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Inciter les producteurs à s'orienter vers le marché organisé Entretien avec Mohamed Zaïdi, D.G. de l'Unité de mise à niveau des circuits de distribution des produits agricoles et de la pêche
Plusieurs projets sont prévus dans le cadre du programme de mise à niveau des produits agricoles et de la pêche pour inciter les producteurs à transiter par les marchés de gros en vue de commercialiser leurs produits dans des conditions parfaites. L'objectif consiste, en définitive, à préserver les intérêts de toutes les parties prenantes, à savoir les producteurs, les commerçants et, bien sûr, les consommateurs qui ont droit à des produits de qualité à des prix abordables durant toute l'année. M. Mohamed Zaïdi, directeur général de l'Unité de mise à niveau des circuits de distribution des produits agricoles et de la pêche, nous parle davantage de ces projets visant la consolidation de l'infrastructure de ces circuits. Quelle est la nature du programme de mise à niveau des circuits de distribution ? La mise à niveau des circuits de distribution consiste essentiellement à améliorer l'infrastructure et à effectuer des extensions afin d'assurer une meilleure transition des produits agricoles et de la pêche vers les marchés de gros, les marchés de détail, les abattoirs et les marchés aux bestiaux. C'est les collectivités locales qui sont responsables de ces marchés dont elles sont propriétaires. C'est avec leur coordination que se fait le programme de mise à niveau. Une assistance technique est ainsi apportée aux municipalités. Le programme comporte 770 points de vente relevant des marchés précités mais sans prendre en compte les marchés hebdomadaires qui sont considérés comme des journées commerciales. Ces points de vente sont répartis sur tout le périmètre communal et hors de ce périmètre. En quoi consiste la première tranche de ce programme? La première tranche du programme concerne 144 équipements communs dans les chefs-lieux des gouvernorats et devrait prendre fin en 2014. Chaque municipalité dispose bien entendu de son programme d'investissement pour la réalisation de ses projets qui se terminent à des dates différentes. Au cours de la période 2011/2012, une instabilité a été constatée dans les municipalités, d'autant plus que les délégations spéciales ont été changées plus d'une fois dans certaines communes et d'autres sont restées pendant une période sans cette délégation spéciale, ce qui a eu pour impact un retard de l'exécution des projets. Mais la reprise a été amorcée au cours de cette année après une mise en veilleuse. Ainsi, sur 144 projets programmés pour la première tranche, 111 sont réalisés ou en cours de travaux ou d'études, ce qui correspond à un volume d'investissement de l'ordre de 37,5 MD sur 53,1 MD. En détail, 37 projets sont déjà réalisés, 18 en phase de travaux, 30 en appel d'offres pour travaux et 26 au stade de l'étude. Qu'en est-il du financement et de la deuxième phase du programme ? La première phase est financée par l'Agence française de développement à la faveur d'un prêt contracté par l'Etat tunisien en avril 2008 rétrocédé à la Caisse des prêts et de soutien aux collectivités locales sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, et ce, depuis 2009. La deuxième phase du programme est en cours de préparation. Elle va permettre de réaliser des projets structurants dans certaines régions comme, à titre d'exemple, à Béja où le marché de gros sera transféré pour le rendre plus pratique et accessible. Ainsi, 21 projets structurants relevant de 19 communes seront réalisés pour huit gouvernorats (Béja, Jendouba, Siliana, Sidi Bouzid, Kasserine, Tozeur, Kébili et Tataouine). On a déjà défini les besoins de ces régions pour cette deuxième tranche dont le coût est de 40,3 MD. Les projets consistent notamment en la construction ou le transfert des marchés de gros, en plus de la réalisation de marchés centraux et d'abattoirs régionaux. Les travaux devraient prendre fin en 2015 après le lancement d'ici peu, soit avant la fin de cette année, des études de faisabilité. Quant à la deuxième tranche du programme, et après l'approbation du gouvernement, on passera à la phase des études de faisabilité puis au lancement des appels d'offres qui seront suivis des travaux sur le terrain. Les nouveaux marchés de gros vont offrir des espaces adéquats aux producteurs pour commercialiser leurs produits et éviter d'opter pour les circuits anarchiques compte tenu des avantages dont ils vont bénéficier. A part les marchés de gros, existe-t-il d'autres projets d'envergure pour accueillir la production abondante des producteurs ? Deux grands projets sont programmés, dont le premier concerne la réalisation d'une plate-forme agroalimentaire à Jebel Oust pour un coût de 44 MD. Elle sera complémentaire avec le marché de gros de Bir El Kassaâ où transite seulement 12 à 15% de la production alors que le taux de consommation dans le Grand-Tunis est de 22% environ. Ce marché a déjà commencé sa mise à niveau pour un coût de 13 MD. Les travaux ont concerné le pavillons des poissons, la voirie et les réseaux divers (VRD), le pavillon des fruits et légumes, l'informatisation... Les travaux devraient se poursuivre jusqu'en 2015. Or, le marché de gros a ses limites, dans la mesure où il n'accueille que les produits traditionnels (fruits, légumes et poissons). Une autre limite de ce marché consiste en le manque d'attraction des producteurs puisqu'ils sont soumis à un prélèvement de 11% alors que ce taux est de 5% pour les détaillants, en plus d'autres impôts. Dans des pays européens, le producteur ne paie que la TVA qui est de 5,5% alors que les détaillants n'ont rien à régler sauf les impôts auxquels ils sont assujettis. De plus, les consommateurs exigent la qualité, le traitement des produits, y compris les viandes rouges. D'où l'importance de cette plate-forme dont les études ont été élaborées et le site choisi. La deuxième phase consiste à créer une société d'études et de réalisation entièrement publique. Cette plate-forme va permettre la traçabilité des produits, la catégorisation, le traitement des produits semi-transformés et gelés, les viandes rouges et les volailles en plus de l'étiquetage et du conditionnement. Ce sera une plate-forme d'envergure répondant aux normes internationales qui côtoiera la plate-forme multimodale prévue dans la même zone qui va améliorer l'approvisionnement dans le Grand-Tunis. L'autre projet d'envergure consiste en une autre plate-forme prévue à Sidi Bouzid qui représente 12 à 13% de la production nationale avec une consommation locale de 3,5% environ. L'excédent de la production est vendu dans les circuits anarchiques et utilisé par la contrebande. D'où la décision de créer cette plate-forme à Oum Laadham. On vient d'engager les études de faisabilité le 9 mai 2013 après l'approbation du gouvernement en date du 23 septembre 2012. Les travaux devraient démarrer le deuxième semestre de 2014 pour que le projet soit opérationnel en 2015. Il s'agit en somme de tirer la chaîne de distribution par le haut.