LONDRES (Reuters) — Le secteur manufacturier de la zone euro a connu en janvier son rythme de croissance le plus soutenu depuis janvier 2008, mais l'écart entre l'Espagne et les trois autres grandes économies de la zone s'est creusé, montrent les résultats de l'enquête Markit publiés hier. L'activité manufacturière a progressé en Allemagne, en France et en Italie alors qu'elle s'est contractée pour le 26e mois consécutif en Espagne et qu'elle a accentué son recul en Irlande et en Grèce. «La reprise suit deux axes. L'un est celui de l'Espagne et la Grèce qui s'enfoncent dans la récession alors que la croissance s'accélère dans la plupart des autres pays, menés par la France et l'Allemagne», commente Rob Dobson, de Markit. L'indice Markit est ressorti à 52,4 en janvier contre 51,6 en décembre et 52,0 lors de l'estimation flash publiée fin janvier. C'est le quatrième mois consécutif au-dessus de la barre des 50 qui sépare croissance et contraction d'activité. La composante de la production manufacturière a également progressé, à 56,0 - un pic de 29 mois - contre 55,1 en décembre et 55,8 en estimation flash. En janvier 2009, l'indice de la zone euro ressortait à 34,4, légèrement plus que le plus bas absolu atteint en décembre 2008. Le mois dernier, la composante des commandes à l'exportation a également grimpé à un sommet de 29 mois, à 53,8 contre 53,2 en décembre et en estimation flash. Les exportations bénéficient actuellement du retrait amorcé par l'euro face au dollar en raison des craintes qui pèsent sur la dette du Portugal et de la Grèce. «Le retrait marqué de l'euro, qui avait touché un plus haut de 15 mois, vient aider les industries européennes», souligne Howard Archer d'IHS Global Insight. Les destructions de postes ont en revanche continué d'augmenter en janvier, avec une composante du chômage sous les 50 pour le 20e mois d'affilée, les compressions de personnel restant l'un des instruments privilégiés par les entreprises pour accroître leur rentabilité. «Les groupes continuent de vouloir conserver des effectifs aussi peu étoffés que possible, ce qui accrédite l'idée selon laquelle le chômage dans la zone euro devrait continuer de progresser en dépit du retour à la croissance», poursuit Howard Archer. La composante des prix s'est quant à elle inscrite en baisse pour le 15e mois consécutif, en raison notamment des nombreuses remises consenties par les entrerpsies. Les économistes s'attendent à ce que les chiffres des enquêtes PMI dans les services, qui seront publiés demain, montrent que l'activité a progressé dans le secteur privé en janvier quoiqu'à un rythme moins élevé qu'en décembre.