A sa création, il y a près de vingt-trois ans, le club des journalistes avait pour vocation essentielle la culture. Puis, très vite, tout était tombé à l'eau. Depuis quelque temps, il affiche sérieusement sa volonté de revenir à son objectif initial. Personne ne semble avoir compris ce qui s'est passé exactement. A ses débuts, le club était un espace culturel par excellence. Un salon luxueux où le journaliste pouvait recevoir et interviewer ses invités ; une salle d'exposition et (ou) de conférences ; une bibliothèque ; une salle médias (télévision, journaux, revues, ordinateurs ...), etc. On allait au club des journalistes exactement comme on se rendait à une maison de culture où pouvaient se croiser hommes de théâtre, cinéastes, écrivains... Soudain, en moins d'une année, plus rien, le club était réduit à un simple bistrot. Ce revirement fâcheux lui a valu une étiquette des plus humiliantes, alors que ses habitués, journalistes compris, étaient taxés de vulgaires individus. Mais il faut dire aussi que l'espace a lourdement péché en permettant l'accès à des gens n'ayant rien à voir avec la profession et encore moins avec la culture. Et les choses, plus de vingt ans durant, sont allées de mal en pis. L'éveil Il y a bientôt deux années, les choses ont petit à petit été reprises en mains par le Fonds de solidarité entre journalistes. Des cartes d'accès ont été exigées et un coup de toilette général a été opéré (embellissement des lieux, en premier lieu). Dans sa volonté de renouer avec son esprit culturel, le club a invité au débat un nouvelliste autour de son recueil, puis un romancier, à l'occasion de la parution récente de son dernier ouvrage. Les derniers en date étaient le philosophe Slim Doula ainsi que le jeune poète Walid Ferchichi qui a lu des extraits de son recueil Je monte seul aux cieux. Le plus important à signaler est la qualité des participants aux débats, ainsi que les débats en eux-mêmes qui ont dénoté la soif des présents à se concerter sur des thèmes touchant à la littérature, à l'esthétique poétique, mais aussi à des questions d'ordre intellectuel et philosophique. Le retour des arts plastiques Coup de théâtre — ou presque—, les arts plastiques ont fait également leur retour au club avec l'exposition de Inès Hammami intitulée L'air du vieux temps. L'artiste-peintre a déjà par le passé exposé à la galerie Sophonisbe de Carthage, à El Abdellya, à ... Bruxelles et à Paris en 2007. Ses aquarelles-acryliques se sont intéressées cette fois-ci aux femmes des années 1940, allant des patriciennes et des aristocrates jusqu'aux artistes de cabarets, l'idée ayant germé autour de ces femmes libres, sans interdit ni tabou, qui avaient, en ces temps où le conservatisme était pourtant de rigueur, cru en la nécessité absolue de prédisposer la femme tunisienne à son épanouissement total et inconditionnel, à son statut de citoyenne à part entière, surtout à disposer de sa personne et de son corps, la femme n'étant ni esclave ni corps-souillure à occulter au regard de l'autre. Cette exposition est en soi un discours sur la liberté de la femme. Ne pas s'arrêter à mi-chemin Aujourd'hui, le club des journalistes est vivement appelé à continuer sur sa lancée, à ne pas donner l'impression que ces activités récentes n'auront été que velléitaires et sans lendemain. On réclame le retour de la bibliothèque (quitte à être fournie en ouvrages par les journalistes eux-mêmes) ; on exige la séparation entre les salles d'exposition ou de réflexion et de travail de la grande salle-bistrot; on exige la fermeté face aux intrus et simples consommateurs qui, par le passé, ont largement sali la renommée d'une profession noble à plus d'un titre. Bref, on exige un club des journalistes digne de ce nom.