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«Les Tunisiens en ont assez des déchirures politiques»
Entretien avec : Hamadi Jebali, secrétaire général du parti Ennahdha et ancien Premier ministre
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 05 - 2013

C'est à croire que Hamadi Jebali choisit ses sorties ou plutôt que l'histoire d'une Tunisie à la croisée des chemins dicte et choisit pour lui le moment de ses apparitions publiques. Alors qu'il est en tête des sondages d'opinion pour la prochaine présidentielle, l'ancien chef du gouvernement attise sa popularité et rend visite aux agents militaires et de la Garde nationale blessés suite à l'explosion d'une mine antipersonnel à Jebel Chaâmbi. Au-delà de l'émotion, c'est un appel à l'union contre la violence et au sursaut national face aux «réelles et sérieuses menaces» qui guettent le pays que lance Hamadi Jebali à l'ensemble de la classe politique, aux organisations nationales, à la société civile et à l'opinion publique. Entretien.
Depuis le 19 février dernier, date de votre départ du gouvernement, c'est le premier entretien que vous accordez à un journal tunisien. Ces trois mois ont-ils été pour vous ressentis comme une certaine traversée du désert ou le temps du «repos du guerrier» ?
Ni l'une ni l'autre, même s'il est tout à fait naturel que cette période ait été un peu consacrée au repos et surtout au suivi de l'évolution de la situation du pays et à la recherche du meilleur rôle que je peux jouer au service de la Tunisie.
Et quel est alors ce rôle ?
Le meilleur des rôles dans la conjoncture actuelle consiste, à mon sens ,à soutenir les efforts du pays, de l'Etat, du gouvernement et de la société tunisienne dans son ensemble à faire réussir cette période de transition, à réaliser au moins quelques objectifs de la révolution à rédiger la Constitution, à tenir des élections transparentes et démocratiques qui marqueront le début d'une nouvelle période d'édification de l'Etat et de la réalisation de l'ensemble des objectifs de la révolution. C'est ce qu'attend la société et ce qu'attendent en particulier les jeunes Tunisiens qui ont fait la révolution. Cependant, la réalisation de ces objectifs est tributaire de la réussite de l'actuelle période de transition et d'édification institutionnelle. Réussir cette période permettra au pays de sereinement se pencher sur les vrais problèmes pour les traiter qui sont d'ordre social et économique.
Début mars, vous avez réagi non sans virulence à un article paru sur les colonnes de notre journal et intitulé « De Tora Bora à Chaâmbi » et dans lequel il est écrit que des bastions de salafistes ont investi les hauteurs du pays. Avant-hier, vous avez rendu visite aux blessés des mines qui ont explosé dans la région de Chaâmbi...
Abstraction faite de la réaction à cet article, je considère cependant que le titre est non dépourvu de bon sens. Le danger terroriste nous guette de toutes parts, du Mali, d'Irak, d'Afghanistan, de Somalie... De fait, ils sont des Tora Bora. Peu importe du reste de connaître le pays d'origine de ce danger, le plus important est, aujourd'hui, de prendre conscience des sérieuses menaces qui passent désormais à un palier supérieur : le choix de Chaâmbi et de la région frontalière avec l'Algérie ne s'est pas fait par hasard. Notre pays est aujourd'hui confronté à un réel danger sans aucune commune mesure avec aucun autre quelle qu'en soit la nature. Quand on lève les armes, le langage du dialogue prend fin, car en levant ainsi les armes, c'est à la face de la société tunisienne dans ensemble qu'on le fait, quelle qu'elle soit et indépendamment des convictions et des couleurs politiques des gouvernants. Il ne s'agit pas là de différences d'appréciations d'ordre idéologique, ce dont il s'agit c'est de violence qui menace toute la société et c'est là une ligne rouge à ne pas franchir au-delà de tous les petits calculs politiques. Il faudrait que tout le monde prenne conscience de ce danger, il faut que nous fassions collectivement face et front contre ce danger. La réponse à la violence n'est pas seulement sécuritaire mais elle est aussi et particulièrement d'ordre politique. Aujourd'hui, la priorité des priorités est d'engager une campagne décisive et de grande envergure de récupération des armes qui circulent dans le pays et de stopper les fuites d'armes à travers nos frontières. C'est un devoir national qui transcende les divergences et les surenchères politiques et qui nécessite un large soutien politique, une assise réglementaire et législative ad hoc ainsi qu'un appui matériel. Il est pour le moins étrange et anormal que certains politiques et médias prennent la défense de ceux qui s'en prennent aux forces de sécurité alors même qu'elles sont en train de protéger le pays, l'Etat et les citoyens. De grâce, ne rajoutons pas des mines politiques et autres sociales aux mines de Jebel Chaâmbi.
