Quand le président de la Fédération joue à cache-cache avec l'opinion publique sportive... Le 30 janvier dernier, se consommait en Afrique du Sud le dernier acte du fiasco de notre équipe nationale à la CAN. Un fiasco inattendu puisqu'intervenu après une belle victoire au Chan et une qualification quasi-miraculeuse à cette même CAN. Pas difficile dès lors de deviner que la gestion de ces deux succès à la fois officieux (Chan) et prometteur (la qualification à la CAN) a été calamiteuse. Au lieu d'en profiter pour faire avancer les choses, faire table rase du passé et assainir la maison FF, les dirigeants fédéraux, avec à leur tête Wadii Al Jari, ont renoué avec les pratiques et les démons du passé. Sami Trabelsi : abandonné par tous ! Expliquons-nous. En peu de temps et dans des conditions pour le moins qu'on puisse dire difficiles (post-révolution), Sami Trabelsi a fait de l'excellent travail. Plus de barons, groupe ouvert, jeu plus offensif, ouverture aux médias... Bref, la Tunisie du football était réconciliée avec son équipe nationale. Retour de flamme visible à l'œil nu puisqu'au coup de sifflet initial de Tunisie-Algérie, la Tunisie avait repris ses bons vieux réflexes : rues désertes, cafés bondés et tout un peuple rivé à son petit écran. C'est vrai que les priorités sont toutes autres dans le pays mais, que voulez-vous, le football est son opium et le restera pour longtemps encore... Malheureusement, on se rendit vite compte que la magie allait vite être rompue. Car, au lieu de renforcer Sami Trabelsi, on a cherché à l'affaiblir. En maintenant tout d'abord un adjoint dont il n'a jamais voulu, en nommant Naceur Chouchane sans vraiment prendre son avis, en tranchant trop rapidement et maladroitement sur le conflit médecin-kiné, puis en prenant d'autres initiatives qui sont du domaine de l'entraîneur. Déstabilisé, Sami Trabelsi a fini par commettre des erreurs qu'on ne lui connaissait pas. Mais dont il assume l'entière responsabilité. Et pour lesquelles il a été contraint de quitter son poste à l'équipe nationale. Responsabilités : toujours rien ! Naturel et normal jusque-là, sauf que, plus de 10 jours après la fin de la CAN pour notre onze national, c'est la seule chose que nous savons de notre participation. Un sélectionneur qui part, la nomination d'un autre qui se fait attendre sans que l'on sache véritablement ce qui s'est passé entre les deux. L'habituelle loi du silence, l'omerta, la lâcheté... Et quand on parle de lâcheté, on pèse très bien nos mots. C'est qu'on a jeté un homme, Sami Trabelsi, en pâture pour mieux cacher ses propres erreurs, ses manquements et ses responsabilités non assumées. On le jette en pâture et on donne en pâture (encore une!) aux médias l'éternel feuilleton du nom du nouvel entraîneur. Comme si de rien n'était, comme si un seul homme doit payer pour tous : fédération, joueurs et autres intervenants de tous genres. On efface tout et on recommence. Vieille rengaine, vieilles pratiques. Qui ne passeront pas cette fois-ci «Le peuple a besoin de savoir !». Et la fédération ne s'en sortira pas comme ça cette fois-ci. A la limite, la nomination d'un nouveau sélectionneur en devient une affaire secondaire, un détail. Nous avons vécu trop de situations pareilles par le passé, trop fermé les yeux sur les dépassements et la mauvaise gestion des hommes et de l'équipe nationale pour nous taire. Et quand nous avons de surcroît affaire à d'anciens responsables, de bureaux fédéraux passés, on se dit que notre football et notre équipe nationale ne sont pas sortis de l'auberge. Surtout que ce bureau fédéral en a encore pour trois bonnes années. Poudre aux yeux Bureau élu ? La belle affaire ! Etre élu ne veut aucunement dire qu'on bénéficie de l'immunité. Puis, on ne va tout de même pas attendre la démission des 2/3 du bureau ou encore du retrait de la confiance des clubs... Utopique quand on connaît l'amour de la chaise et la complicité des présidents des clubs qui ne regardent que leurs petits intérêts et jamais celui de notre football. A qui la FTF et son président doivent rendre compte? On attend toujours la réponse et une enquête sur ce qui s'est passé avant et lors de la CAN. Pour ce qui concerne la nomination d'un nouveau sélectionneur, elle n'obéit plus à un calendrier sportif mais à un calendrier... politique. Monsieur le président de la fédération investit visiblement beaucoup d'espoirs en un remaniement ministériel qui lui permettrait d'avoir les coudées franches et d'imposer son candidat dont personne n'ignore le nom. Entre-temps, il fait son cinéma en faisant semblant de faire le tour des spécialistes et d'être à leur écoute. Pitoyable mise en scène d'un homme plus habitué aux manœuvres politiques qu'aux actes sportifs. Nous y reviendrons!