• Les banques de la zone euro face à de nouveaux risques •Les banques n'en ont pas fini avec les dépréciations, dit la BCE Selon la Banque centrale européenne (BCE), les banques de la zone euro ont amélioré leur capacité de résistance depuis la crise financière mais elles sont confrontées aujourd'hui à de nouveaux risques susceptibles de remettre en cause leur rentabilité. L'amélioration de la rentabilité a permis à certains grands groupes bancaires de la région de porter leur ratio de solvabilité au-dessus de leur niveau d'avant la crise, précise-t-elle dans son rapport sur la stabilité financière. Le ratio "Tier 1" médian du secteur a atteint 10,6% fin mars contre 10,1% fin décembre 2009, précise la BCE dans ce rapport. Parallèlement, le rendement des fonds propres des grandes banques a dépassé 11% au premier trimestre contre 2,4% en 2008 et 4,5% en 2009. Cependant, avertit la BCE, la perspective de pertes de crédit liées à l'évolution de l'économie réelle et la dégradation des conditions d'émission sur les marchés obligataires sont sources de tension. La BCE note que les grandes banques de la zone euro auront environ 800 milliards d'euros de dettes à long terme à refinancer entre mai 2010 et la fin 2012. Elle ajoute que l'augmentation sensible des besoins de financement de plusieurs Etats de la région pourrait compliquer ces refinancements et se traduire par une hausse des coûts de financement pour les banques. Les émissions d'obligations bancaires sur le marché primaire se sont pratiquement arrêtées en mai alors que s'intensifiaient les inquiétudes des marchés au sujet du risque souverain au sein de la zone euro, poursuit la BCE dans son rapport qui souligne que les banques de la zone euro risquent de devoir inscrire dans leurs comptes 195 milliards d'euros de dépréciations supplémentaires d'ici la fin 2011, ce qui constituerait la deuxième vague des pertes causées par la crise financière et ses répercussions, estime la Banque centrale européenne. Un risque pesant La Banque ajoute que les finances publiques représentent actuellement le risque le plus important pesant sur la stabilité de la région, les dettes et les déficits continuant de perturber les investisseurs, tandis que les émissions massives prévues par les Etats risquent de restreindre l'accès des entreprises et des banques au marché du crédit. Tout en constatant que des menaces d'interactions défavorables entre le système financier et les finances publiques sont déjà apparues, la BCE note que les nouvelles mesures adoptées pour combattre la crise ont considérablement réduit les risques de contagion. Evoquant une "deuxième vague" de dépréciations liées à la crise financière, il est précisé que la BCE estimait les besoins de provisions des banques pour couvrir les pertes potentielles à 90 milliards supplémentaires en 2010 et 105 milliards en 2011. Ces montants potentiels viennent s'ajouter aux quelque 238 milliards d'euros de dépréciations déjà passées dans les comptes à fin 2009. Mais l'augmentation des dépréciations pourrait être en partie compensée par le rebond de certains marchés et les banques pourraient enregistrer des reprises de provisions d'un montant susceptible d'atteindre 32 milliards. Au final, la BCE estime les dépréciations pour créances douteuses et moins-values potentielles sur la période allant de 2007 à fin 2010 à 515 milliards d'euros, un chiffre revu à la baisse par rapport à celui de 553 milliards évoqué en décembre. Les dépréciations pourraient, en outre, dépasser les estimations si l'augmentation du risque souverain et les effets de second tour des mesures d'austérité budgétaire pèsent sur la croissance économique.