Vous appelez à la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire et législatif qui donnerait une nouvelle latitude au gouvernement dans sa lutte contre la violence et la menace terroriste. Ne craignez-vous pas, à ce propos, les dérapages d'antan ?
Il ne s'agit pas de donner un chèque en blanc au gouvernement. Il s'agit de prendre conscience du danger et d'y faire face avec des moyens et des mesures qui seraient non point exceptionnels mais adéquats.
Vous dites que la lutte contre la violence et les menaces terroristes est surtout une question d'ordre politique. Ne pensez-vous pas qu'à l'origine du développement de cette violence, il y a une crise politique et une crise de leadership ?
Le leadership, ce sont les institutions, l'opinion publique et la conscience collective. Un leadership politique n'a pas de sens en l'absence d'une maturité et d'une conscience collective. A défaut de quoi, on retomberait dans les travers des hommes providences et des hommes sauveurs. Cela étant, il y a aujourd'hui un déficit de leadership. Il est à cet égard, du devoir du gouvernement, de la présidence de la République, de l'ANC et des partis politiques de faire front commun contre la violence et le réel danger qui menace le pays. Face à cette menace, il ne faudrait pas qu'on se perde et qu'on gaspille les énergies dans les méandres et les ramifications des conférences et des débats. Personne n'est dupe quant aux visées électorales et politiciennes de ce bouillonnement de dialogues, de débats et d'initiatives, faisons donc au moins front uni au sujet de la lutte contre la violence et face aux menaces qui guettent le pays.
Depuis l'échec de votre initiative et la démission de votre gouvernement, vous avez paradoxalement gagné en envergure de chef d'Etat. Un tout récent sondage d'opinion vous accrédite d'une forte cote de popularité. Dans quelle mesure cela pourrait corroborer la thèse selon laquelle vous projetez de quitter le parti Ennahdha et de créer votre propre parti ?
Les Tunisiens en ont en assez des déchirures politiques. Leur message est simple : «On n'a pas fait la révolution pour assister aux disputes partisanes et politiques ». La sagesse veut qu'on s'élève aujourd'hui au-dessus de ces petits calculs et des projections surfaites et prématurées. Les priorités sont aujourd'hui ailleurs : il s'agit de parer à toute menace qui guette le pays.
En attendant, quel rôle entendez-vous jouer pour l'instant ?
Je suis toujours au service de la Tunisie et mon rôle sera aussi de consolider le rayonnement de la Tunisie à l'échelle internationale. La question de l'investissement me tient tout particulièrement à cœur et je n'épargnerais aucune énergie pour polariser et attirer les investisseurs étrangers vers notre pays et susciter un plus grand intérêt de la part des regroupements économiques régionaux comme l'Union européenne, les pays du Golfe et l'Amérique, pour le site tunisien.
Que pensez-vous de la déclaration de candidature à la présidentielle de M. Beji Caïd Essebsi ?
Si Beji est tout à fait libre de présenter sa candidature. C'est une affaire interne qui concerne uniquement son parti. Je considère que le plus important est qu'on organise des élections transparentes et démocratiques et pour cela il faudrait un large consensus. La révolution permet à chaque Tunisien cette liberté de présenter sa candidature pour les échéances politiques, mais elle le permet dans le respect de la Constitution et de la loi.


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