«Nous avons le devoir de nous dresser comme un seul homme contre les terroristes» A quatre jours de la tenue du 2e round du congrès de dialogue national prévu le 16 mai, on met les bouchées doubles à l'Ugtt afin que ce nouveau rendez-vous de concertation soit couronné de succès. Hassine Abbassi, S.G. de l'Ugtt, évoque dans ses réponses à La Presse le document de travail envoyé aux participants aux assises du Palais du congrès de Tunis, le sort qui sera réservé aux conclusions qui en découleront et la volonté de la centrale syndicale ouvrière de voir les Tunisiens se dresser comme un seul homme contre l'hydre terroriste. Quant à la prochaine loi sur l'immunisation de la révolution, Abbassi estime que c'est aux urnes de trancher et que ce sont les électeurs qui seront responsables de leurs choix. Entretien. On a appris que l'Ugtt a déjà préparé un document de travail qui a été envoyé aux participants parmi les partis politiques et les organisations et associations de la société civile. Peut-on avoir une idée sur son contenu et sur ses grandes lignes ? Nous avons fait parvenir, effectivement, un document de travail aux parties invitées au 2ème round du congrès de dialogue national. Ennahdha et le CPR, qui ont décidé de se joindre à nos assises du jeudi 16 mai, ont reçu ce document. Nous avons demandé aux participants d'examiner le document en question, de formuler leurs remarques et leurs propositions et de les envoyer au comité d'organisation afin qu'elles soient prises en considération dans le document qui sera soumis aux participants à l'ouverture du dialogue. Le document de travail en question n'a pas l'intention d'orienter les participants ou d'interférer dans leurs positions mais bien de les aider à saisir la genèse qui a présidé à l'initiative de l'Ugtt ainsi que les conclusions qui ont couronné sa première étape tenue le 16 octobre 2012. Quel sera le sort réservé aux conclusions auxquelles sont parvenus les partis politiques ayant participé au dialogue national tenu à Dar Dhiafa, à l'initiative du Dr Moncef Marzouki, président de la République provisoire ? Je tiens à souligner clairement que l'Ugtt soutient tous les dialogues et les concertations entre les partis politiques, associations et organisations, y compris les négociations qui se poursuivent encore à Dar Dhiafa. Nous sommes convaincus que le consensus qui en sera dégagé ne peut qu'être profitable au dialogue que l'Ugtt supervise. D'après mes informations, le dialogue se déroulant à Carthage a réussi à dégager plusieurs consensus sur les pommes de discorde. Nous considérons que ces consensus faciliteront notre travail. Et dans tous les cas, les résultats issus de la 2e phase du congrès de dialogue national de l'Ugtt seront soumis à l'Assemblée nationale constituante, sous la forme d'une feuille de route claire et précise. Les constituants auront, en définitive, toute la latitude de prendre la décision qu'ils estiment la plus appropriée. Personnellement, j'ai le sentiment qu'on parviendra à un consensus sur l'ensemble des questions en suspens. Comment l'Ugtt réagit-elle aux évènements dramatiques sévissant à Jebel Chaâmbi et quelle solution préconise-t-elle pour mettre un terme définitif à la menace terroriste ? Dès les premières semaines de la révolution, l'Ugtt a tiré la sonnette d'alarme sur les agressions verbales, les intimidations et les attaques montées par les extrémistes contre ceux qui ne partagaient pas leur opinion. Malheureusement, nos appels n'ont pas été écoutés par les pouvoirs en place, et les agressions se sont poursuivies au point qu'aujourd'hui, nous sommes confrontés à la violence systématique qui s'est transformée en acte de terrorisme pur et simple. L'Ugtt dénonce vigoureusement ces actes ignobles menaçant la sécurité et la stabilité de notre pays et estime qu'il est impératif pour tous les Tunisiens de se dresser comme un seul homme pour sauver le pays. Il faut également laisser de côté les tiraillements politiques et les querelles ou conflits à caractère électoraliste. Aujourd'hui (samedi 11 mai), j'ai eu le sentiment en participant à la conférence de la relance de l'économie tenue par l'Utica que les trois présidents partagent le même discours et évoluent dans la même direction concernant la politique à mettre en œuvre en vue d'éradiquer le spectre extrémiste. Quelle appréciation portez-vous sur le projet de loi sur l'immunisation de la révolution qui sera soumis prochainement à l'ANC ? Je suis convaincu que c'est aux urnes de déterminer qui doit dire le dernier mot sur ceux qui doivent disparaître de la vie politique nationale. Je ne pense pas que les Tunisiens qui ont réalisé l'une des plus admirables révolutions dans le monde feront l'erreur de choisir ceux qui les ont persécutés des décennies durant. Ils sauront faire le tri eux-mêmes et ils n'ont pas besoin de quiconque pour les orienter ou infléchir leurs choix. A l'Ugtt, nous sommes fermement opposés à l'exclusion. Seulement, ceux qui sont compromis dans la malversation et la corruption du temps de Ben Ali ne doivent pas échapper à la justice. Nous ne voulons pas que l'expérience qui s'est produite en Irak se reproduise chez nous. Reste que le dernier mot revient à l'Assemblée nationale constituante dont les membres ont été élus par le peuple qui leur a accordé sa confiance un certain 23 octobre 2011. Nous les appelons à faire prévaloir la voix de la raison et à ne pas suivre la voie de la discorde.