinage, d'échanges de bons procédés et de collusions d'intérêts. Maintenant, il ne faut pas baisser la garde. Le football peut retrouver un mode de gouvernance plus transparent. Il le mériterait vu l'intérêt immense qu'il suscite sur la planète. Mais la Fifa reste dans son monde, avec ses propres règles et son propre mode de sanctions.